La Revue Dessinée est, selon Baptiste Bouthier, « une revue périodique qui fait de l’information, de l’enquête, du reportage, du documentaire, de l’actualité, mais avec de la bande dessinée, 100 % de la bande dessinée, afin de proposer aux lecteurs, aux gens qui ont envie de s ’informer, une autre façon de s ’informer, avec des sujets qui sont tout aussi sérieux, denses, importants que dans des revues, que dans des médias plus classiques, mais avec les ressources à la fois graphiques, narratives de la bande dessinée, parce qu’il y a une forme de plaisir à s’informer en bande dessinée. » Nous sommes donc face à un objet nouveau qui prend en compte une génération qui consomme de l’information de plus en plus sur les écrans, sous la forme d’images.
« La bande dessinée permet de rendre certains sujets plus accessibles, plus compréhensibles, développe Bouthier. On va pouvoir un peu casser des barrières parfois mentales que l’on peut avoir en abordant un sujet qui est complexe, une enquête où il y a plein de tiroirs et où on se perd un peu, etc. Les ressources graphiques et narratives de la bande dessinée, le langage de la bande dessinée peut peuvent apporter énormément de choses à l ’information. » Et cela marche !
Souvent dessinées par des auteurs encore peu connus, ces enquêtes sont à la fois un tremplin pour des nouveaux venus dans le monde de la BD mais aussi, grâce aux journalistes ultra-compétents de l’équipe, des enquêtes totalement inédites sur des sujets relégués dans des pages secondaires voire ignorés des « grands médias. »
Par exemple dans le numéro de septembre (en kiosque jusque fin novembre), on évoque le flicage des employés par leurs patrons au travail, de plus en plus prégnant depuis que s’est installé le télétravail (dessins : Alice Chemama), on enquête sur les violences en prison (dessins : Paul Rey), on investigue sur les « espèces envahissantes » d’animaux ou de plantes qui menacent la biodiversité dans nos contrées (dessins ; Jérémy Capanna), on parle des journalistes pris pour cibles du fait même de leurs enquêtes (dessins : Laëtitia Rouxel) ; enfin sur les enjeux actuels dans le secteur du bâtiment par rapport à la « sobriété énergétique » voulue par le gouvernement (dessins : Aude Massot). Comme on peut le voir, c’est diversifié et quelquefois pointu. Le propos va directement au fait, les dessins sont très lisibles et souvent agréables.
La revue Topo « pour les – 20 ans » est encore moins classique en terme de graphisme et s’intéresse notamment (jusque fin octobre) aux inégalités scolaires (dessins : Clara Lodewick), à l’écriture inclusive (dessins : Pochep), à la K-Pop (dessins : Joyce Colson), au basculement de l’Europe vers l’extrême-droite (dessins : Léopold Prudon), aux excès d’activité sportive (Dessins : Alex Puvilland) ou au métier de boulanger (textes et dessins : Cécile Guillard).
Enfin, en librairie ces jours-ci, La Revue Dessinée publie « Vertige – Dix ans d’enquêtes sur la crise écologique et climatique » qui compile dix ans de reportages sur ce réchauffement climatique « que l’on n’a pas vu venir ». « Depuis quelques années, le temps du déni a laissé place à celui de la prise de conscience, écrit La Revue Dessinée. Et celle-ci a de quoi donner le vertige… » D’où le titre de l’album.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Vertige : dix ans d’enquêtes sur la crise écologique et climatique- Par Collectif - Ed. La Revue Dessinée. 226 pages couleurs, 24,90€
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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)