Sengo T. 7 - Par Sansuke Yamada - Casterman

Lien

Grand final de cette chronique du retour impossible au pays des survivants. Nous découvrons enfin ce qui s'est passé en Chine et le choix de Kawashima face à ses démons. Une belle œuvre mêlant avec brio tragique et burlesque.

Après avoir zigzagué entre les fantômes du passé et un Tokyo meurtri mais qui se relève avec la nouvelle génération, Kawashima se demande toujours où se trouve sa place. Sa dernière rencontre en date le pousse à faire le bilan de cette vie qui lui pèse et il se replonge ainsi dans ses souvenirs du front chinois.

Presque entièrement consacré aux souvenirs des évènements qui ont mené à la fin de l’unité de notre duo, cet ultime tome confronte l’idéalisme de Kawashima, et son bon cœur, à la réalité de la guerre et des ordres de ses supérieurs. Il avait fait jurer à ses hommes de ne pas courir vers une mort stupide, mais cela supposait également qu’ils étaient maîtres de leur destin...

Nous suivons la mort dénuée de sens de ces hommes, auprès d’officiers qui s’en lavent les mains et au sein d’une guerre qui prend la forme d’une mécanique qui dévore tout le monde, sans parti-pris pour l’un des camps. Et au milieu, il y a nos deux survivants, qui rentrent finalement au pays sans trop savoir pourquoi eux et pas les autres.

: © YAMADA Sansuke 2014 / KADOKAWA CORPORATION

Se désintéressant de la dimension politique de la guerre, Sansuke Yamada l’a ainsi abordé dans son manga comme une sorte de catastrophe naturelle qui s’abat sur les gens et qui doivent faire avec. Certains y trouvent des avantages, mais la plupart en souffrent ou tout simplement en meurent. Et le récit établit au bout du compte deux types de profil de survivant, représentés par Kawashima, l’intellectuel, et Kuroda, sorte d’épicurien simple et intuitif.

Ainsi, le premier recherche un sens à tout ceci, et en particulier interroge son rôle durant cette guerre, endossant responsabilité morale et culpabilité. Tandis que le second, heureux simplement d’être en vie, se meut par sa pulsion de vie, oubliant le passé pour vivre pleinement le présent, ne sachant pas de quoi demain sera fait.

Le récit aura navigué entre un humour féroce, graveleux et impertinent, et le tragique de la guerre, des vétérans aux civils, s’intéressant à la façon dont ils reprennent pied ou bien à leur incapacité de le faire. Une œuvre entièrement dédiée à la vie qui reprend toujours ses droits, même si toutes les blessures ne guérissent pas.