Epuisé et accompagné de son cheval presque fourbu, Zachary avance péniblement dans la neige du Montana. Il se dirige vers un village-fantôme dont lui ont parlé deux trappeurs. Pendant qu’il avance, il espère que la tempête de neige efface ses traces, car Zachary fuit son passé et ses démons. Mais surtout, il fuit un marshall, bien décidé à faire respecter la loi. Enfin arrivé au village où trône encore fièrement une église, le cavalier se rend compte que le lieu n’est pas totalement abandonné : dans une vieille demeure, il y a du café encore chaud, et un cheval est attaché… Une femme, Perla, s’y est réfugiée. Elle aussi semble être traquée et, dans un premier temps, celle qui porte une étoile à la poitrine se montre très hostile à l’égard du nouveau venu. Mais peu à peu, la confiance et l’entraide s’imposent entre ces deux personnages au lourd passé. Une alliance qui ne sera nécessaire que pour résister à ceux qui ont juré leur perte, et qui approchent.
On a affaire ici à un western aux codes quelque peu revisités. Si on n’échappe pas à des combats âpres, sans pitié et sanglants à grands coups de fusils, on est également devant la naissance d’une belle histoire d’amour entre deux êtres cabossés. Elle, femme battue et violée par un mari ignoble ; lui, traînant le fantôme d’un père qu’il a assassiné, car trop violent envers sa mère. Il en dort peu et le plus sensible des deux est bien l’homme. Le récit oscille également entre la tension grandissante liée à l’approche des hommes de loi, et la construction de cette histoire d’amour dans un huis-clos rassurant, où les deux fugitifs organisent également leur résistance.
Anthony Pastor nous révèle les tourments psychologiques des deux personnages principaux au travers de souvenirs de cauchemars et d’encadrés narratifs qui accompagnent de superbes dessins, mettant en valeur des paysages hivernaux aux teintes bleutées, qui rappellent l’aquarelle et transmettent les conditions extrêmes du décor de cette histoire. Sur plus de 250 pages, on est happés par cette histoire à suspens.
(par Damien Boone)
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