La conférence a débuté par une présentation générale du webtoon en France, avec la liste des plateformes existantes ainsi que des éditeurs qui s’y sont lancés. Et en dépit de la guerre qui fait rage entre ces plateformes, elles restent aujourd’hui encore assez nombreuses et parfois avec des noms peut-être un peu trop proches, jetant la confusion chez les néophytes.
Mais Vega-Dupuis était là pour parler de ses webtoons, et donc après ce préambule, le public a pu découvrir les auteurs présents. Il y avait Le Chef Otaku, célèbre Youtuber et scénariste d’Arena, Le Prince Rours pour Orage, Toth-M pour Distress, tous trois publiés sur l’application Ono, et issus du label Webtoon Factory de Vega-Dupuis, plus Lief pour Because I can’t love you, publiée chez Webtoon (la filiale de Naver), mais dont la version reliée est éditée par Vega-Dupuis.
La première question fut celle par laquelle tout commence : « Comment devenir auteur de webtoon ? ». Les réponses furent très variées. Pour Le Chef Otaku, c’est sa notoriété qui incita Dupuis a le contacter lorsque l’éditeur vit qu’il était sur ce type de projet. Lief avait commencé sa série sur Webtoon Cavans, la partie "amateur" de la plateforme, et c’est lors d’une conférence organisée par Webtoon (Naver) qu’elle la leur présenta directement sur son téléphone. Toth-M, à la recherche d’un éditeur, présenta son book à Dupuis lors d’Angoulême 2020 et les discussions amenèrent à un projet webtoon. Enfin Le Prince Rours publiait des créations graphiques sur Instagram et fut repéré ainsi par Dupuis.
Ensuite fut rapidement évoqué le sujet des dossiers à présenter aux éditeurs, avec quelques conseils formels : outre « bien pitcher son histoire », fournir des designs des personnages et des extraits de storyboard, voire de page, pour permettre de se faire une idée, est essentiel. On passa après à la fabrication du webtoon, avec une présentation des conditions de travail de chacun, très différentes là aussi.
Lief est celle qui travaille de façon la plus intense, proche du modèle coréen et japonais. En effet Webtoon (Naver) impose la publication d’un épisode par semaine. Elle met sept jours pour réaliser son épisode, et même si certains auteurs arrivent à descendre à six ou cinq, dans son cas elle n’y arrive pas. Elle transmet son épisode à son éditeur à peine un jour avant la publication officielle, rendant les corrections difficiles. Et évidemment elle n’a pas d’épisode en avance.
De son côté Toth-M est sur un rythme moins soutenu, avec un objectif d’un épisode toutes les deux semaines. Le Prince Rours travaille quant à lui à un rythme proche de la BD franco-belge, par lot d’une douzaine épisodes : il fait tous les storyboard en une seule fois, puis tous les dessins également en une seule, etc. Bref il travaille comme s’il devait réaliser un très grand album. Chez Webtoon Factory, l’éditeur attend ainsi parfois d’avoir un lot d’épisodes (une saison ou une demi-saison) pour débuter la publication hebdomadaire. Quant au Chef Otaku, il travaille sur ses scénarios un ou deux jours par semaine.
Enfin, vinrent les questions du public. D’abord une sur les dossiers d’auteur : que faire lorsqu’on est seulement scénariste ? C’est effectivement plus compliqué mais l’éditeur présent a déconseillé de faire appel à un dessinateur-prestataire pour illustrer le dossier : cela pourrait jouer contre le projet de faire miroiter un graphisme qui ne sera pas celui de l’œuvre. Il vaut mieux travailler son pitch.
Il fut rappelé que les Coréens travaillent surtout à travers des studios (le webtoon étant alors la propriété du studio) On peut écouter avec profit le podcast d’ActuaBD avec Ainara Ipas, directrice générale de Ono à ce sujet. plutôt qu’à travers un système d’auteurs comme en France. Vega-Dupuis pense que c’est une piste pour l’avenir et réfléchit sur la mise en place d’un tel système tout en respectant la législation française.
Enfin sur le format papier, ce n’est pas l’auteur lui-même qui transforme le webtoon en BD, mais il valide bien le résultat. Et cette opération nécessite parfois d’ajouter des éléments ou des effets pour remplir les blancs ou créer des double-pages.
C’est ainsi que s’acheva cette conférence fort intéressante mais sans doute trop courte.
(par Guillaume Boutet)
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