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New Normal T. 3 – Par Akito Aihara – Éd. Kana

Par Malgorzata Natanek le 2 août 2023                      Lien  
Natsuki se retrouve mêlée à un groupe de passionnés du cinéma d’avant la pandémie, mais cela la rapproche d'un groupe d'anti-masques dangereux : l’organisation Teeth. Hata, quant à lui, doit faire le deuil de son amie décédée à cause du virus...

Après être sorti de quarantaine, Hata a du mal à reprendre le cours de sa vie car il n’arrive pas à accepter la mort de son amie Shîna. En parallèle, Natsuki se lie d’amitié avec une fille étrange, Mochizuki, avec qui elle partage son intérêt pour les films d’avant la pandémie. Cependant, certains membres du groupe luttent contre le gouvernement et contre les restrictions mises en place à cause du virus. Est-ce que Natsuki se laissera influencer ?

New Normal T. 3 – Par Akito Aihara – Éd. Kana
New Normal planche
© Akito Aihara / Kana

Le décès du personnage de Shîna a énormément impacté le héros et nous rappelle à quel point le virus est cruel. Sa disparition donne de la profondeur au personnage principal qui avait une personnalité assez transparente jusqu’à présent. C’est l’occasion pour l’auteur d’illustrer la commémoration des victimes de la pandémie dans une très belle scène : le lancer de lanternes pour honorer les proches disparus, qui s’apparente à une tradition japonaise nommée Tōrō nagashi durant laquelle, on fait flotter des lanternes pour guider les esprits des disparus vers l’autre monde.

New Normal planche
© Akito Aihara / Kana

Cependant, la rivalité amoureuse entre Natsuki et Erika déjà vue et revue dans d’autres mangas alourdie le scénario. Cela affecte le développement du héros puisqu’il endosse le rôle du garçon banal dont les filles s’entichent gratuitement mais qui ne se rend pas compte de ce qui se passe, un protagoniste passif comme celui de Shakugan no Shana. D’autant plus, que le héros est réellement intéressé par l’une des deux filles...

New Normal planche
© Akito Aihara / Kana

Heureusement, cette rivalité ne prend pas toute la place dans ce tome. Celui-ci développe la relation entre Natsuki et Motchizuki liées par une passion commune et interdite : le cinéma pré-pandémie. Une amitié fondée sur un secret partagé dont la mise en scène est agréable à suivre. Effectivement, elles trouvent dans l’autre quelque chose qu’elles ne pouvaient pas partager avec le reste de leur entourage (les jeunes ayant toujours vécus dans une société post pandémie sont en général contre les visages découverts, jugés obscènes) créant ainsi une complicité unique. Cela contribue à l’approfondissement du personnage de Natsuki (contrairement à Erika qui est juste définie par son statut de rivale) et à l’introduction de Mochizuki une jeune fille qui devrait prendre de l’importance à causes de ces idées et de la position de son père.

New Normal planche
© Akito Aihara / Kana

Cette nouvelle amitié amène également une problématique sérieuse autour des citoyens qui refusent ce nouveau monde. En effet, la privation de liberté et la censure mènent à la création de groupes clandestins qui désobéissent aux règles. L’interdiction de nombreuses activités d’avant la pandémie crée une grande frustration (surtout pour ceux qui ont connu un quotidien sans virus). Tout le contenu culturel est surveillé, et les œuvres audiovisuelles qui datent de la période précédant le virus, sont interdites (voir des bouches à l’écran n’est pas autorisé tout comme le fait de montrer la vie d’avant), puisqu’il s’agit d’un mode de vie qui est impensable à cause du virus mortel. On peut imaginer que voir ce genre d’images pourrait donner de mauvaises idées aux jeunes (pour qui tout cela est inconnu), et qu’ils souhaiteraient par conséquent vivre sans restriction malgré le danger.

Ici, c’est donc à travers un groupe de cinéphiles que le sujet est abordé. Des visionnages clandestins sont organisés et les participants vont plus loin car ils ne portent pas de masques et sont tactiles. Il y a une vraie envie de retourner à la proximité entre les individus qui fait écho à la crise COVID. Rappelons le, il existait aussi des individus qui ne respectaient pas les règles et qui organisaient des événements clandestins pour retrouver d’autres personnes (l’homme est sociable par nature).

New Normal planche
© Akito Aihara / Kana

Cependant, le virus décrit dans ce manga est bien plus dangereux et continue de tuer les humains 20 ans après. Comme durant la crise COVID, une partie de la population remet en question la dangerosité du virus. Dans le contexte de l’œuvre, les dissidents mettent en doute le caractère nocif du virus car beaucoup de temps s’est écoulé depuis son apparition. Le lecteur sait qu’il n’en est rien, puisque dans le tome précédent, la mort de Shîna ainsi que la mise en quarantaine du héros prouvaient le contraire. Si le nombre de victime est moins important, c’est justement parce que de nombreuses années se sont écoulées, et que la société s’est adaptée, chose qu’oublient les réfractaires.

L’auteur parvient à introduire une tension scénaristique grâce à toute la problématique autour des loisirs et libertés perdus à cause du virus. La situation des survivants est oppressante et leur vie très encadrée, expliquant ainsi ce rejet des lois strictes. Avoir un confort et des libertés qu’on considère acquises mais les perdre en un claquement de doigt est une chose brutale qui est difficile à accepter. Dommage que le triangle amoureux sans utilité pour l’histoire entache ce titre.

(par Malgorzata Natanek)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505120384

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