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La rentrée Dupuis 2015 : un équilibre entre grands héros et grandes signatures

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 17 septembre 2015                      Lien  
Tous les éditeurs préparent fébrilement la rentrée, et pour cause : entre septembre et décembre résident 40% du son chiffre d'affaires de l'année, pour les éditeurs comme pour les libraires. Dupuis ne déroge pas à la règle : les quelques chevau-légers de septembre préparent la grosse cavalerie qui vise les fêtes de fin d'année.

La rentrée Dupuis 2015 : un équilibre entre grands héros et grandes signaturesDupuis avance en cette fin d’année avec un quadrige : des best-sellers grand public (Les Nombrils, Les Tuniques bleues, Michel Vaillant, Jeremiah, Seuls, Louca, Dad...) du roman graphique contemporain (Les Équinoxes de Pedrosa, Adieu Karkhov de Mylène Demongeot, Bouillac & Catel... ), de la bande dessinée de genre pour ados-jeunes adultes (Millenium, Les Campbell, Ralph Azham,...) et du patrimoine (intégrales Gaston, Spirou, Buck Danny...)

Les Nombrils des Canadiens Delaf & Dubuc, dont le T. 7 : Un Bonheur presque parfait reflète probablement le sentiment de l’éditeur en cette fin d’année, est incontestablement un produit-phare. Cette série est l’une des plus abouties de la production actuelle. Elle a le mérite de rester dans la lignée "grand public" du catalogue Dupuis et, en même temps, de s’adresser aux jeunes générations de lycéens d’aujourd’hui gavés de séries TV sur Netflix, le smartphone greffé à la main, en permanence sur les réseaux sociaux.

Rien qui ne révolutionne l’immense domaine de l’humour mais une série bien dessinée, fine et intelligente, du calibre d’un Titeuf par Zep, par exemple. On leur souhaite le même succès. Sur ce titre, comme sur tous les autres que nous mentionnons ci-dessous, nous reviendrons probablement dans nos chroniques ces prochains jours.

Dans la foulée de cette machine commerciale, on trouve le troisième volume des Campbell de Jose Luis Munuera, une histoire de pirates et de corsaires très dynamique, le très féministe tome 37 d’Aria : Faites taire l’accusée, déjà évoquée dans nos pages nous n’y reviendrons pas, et d’autres valeurs sûres de la rentrée : le tome 6 de Millenium de Runberg & Man, implacable et de qualité, le tome 4 de Louca de Dequier, excellente série humoritico-sportive, le T.8 de U47 de Jennison & Balsa, série d’aventure sous-marinière , Monika T.2 : Vanilla Dolls qui mélange aventure et érotisme (Jésus, Marie, Joseph Gillain !) et d’autres dont nous espérons vous reparler...

Grosse cavalerie

Ces chevau-légers annoncent la grosse cavalerie d’octobre chez Dupuis composée, c’est le cas de le dire, des Tuniques bleues T. 59 : Les Quatre Évangélistes de Cauvin & Lambil où nos soldats nordistes sont aux prises avec un fou de dieu armé de canons... ; autre thème contemporain avec Jeremiah T. 34 : Jungle City et sa parabole transparente contre une certaine multinationale suisse agro-alimentaire ; une forme de capitalisme à la Largo Winch mise en œuvre par Michel Vaillant de Graton & Lapière et Bourgne & Bénéteau, un héros d’école de commerce qui rachète la société de course de son concurrent Le Leader, et les emmerdes qui vont avec...

Les héros de Seuls T. 9 : Avant-L’Enfant-Minuit de Gazotti & Vehlmann qui vont se retrouver... seuls (car séparés les uns des autres), en dépit de leurs milliers de lecteurs ; Dad T. 2 de Nob qui s’affirme comme la nouvelle BD familiale de Dupuis et enfin Ralph Azham T. 9 de Lewis Trondheim dont on ne dira rien puisqu’il n’aime pas la critique, le pauvre chéri.

Faisons enfin, après tant de lectures impies, Le Chemin de Compostelle, à genoux avec Jean-Claude Servais dont nous faisons trop peu justice à une œuvre singulière et originale qui se construit depuis des années avec qualité et constance.

On trouve dans cette rentrée quelques perles inclassables. Ainsi cette partie de partouze graphique (on se calme, l’Oncle François : c’est par Cintiq interposée !) entre Ruppert, Vivès & Mulot qui nous livrent une suite à La Grande Odalisque avec Olympia, une aventure où nos drôles de dames gentlewomen-cambrioleuses pourront employer tous les talents qui sont les leurs, et leurs auteurs avec elles... Ou encore cette collaboration entre deux esthètes de l’image Loustal et Raymond Depardon partis en voyage (mais non, pas de noces, Oncle François !) à Carthagène en Amérique du Sud. Ont-ils vu la même chose alors qu’ils étaient ensemble au même endroit ? Non. Leurs images en témoignent. Jolie réflexion sur le regard...

Morceau de choix et patrimoine

Le morceau de choix de cette saison est sans conteste Les Equinoxes de Cyril Pedrosa, un roman graphique d’une beauté sidérante sur lequel nous reviendrons, de même que sur Adieu Karkhov de Mylène Demongeot, cette grande actrice dont Peyo me confia un jour que c’était elle et non l’allumeuse de la Madrague qui avait inspiré le physique du Golem de Gargamel, La Schtroumpfette. Elle est aidée dans l’évocation de cette ville de son enfance par deux dames de cœur Claire Bouillac & Catel.

On a remarqué depuis longtemps à quel point Dupuis investissait avec constance et qualité dans son fonds patrimonial : Entre les intégrales impeccables des Schtroumpfs (T. 3), des Tuniques bleues (T. 3), des Petits Hommes (T. 7), de Buck Danny (T. 11), toujours accompagnées par des introductions très renseignées, il y a ce Boulouloum & Guiliguili T1 dont nous avons déjà parlé et à propos duquel Patrick Gaumer, son préfacier, nous expliqua l’abîme de perplexité que suscita dans son entourage la seule mention du titre...

Il y a aussi cette intégrale Spirou par Jijé que nous attendons avec une impatience non dissimulée. Enfin, on ne saurait passer à côté de cette intégrale en un volume de 700 pages de Germain & Nous, un vrai pavé d’après-1968 qui sera accompagné par une grande rétrospective Frédéric Jannin au Centre-Musée de la bande dessinée belge d’ici quelques jours. Évidemment que nous vous en reparlerons !

Outre une intégrale du Vol du Corbeau de Gibrat, chef d’œuvre sans pareil, et de La Princesse du Sang de Manchette & Cabanes, c’est Franquin, encore Franquin, toujours Franquin ! qui illumine le catalogue de Dupuis avec une édition commentée de QRN sur Bretzelburg, des publications des albums de Gaston en fac-simile et en grand format ; et la réédition de Franquin : Chronologie d’une œuvre qui vient à point si votre exemplaire est un peu fatigué.

Dupuis fait une rentrée équilibrée -et non d’équilibriste !- entre ses différents publics, ce qui devrait lui faire passer cette rentrée sans pleurs et sans cris.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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