Romans Graphiques

Quelques minutes après que le temps s’arrête - par DoubleBob - Frémok

Par Marlene AGIUS le 20 mai 2023                      Lien  
Journal de bord, guide de survie, jeu de piste, enquête onirique, philosophie en carbone, ce coffret récolte les minutes. Elles sont capturées par des dessins qu'on lit comme des sons et des bruits de brisures. Elles sont croquées par un véritable écrivain.

DoubleBob, c’est d’abord un nom étrange. Double-quoi ? Pourquoi Double ? Il y a deux Bob, deux types qui s’appellent Bob ? Du style Robert & Robert, le film bizarroïde de 1978 avec Jacques Villeret ? Qui est-ce vraiment ? Car sous l’anonymat illusoire, DoubleBob se représente parfois avec un masque même sur ses dessins. C’est très mystérieux.

En 2021, il écrit son journal de bord quotidien autoédité et distribué par abonnement. Republié par Frémok, on lit QMAQLTSA comme ça : des mots personnels et des réflexions intimes confiées au lecteur sur papier carbone.

Quelques minutes après que le temps s'arrête - par DoubleBob - Frémok

La boîte, un de ces objets frémokiens (frémokesques ?) précieux, contient une carte, un plan et sept carnets de 48 pages numérotés de 0 à 6 minutes - Quelques minutes après que le temps s’arrête, du Soleil dans les poches, quelques minutes avec les poissons et les chiens, le cervotexte des fleurs, poésie : Angle / Temps mort, l’appel du vide, et la dernière minute. On les lit comme des carnets de croquis fraîchement dessinés où l’on découvre ces observations du temps qui s’arrête, des monologues en poèmes, une cartographie de l’absence, des schémas techniques de machines inventées. On n’est pas sûr qui de l’auteur ou du temps nous parle.

Mais, génie de l’anomalie et de l’indéchiffrable, DoubleBob sait nous parler malgré les confidences cryptiques. Il faut se laisser porter. Difficile de résumer de la poésie. On a envie de savourer de chaque carnet comme chaque minute qu’on ne veut pas laisser partir.

DoubleBob s’autoédite déjà avant de rencontrer le Frémok en 2007. Il continue l’autopublication en parallèle à ses deux premières publications en 2008 et 2012 Le chat n’a pas de bouche vous aime beaucoup et Sous-sols. Quatre ans après, il publie en 300 pages Base/Zone puis Mes Locataires en 2018. C’est donc un auteur qui se fait relativement discret malgré ses nombreuses publications, qui est derrière le nom étrange qu’est DoubleBob.

La lecture peut être accompagnée d’une bande son conçue par Lurkwarm, des ambiances sonores métalliques et autres bruits bizarres...

En fouinant d’anciens articles sur ActuaBD, on y trouve les traditionnels commentaires de défense ou d’incompréhension. Un des commentateurs anonymes et lyriques (max) y avait écrit : "La bande dessinée est un art de la mise en page [...] La composition. Ce souffle pas si invisible entre le squelette et les organes. Comment tous les éléments s’imbriquent pour faire sens". S’ensuivit une bataille générique pour savoir si DoubleBob, avec ou sans composition, c’est ou si ce n’est pas de la BD. Enfin ! On en est plus là, n’est-ce pas ? C’est un jeu, c’est une recherche, c’est de la poésie, et c’est tout ce qui compte.

(par Marlene AGIUS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782390220398

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