Romans Graphiques

Montrez-nous qu’on a tort - Par Géraldine Stringer - Frémok

Par Frédéric HOJLO le 17 janvier 2022                      Lien  
De grands et beaux dessins inachevés, quelques mots simples : Géraldine Stringer choisit la modestie pour évoquer le destin des réfugiés qu'elle a pu rencontrer dans un lieu de paix et d'accueil. Une présence discrète et un regard empathique face au drame humain et humanitaire qui se joue quotidiennement.

Depuis longtemps, mais encore plus depuis 2011 et les « Printemps arabes », des hommes et des femmes de tous âges et de toutes conditions ont cherché hors de leur pays un refuge. Vivre simplement, sans craindre pour sa vie : c’est un Droit humain, trop souvent oublié. Car l’accueil des réfugiés ne va pas de soi pour beaucoup de monde, chacun avançant des raisons économiques, culturelles ou sécuritaires.

Le nombre de victimes est incalculable, ne serait-ce que parce qu’il est impossible de savoir combien tentent l’exode. La Manche, la Méditerranée, les forêts d’Europe orientale, les déserts libyen et mexicain en deviennent des cimetières. La litanie des catastrophes ne fait plus que rarement la une des médias, hormis quand cela provoque des remous diplomatiques. L’humanité s’oublie.

Pour y revenir, l’artiste Géraldine Stringer choisit la voie de la simplicité. S’effaçant derrière l’ampleur de son sujet, elle préfère accorder le maximum d’espace aux réfugiés qu’elle a rencontrés et à celui qui les a accueillis dans l’arrière-pays niçois. Elle brosse des portraits en quelques traits, parfois en couleurs, parfois comme transparents. Elle dessine des scènes de la vie quotidienne dans cet espace de repos et de tranquillité, parenthèse dans des voyages qui marquent une vie au fer.

Quelques mots, juste ce qu’il faut pour comprendre, viennent étayer chaque dessin en pleine page. La minceur et la fragilité des lignes rappellent que les vies évoquées ne tiennent à rien : une rencontre par exemple. Celle d’Hubert Jourdan, aujourd’hui disparu, qui leur ouvre un refuge, quitte à mettre son humanisme au-dessus des lois, est décisive. Elle permet une pause dans un périple dont certaines étapes peuvent être infernales et dont le but reste incertain souvent pendant des années.

Tout dans Montrez-nous qu’on a tort respire la modestie. Pas de grandes phrases, pas de récit dramatique, pas d’appel à la charité. Seulement la présentation de quelques visages et de ce qui les entoure, paysages, objets, plantes. Même Hubert, qui a délibérément choisi « leur sécurité » avant « notre sécurité », qui n’agit que selon sa conscience, qui est convoqué au tribunal, n’est pas montré comme un héros.

Géraldine Stringer remet, discrètement mais sûrement, l’humain au centre. Accueillir l’autre comme on aimerait l’être, partager, soulager même de façon brève. Non pas faire acte de bravoure ou de rébellion, mais d’humanisme, parce que comme l’écrivait Terence il y a plus de deux mille ans : « Je suis un homme ; j’estime que rien d’humain ne m’est étranger ».

(par Frédéric HOJLO)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782390220268

Montrez-nous qu’on a tort - Par Géraldine Stringer - Frémok - collection Amphigouri - maquette par Baptiste Levaux - suivi éditorial par Lilian Philippe - 24 x 32 cm - 92 pages couleurs - couverture souple avec rabats - parution le 18 novembre 2021 - 20 €.

Frémok ✍ Géraldine Stringer ✏️ Géraldine Stringer à partir de 13 ans Documentaire Bande dessinée du réel France
 
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