Le postulat de départ repose sur une sorte de misanthropie mêlée de dépression voire de fainéantise. Son programme de rêve ? manger, regarder des séries et son lit. Au-delà de ce personnage introverti, Bu met en évidence le monde qui l’entoure et la société dans laquelle il évolue, qu’il considère fermement comme une nuisance à éviter. Un quotidien qui nous délecte par ses fiascos quotidiens comme lorsqu’il organise une séance de Netflix ou tente d’éviter ses responsabilités au bureau…
L’air de rien, à travers ces petits récits d’une planche, l’autrice dresse un tableau implacable de notre époque, ses petites manies, absurdités et conventions sociales qui caractérisent notre mode de vie aliénant. Difficile donc, de ne pas se reconnaître au détour de ces pages qui semblent pointer du doigt les sempiternelles excuses que l’on s’incente pour ne pas sortir.
On apprécie l’honnêteté, parfois déconcertante, avec laquelle l’autrice dépeint son personnage et l’habileté avec laquelle elle contrebalance son comportement méprisable grâce à un humour omniprésent et une autodérision bien dosée, évitant ainsi de sombrer dans un discours moralisateur ou grisant.
Porté par un graphisme faussement simple, que d’aucuns qualifieront d’enfantin, son format initial d’histoires à scroller s’adapte assez bien à celui d’une BD à lire en picorant le temps d’un trajet en bus ou en métro.
Dans cette nouvelle édition de deux tomes originalement parus en 2014 et 2015, Le Journal d’un solitaire, bien que classique dans son contenu et ses réflexions, se révèle être une curiosité fascinante, une œuvre à découvrir pour son humour, son regard incisif sur la vie et sa capacité à capturer les petits détails qui font écho à notre propre existence.
(par Jorge Sanchez)
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Journal d’un solitaire - Par Catalina Bu. Éditions La Cafetière. 144 pages - 19€.