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Olivier Wozniak : "Le scénario induit un style graphique"

Par Nicolas Anspach le 4 février 2008                      Lien  
Voici peu, {{Olivier Wozniak}} rejoignait les éditions Bamboo avec {{Christophe Cazenove}} pour une série dont il signait le scénario : {Zone 51}. Le duo embraie avec une collection de gags en une planche traitant de la drague et des nouvelles technologies, {Plan Drague}. Rencontre avec un auteur aussi discret que charmant.

Olivier Wozniak : "Le scénario induit un style graphique"Pourquoi réaliser aujourd’hui une série de gags en une planche. Est-ce votre expérience sur « Histoire de France », avec Clarke, pour Fluide Glacial, qui vous a donné envie d’explorer un format encore plus court ?

C’est à la fois une opportunité et une envie. J’essaie d’alterner les histoires réalistes et celles plus humoristiques. Cela me permet de changer d’univers, de m’aérer. J’ai la chance de pouvoir dessiner de deux manières différentes, et cela ne me procure pas le même plaisir. Le réalisme oblige l’auteur à être plus rigoureux et méticuleux : faire attention aux proportions, ne pas exagérer les expressions des personnages, etc. Ce n’est pas un travail pénible, mais beaucoup plus astreignant que l’exercice humoristique. La satisfaction ne vient que lorsqu’on a le résultat fini entre les mains. Pour les récits humoristiques ou les gags, le plaisir est instantané. On peut se lâcher, se laisser aller. Je pense que la plupart des dessinateurs humoristiques rigolent en dessinant. Je fais partie de ceux-là…

Comment êtes-vous entré dans la "bande à Bamboo" ?

J’avais rencontré Christophe Cazenove dans un festival à Limoges. Nous nous sommes tout de suite liés de sympathie. Nous partageons les mêmes goûts tant en bande dessinée que dans d’autres arts. Après avoir réalisé Histoire de France, j’ai eu envie de continuer dans l’humoristique. À ma grande joie, il m’a proposé Zone 51. Olivier Sulpice, l’éditeur et patron de Bamboo, a décidé de mettre cette série entre parenthèses, et nous avons recherché une nouvelle idée de série. Christophe est venu passer quinze jours chez moi, et j’ai passé mes vacances chez lui. L’idée d’une série humoristique sur la drague s’est imposée lors de nos conversations. En fait, je ne sais plus qui a eu cette idée… Olivier Sulpice a décidé de l’orienter vers la drague via les outils de la nouvelle technologie. Une autre équipe s’occuperait d’illustrer une série consacrée à la drague traditionnelle…

Vous formez avez Magda [1] un couple d’auteurs de BD depuis de nombreuses années. C’est un peu paradoxal de traiter d’un tel sujet, non ?

Nous sommes ensemble depuis 23 ans ! C’est affreux comme le temps passe vite (Rires) ! Mais je n’ai pas les yeux dans mes poches, et Magda non plus ! Nous apprécions regarder les personnes du sexe opposé, et puis, sans me vanter, j’ai eu une vie bien remplie avant de la rencontrer. Mais ce n’était pas à l’époque où l’on pouvait draguer sur Internet.

Extrait du T1 de "Plan Drague - Nouvelle Génération"
(c) Wozniak, Cazenove, Wingrove & Bamboo.

Est-ce que Magda vous apporte artistiquement quelque chose ?

Forcément ! Nous partageons le même atelier. Nos bureaux sont séparés par des étagères. Nous sommes en couple, mais nous travaillons un peu comme dans un studio. Nous nous échangeons des avis après s’être montré notre travail. C’est très constructif. J’ai beaucoup de force que Magda n’a pas. Et elle a du talent que je ne possède pas.

Ce livre a été coécrit par Lewis Wingrove, un spécialiste de la drague sur Internet, qui avait écrit le best-seller : « Des Souris et un Homme » où il expliquait ses rencontres qui finissaient souvent … sous la couette.

Oui. Olivier Sulpice a eu l’idée de l’associer au projet. Il le connaissait ! Le travail du gag demande un tel apport d’idées qu’ils n’était pas trop d’être deux sur Plan Drague – Nouvelle Génération. Christophe rédige une partie des gags tous seul, et Lewis Wingrove en invente une autre. Christophe met parfois en forme ceux de Lewis car ce dernier n’est pas (encore) un scénariste professionnel…

Votre style graphique est plus souple que dans vos autres séries humoristiques…

Oui. Je m’adapte toujours en fonction de la série. C’est une démarche inconsciente. J’ai dessiné Histoire de France d’une autre manière car ces histoires courtes étaient destinées à Fluide Glacial. C’était un autre esprit, un autre public. Le scénario induit le dessin. Un auteur l’illustre selon sa personnalité. À vrai dire, je trouve étrange que certains dessinateurs aient un même style dans plusieurs séries. Je n’ai pas non plus dessiné Libertad(Avec Jean-François et Maryse Charles, Casterman) comme Chasseurs d’Étoiles (Avec Yann, Dupuis) Le scénario de Yann était légèrement humoristique et le ton un peu caricatural. Je l’ai fait transparaître dans mon dessin, même s’il était réaliste…

Extrait du T1 de "Plan Drague - Nouvelle Génération"
(c) Wozniak, Cazenove, Wingrove & Bamboo.

Vous parliez de la dynamique du gag. Dessiner des gags en une planche, n’est-ce pas plus distrayant : les scènes se passent dans des décors différents.

C’est à la fois gai et difficile. J’ai été surpris qu’en dessinant Plan Drague : j’éprouvais autant de plaisir qu’à faire Zone 51. Malheureusement, un auteur doit illustrer un projet un tant soi peu commercial pour vivre : la conjoncture est difficile. La bande dessinée est mon seul revenu. En même temps, il ne faut pas se trahir. Avec Plan Drague, je n’ai pas l’impression que ce soit le cas.
Le format du gag en une page me frustre tout de même un peu car la narration y est réduite. Par exemple, Zone 51 était un histoire de quarante-quatre planches émaillée de gags. Cela me correspondait mieux. Je ne suis pas un grand amateur de la BD humoristique, même si j’apprécie Kid Paddle, le Petit Spirou, Les Nombrils et beaucoup de série de Raoul Cauvin. Ma préférence va vers les albums de Tillieux. Bien que je sois aussi un inconditionnel des albums de Gaston Lagaffe. Enfin, sa période « pinceaux », dans les années ’50…

Quel est l’auteur qui vous a le plus marqué dans la profession ?

Jean-Claude Mézières ! J’ai découvert Valérian avec L’Ambassadeur des Ombres vers 16 ans. J’ai eu l’occasion de le rencontrer plusieurs fois. C’est un homme impressionnant, très simple, qui ne joue pas la vedette. Il reste accessible et franc. Humainement, il est très agréable. Et artistiquement, inutile d’en parler !

(par Nicolas Anspach)

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[1La dessinatrice de Charly aux éditions Dupuis

 
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