Lodger - Par David Lapham & Maria Lapham - Ed. Delcourt Comics

La petite ville de Blossom, située au nord du Michigan, n’est peuplée que de 1400 habitants, des Chippewa et des blancs d’origine scandinave. Un coin touristique qui attire des inconnus de tous horizons. Et particulièrement l’une d’entre elles : Ricky Toledo, une jeune femme de 18 ans qui crie vengeance pour le meurtre de sa mère, commis par "Dante", un jeune vagabond que notre héroïne aima trois ans plus tôt..

Ce même Dante a loué une chambre dans la maison familiale occupée par les parents de Ricky, dit "Miss Griffes", en rapport avec sa forte personnalité. Mais très vite, tout dérape, et le chef de maison Mateo cogne dur et envoie ce cher Dante aux urgences.

Une vengeance en entraînant une autre, Ricky Toledo parcourt le pays dans l’espoir de retrouver Dante et lui faire payer son crime…

La trame concoctée par le duo d’auteurs Maria & David Lapham crée une ambiance oppressante pour le lecteur, jouant clairement la carte du morbide et du politiquement incorrect. Le lectorat déjà familiarisé à cette atmosphère brutale imaginée par ce tandem qui œuvre maintenant depuis près de 25 ans, sait déjà que la thématique de ces romans graphiques évolue loin des sentiers battus traditionnels. Les néophytes, quant à eux, devront se préparer psychologiquement face au déluge incessant de grossièretés verbales, à la violence omniprésente et aux travers en tout genre, mais qui, avouons-le, valent le détour !

©David Lapham / Delcourt Comics

Souvenons-nous de l’excellent mais troublant Stray Blullets, également disponible aux éditions Delcourt, redistribuant les cartes du polar moderne, noir à outrance, mais d’une efficacité redoutable. Lodger évolue dans ce même registre, en mettant en scène des protagonistes au bout du rouleau, de manière magistrale.

Il va sans dire que David Lapham et son épouse Maria, ne font pas dans la dentelle : ils créent un univers regorgeant de personnages à l’existence trouble, où généralement les ennuis vont crescendo. Mais au-delà de cette marque de fabrique personnelle, certes adressée à un lectorat averti, il est primordial de contempler leurs œuvres dans leur globalité, une fois le produit finalisé. C’est le genre d’album qui d’entrée de jeu, vous hypnotise, ou vous rebute, en fonction de votre sensibilité et de vos centres d’intérêts.

Si l’intrigue bat son plein de manière fluide et ce, du début à la fin, la qualité graphique de David Lapham vaut également son pesant d’or. À l’instar d’un Terry Moore, au trait stylisé et décapant, il propose un titre où le noir et blanc, se déploie, seulement contenu par des plats de couvertures flashy.

Toutes les qualités du polar moderne sont ici parfaitement maitrisées et font donc de Lodger un Comics incontournable.