Ce qui frappe d’abord, c’est la technicité du propos. Nos braves Tanguy et Laverdure vont vendre leurs avions à aile Delta à l’armée suisse. Mais les essais in situ sont émaillés d’incidents fâcheux à commencer par un tir de sniper essuyé par Michel Tanguy. L’intrigue est extrêmement bien amenée car même si l’on en repère assez vite qui sont les responsables, on ne sait pas pour quels services ils roulent : le KGB, le MI6 ou la CIA ?
Il est d’autant mieux amené que la politique est bien présente, en particulier celle de la Suisse - dont nous ignorons tout - et dont l’un des deux scénaristes de cet album, Hubert Cunin, un banquier franco-suisse né à Berne, est originaire. Cela tourne au thriller avec trahison dans les rangs de l’armée helvète, donnerwetter !, et coups de « parapluies bulgares » ! un récit digne d’un James Bond des années 1960. L’album est rythmé, émaillé de morceaux de bravoure comme une attaque d’avion de chasse en pleines montagnes suisses et un atterrissage d’urgence sur une bretelle d’autoroute au milieu de flancs escarpés.
La technicité est aussi du côté du dessinateur, le remarquable Matthieu Durand. Rien que la couverture de l’album montre son habileté à composer les images avec une exactitude confondante en tenant compte des paramètres techniques d’un avion de combat. Nous sommes quasiment dans un simulateur de vol ! Le dessin est précis comme au bon vieux temps d’Uderzo et classique sans être empesé d’une nostalgique poussière. Avec des talents pareils, la BD classique a encore de beaux jours devant elle.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Tanguy et Laverdure, Classic Tome 4, Le pilote qui en savait trop par Patrice Buendia, Hubert Cunin et Matthieu Durand, éd. Dargaud/Zéphyr – 48 pp, 14,95€.
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