Webtoons

Japan Expo 2023 [Conférence] Le webtoon made in France

Par Guillaume Boutet le 17 juillet 2023                      Lien  
Les éditions Vega-Dupuis ont proposé une présentation du phénomène Webtoon en présence de quatre auteurs français. Ceux-ci ont partagé leurs expériences et leurs méthodes de travail avec un public avide d'en savoir plus sur ce media émergent en France.

La conférence a débuté par une présentation générale du webtoon en France, avec la liste des plateformes existantes ainsi que des éditeurs qui s’y sont lancés. Et en dépit de la guerre qui fait rage entre ces plateformes, elles restent aujourd’hui encore assez nombreuses et parfois avec des noms peut-être un peu trop proches, jetant la confusion chez les néophytes.

Mais Vega-Dupuis était là pour parler de ses webtoons, et donc après ce préambule, le public a pu découvrir les auteurs présents. Il y avait Le Chef Otaku, célèbre Youtuber et scénariste d’Arena, Le Prince Rours pour Orage, Toth-M pour Distress, tous trois publiés sur l’application Ono, et issus du label Webtoon Factory de Vega-Dupuis, plus Lief pour Because I can’t love you, publiée chez Webtoon (la filiale de Naver), mais dont la version reliée est éditée par Vega-Dupuis.

Japan Expo 2023 [Conférence] Le webtoon made in France
De gauche à droite : Le Chef Otaku, Le Prince Rours, Lief et Toth-M
Photo : Guillaume Boutet

La première question fut celle par laquelle tout commence : « Comment devenir auteur de webtoon ? ». Les réponses furent très variées. Pour Le Chef Otaku, c’est sa notoriété qui incita Dupuis a le contacter lorsque l’éditeur vit qu’il était sur ce type de projet. Lief avait commencé sa série sur Webtoon Cavans, la partie "amateur" de la plateforme, et c’est lors d’une conférence organisée par Webtoon (Naver) qu’elle la leur présenta directement sur son téléphone. Toth-M, à la recherche d’un éditeur, présenta son book à Dupuis lors d’Angoulême 2020 et les discussions amenèrent à un projet webtoon. Enfin Le Prince Rours publiait des créations graphiques sur Instagram et fut repéré ainsi par Dupuis.

Arena par Le Chef Otaku et Clarity

Ensuite fut rapidement évoqué le sujet des dossiers à présenter aux éditeurs, avec quelques conseils formels : outre « bien pitcher son histoire », fournir des designs des personnages et des extraits de storyboard, voire de page, pour permettre de se faire une idée, est essentiel. On passa après à la fabrication du webtoon, avec une présentation des conditions de travail de chacun, très différentes là aussi.

Lief est celle qui travaille de façon la plus intense, proche du modèle coréen et japonais. En effet Webtoon (Naver) impose la publication d’un épisode par semaine. Elle met sept jours pour réaliser son épisode, et même si certains auteurs arrivent à descendre à six ou cinq, dans son cas elle n’y arrive pas. Elle transmet son épisode à son éditeur à peine un jour avant la publication officielle, rendant les corrections difficiles. Et évidemment elle n’a pas d’épisode en avance.

Because I can’t love you par Lief

De son côté Toth-M est sur un rythme moins soutenu, avec un objectif d’un épisode toutes les deux semaines. Le Prince Rours travaille quant à lui à un rythme proche de la BD franco-belge, par lot d’une douzaine épisodes : il fait tous les storyboard en une seule fois, puis tous les dessins également en une seule, etc. Bref il travaille comme s’il devait réaliser un très grand album. Chez Webtoon Factory, l’éditeur attend ainsi parfois d’avoir un lot d’épisodes (une saison ou une demi-saison) pour débuter la publication hebdomadaire. Quant au Chef Otaku, il travaille sur ses scénarios un ou deux jours par semaine.

Enfin, vinrent les questions du public. D’abord une sur les dossiers d’auteur : que faire lorsqu’on est seulement scénariste ? C’est effectivement plus compliqué mais l’éditeur présent a déconseillé de faire appel à un dessinateur-prestataire pour illustrer le dossier : cela pourrait jouer contre le projet de faire miroiter un graphisme qui ne sera pas celui de l’œuvre. Il vaut mieux travailler son pitch.

Orage par Le Prince Rours

Il fut rappelé que les Coréens travaillent surtout à travers des studios (le webtoon étant alors la propriété du studio) On peut écouter avec profit le podcast d’ActuaBD avec Ainara Ipas, directrice générale de Ono à ce sujet. plutôt qu’à travers un système d’auteurs comme en France. Vega-Dupuis pense que c’est une piste pour l’avenir et réfléchit sur la mise en place d’un tel système tout en respectant la législation française.

Enfin sur le format papier, ce n’est pas l’auteur lui-même qui transforme le webtoon en BD, mais il valide bien le résultat. Et cette opération nécessite parfois d’ajouter des éléments ou des effets pour remplir les blancs ou créer des double-pages.

C’est ainsi que s’acheva cette conférence fort intéressante mais sans doute trop courte.

Distress par Toth-M

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Ono Vega-Dupuis Japan Expo 2023
 
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4 Messages :
  • "Vega-Dupuis pense que c’est une piste pour l’avenir et réfléchit sur la mise en place d’un tel système tout en respectant la législation française."

    La quadrature du cercle.

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  • Japan Expo 2023 [Conférence] Le webtoon made in France
    17 juillet 2023 17:47, par Eloi.M

    « Et évidemment elle n’a pas d’avance sur droit, la publication sur Webtoon (Naver) n’étant pas rémunérée. »

    Attention Naver rémunère ses auteurs et autrices en avance de droit par épisode lorsqu’ils sont publiés en originaux. Soit à la publication soit à la remise en fonction de chaque contrat. C’est dans la partie canvas que les épisodes ne sont pas rémunérés car postés directement par des amateurs sans contrats.

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  • Japan Expo 2023 [Conférence] Le webtoon made in France
    20 juillet 2023 11:08, par Toth-M

    Hello ! J’ai lu attentivement l’article, super intéressant et ne peut cependant pas m’empêcher de remarquer des erreurs - soit d’inattention - soit due à une méconnaissance du secteur :
    - Les auteurs Naver sont payés, lorsqu’ils signent un contrat avec la plateforme et que leur série passe dans la catégorie ’originals’, ce qui est le cas de Lief.

    - Je (Toth-M) ne produit pas deux épisodes par semaine, mais aspire à, dans le meilleur des cas produire 1 épisode toutes les deux semaines.

    - Concernant la publi chez Webtoon Factory, elle ne se fait absolument pas par lots, mais épisode par épisode. Cette info est fausse.

    Voilà les plus grosses erreurs que j’ai remarquées. Faites attention, de telles imprécisions peuvent donner une fausse image à de jeunes auteurs voulant se mettre à bosser dans le secteur et risque de leur faire accepter des conditions qu’ils ne devraient en aucun cas considérer comme étant normales.
    Bonne lecture à vous, et bonne journée.

    Tothy

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    • Répondu par Guillaume Boutet le 20 juillet 2023 à  20:03 :

      Bonjour,
      Concernant vos remarques :
      - il n’a jamais été question du sujet de la rémunération lors de cette conférence, c’est une erreur qui s’est glissée lors de la relecture et qui a été corrigée dès que nous nous en sommes aperçus. Désolé pour la confusion qui eu lieu lors de la publication de ce compte rendu.
      - pour la publicaton par lot sur Webtoon Factory : il a bien été dit par l’éditeur qu’il avait pour habitude d’attendre d’avoir un lot d’épisodes pour publier. L’information vient de là. Par contre je pense qu’il y a eu un manque de précision, soit dans son discours, soit dans ma réception de ces propos. Au Japon, pour certains auteurs à la production ponctuelle (comme avec Hunter X Hunter ou Berserk), l’éditeur attend d’avoir un lot de chapitres pour lancer une séquence de publication qui sera hebdomadaire ou mensuelle. Je pense que c’était ce que voulait dire l’éditeur qui animait la conférence pour certains titres.
      - Pour les deux épisodes par semaine, c’est une coquille de ma part ! Evidemment ce n’est pas ce que vous avez dit lors de la conférence (d’où le début de la phrase "rythme moins soutenu"). Merci de votre vigilance.

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