Serial - Par Terry Moore - Éd. Delcourt Comics

Par Marc Vandermeer le 2 septembre 2022

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Serial - Par Terry Moore - Éd. Delcourt Comics

Terry Moore revient avec une de ses héroïnes emblématiques : la pas si jeune, Zoé, tueuse en série éternellement âgée de 10 ans… en apparence. Après 50 ans à peaufiner son art du meurtre, Zoé va devoir mettre ses compétences à l’œuvre pour éliminer une autre « Serial Killer » !

Zoé a dix ans… depuis 50 ans ! Un demi-siècle à vivre comme une enfant avec des aptitudes d’adultes, comme conduire la camionnette VW dans laquelle elle vit. Le plus difficile, fut sans doute de se créer des amis. Deux au total. Rachel, héroïne de la série Rachel Rising et Jill, simple femme au foyer qui vient de perdre son époux, tombé d’une falaise.

Or, cette chute n’est pas accidentelle. Une femme se cache derrière ce drame qui en camoufle bien d’autres. L’assassin de Brandon Healey est une Serial Killer. Elle s’en prend à des hommes, parfois même à des familles complètes, dans un but bien précis qui révèle l’étendue du génie de Terry Moore. Au lieu de démontrer le sadisme de Zoé dans une aventure où elle tuerait à tout-va, il a savamment imaginé qu’elle devienne détective pour résoudre une série de meurtres, dont celui de son amie et son époux.

Toutefois, bien que les lecteurs aguerris retrouvent avec plaisir l’humour cynique de leur héroïne, ainsi que son amour pour les meurtres sanglants : il émane de ce tome un goût de trop peu, trop vite… bien qu’amener avec intelligence, allant par étapes, Terry Moore semble ne pas avoir poussé Zoé à son maximum. Ses faits d’armes sont résumés à leur plus simple expression, tandis que sa proie se délecte dans des crimes facilement pris pour des accidents : une chute d’une falaise, d’un toit,… un cric qui lâche quand le mécanicien de fortune est sous la voiture.


©Terry Moore / Delcourt Comics

Reste donc la psychologie des deux femmes, ainsi que de l’inspectrice de police à leurs trousses. Du haut de ses 10 ans en apparence, Zoé a réussi à garder une âme d’enfant mêlé à l’expérience d’une longue vie bien remplie. Sa proie est, quant à elle, bien détruite mentalement par un passé sombre et douloureux. Tandis que la policière raisonne de façon pragmatique pour compenser la psyché des deux meurtrières en puissance.

Et enfin, le graphisme de l’auteur qui jongle avec le cartoonesque dans les rêves de Zoé, et un trait réaliste et sobre tout au long du récit. Un régal pour les yeux des lecteurs, là où l’envie de plus de noirceur n’est pas assouvie. Mais qu’à cela ne tienne, voilà matière à donner envie de découvrir encore davantage Zoé, cette tueuse qui aime autant les animaux que le sang, la rendant attachante malgré ses méfaits.

(par Marc Vandermeer)

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