Superdupont, le retour !

"Superdupont, ze retour !" titre le magazine d’Umour et Bandessinée. Le serviteur de Marianne pourrait bien faire décoller les ventes de Fluide Glacial ce mois-ci. Rendez-vous compte : sa dernière apparition date de 1985 !
Créé dans Pilote le 21 septembre 1972 par Jacques Lob et Marcel Gotlib, Superdupont incarne le super-héros à la française. Ses auteurs l’affublent d’un béret, de charentaises et d’une baguette de pain sous le bras. Conçu comme une parodie de Superman, Superdupont veille à la défense de la France contre son ennemi acharné : l’Anti-France, une sorte de mouvement sectaire et terroriste cherchant à détruire l’hexagone. Plusieurs dessinateurs se sont succédés sur la série. Alexis a pris la suite de Marcel Gotlib, puis Jean Solé. Quelques auteurs, parmi lesquels Daniel Goossens et Neal Adams, ont animé le personnage le temps d’un court épisode. Superdupont a aussi fait l’objet d’une adaptation sous la forme d’une comédie musicale dirigée par Jérôme Savary en 1982. Et puis arrive 1985 et la mise en sommeil de notre héros afin d’en éviter la récupération au premier degré par certains mouvements politiques.

Jean Solé

"A l’époque, il y avait un phénomène "Le Pen" et ses 15% faisaient l’effet d’un électrochoc. [1]" se rappelle Jean Solé. "Le Pen avait déclaré qu’il était Superdupond et fier de l’être et que son combat, c’était l’anti-France. Il y avait alors trop d’ambiguïté. Le racisme et la xénophobie ont été pris au premier degré. Certaines personnes prenaient Superdupont alors que ce n’était pas une BD politique, ce n’était pas du Charlie-hebdo. Superdupont est un gros con, xénophobe et raciste mais il est plus bête que méchant. Il est "vieille France", il défend les valeurs éternelles, il a un côté "Alsace-Lorraine" 14-18. Superdupont ne collait plus au contexte apolitique."

21 ans plus tard, l’extrême droite française réalise des scores supérieurs à 1985 [2] et l’approche des élections présidentielles de 2007 n’ont pas freiné les envies de Jean Solé. "J’avais coutume de dire "Superdupont est mort mais il bande encore !". Il y a un an, ça m’a titillé de revenir à la BD car je fais surtout de l’illustration. J’en ai parlé un jour lors d’un bouclage de Fluide et ça a fait tilt dans la tête de Lefred-Thouron. Il fourmille d’idées et a proposé un synopsis à Marcel Gotlib qui lui a fait le découpage et les dialogues."

L’ombre du grand homme au costume blanc et à la cape bleue plane donc de nouveau sur la France. Sur huit pages, Superdupont reprend son combat contre l’Anti-France qui menace l’intégrité nationale en cherchant à importer du camembert ! Sacrebleu ! Il était temps que Superdupont revienne !