En dépit de sa petite taille (1m99), Steve est sans doute le meilleur pivot au monde. Dans la raquette, on l’appelle l’araignée, car il semble avoir plusieurs bras. Mais dans sa passion du sport, il oublie que ce sont les paris en ligne qui dominent le monde de 2029. La réussite de son équipe de basket l’entraîne dans une chute vertigineuse, et la Mafia compte bien lui expliquer quand il faut rater son panier... ou définitivement se coucher.
Après une correction qui l’envoie à l’hôpital, Steve décide de changer d’air et rejoint la France pour s’occuper de son père, atteint d’un cancer incurable. Décidé à faire un exemple dans le monde du sport, la Mafia ne lâche pas... Mais c’est sans compter sur l’aide inopinée des sbires d’un multimilliardaire. Âgé de cent ans, ce dernier voit en Steve une façon de prolonger sa vie... Aidé de son médecin personnel, le Dr Mandelberg, qui pense maîtriser le transfert du contenu d’un cerveau dans un autre !
Tout d’abord journaliste, puis scénariste et romancier, Denis Robert n’est plus un inconnu des lecteurs de bande dessinée depuis L’Affaire de l’affaire. Mais l’auteur dépasse l’actualité sans la perdre de vue en écrivant Dunk, un roman paru en 2009. Il en réalise l’adaptation en une trilogie de bande dessinée avec Franck Biancarelli dont le premier tome sort en 2013 . La construction du récit déstabilise : on passe d’une page d’intro anticipative, à une double page historique, avant de présenter un match de basket qui se termine en road-movie.
Mal calibré, ce début ne convainc pas ! Et voilà la trilogie qui se transforme en un gros one-shot d’une centaine de pages. Mis-à-part l’arrière-plan de la première planche, le récit du premier tome de Dunk n’a pas changé. Mais pour mieux guider le lecteur, le scénariste a placé des césures, avec des extraits de son roman qui expliquent et préfigurent les pages suivantes. Le pari est gagnant, car cela structure le récit. Pour autant, ceux qui voudraient se ménager des surprises feront l’impasse sur le premier texte pour préserver les découvertes. Notons également que les pages de garde présentent les personnages plus en détail.
Franck Biancarelli, qui a déjà entre autres dessiné les séries de Galfalek et du Livre des destins, continue de mêler ses références américaines et franco-belges pour livrer une mise en page très efficace. Sa maîtrise des aplats noirs aurait parfois nécessité une gamme de couleurs plus marquée. Mais l’implantation des imageries médicales, des projections 3D et des divers écrans fascine par son apparente facilité et sa lisibilité.
Malgré quelques faiblesses dans le traitement de l’action, Le Circuit Mandelberg demeure un fabuleux thriller pour ceux qui s’intéressent aux possibilités du cerveau. Les réflexions éthiques, biomédicales et existentielles sont passionnantes, même s’il aurait finalement mieux fallu qu’un autre scénariste adapte le roman de Denis Robert.
(par Charles-Louis Detournay)
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A propos de Franck Biancarelli, lire Fin de cycle pour "Le Livre des Destins", ainsi que son interview « Je mets la position de l’auteur bien en dessous de celle du dessinateur ou du scénariste. »
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