La parole sur les violences sexistes se libère aujourd’hui mais quid des violences subies dans le secret d’un cabinet médical ou d’un service en gynécologie ?
Rachel Lev raconte comment, au fil du temps, l’homme de science s’est emparé de ce qui touche à l’intime féminin, en excluant la pratique ancestrale des matrones. Elle dénonce une relation "gynécologue-patiente" basée sur le modèle "dominant-dominée" avec des exemples édifiants comme par exemple, les scandaleux TVAG [1], ou encore le déni de la souffrance.
Une souffrance que Rachel Lev connaît bien. Atteinte d’endométriose, il a fallu dix ans pour qu’elle comprenne ses douleurs et leur donner un nom, autant d’années durant lesquelles elle était confrontée à des médecins qui niaient sa souffrance ("C’est psychosomatique"). Elle découvre alors que d’autres femmes ont connu une situation similaire. Un constat qui sera à l’origine cet album.
La relation à sa propre intimité est également abordée. Que savent réellement les femmes de la partie la moins visible de leur corps ? Pourquoi méconnaissent-elles le fonctionnement de leur propre sexe ?
Chaque page fourmille d’exemples illustrés. L’autrice s’amuse à mixer les styles, les couleurs et utilise le digital, l’aquarelle ou la photographie. On peut s’y perdre tant chaque page abonde d’informations diverses imagées mais l’album a le mérite de déployer une mine d’informations entre études, portraits, témoignages pour armer les femmes face aux travers de la misogynie .
Un sujet sensible abordé avec un humour que les situations rendent caustique. Si le ton est volontairement léger, il ne s’agit pas de minimiser mais au contraire de pointer du doigt des situations révoltantes.
Un album qui amorce une vraie réflexion sur la relation médecin-patiente et souligne combien le respect, la tolérance et la bienveillance doivent être une évidence.
(par Nadine RIU)
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[1] touchers vaginaux sous anesthésie générale