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Thierry Bouüaert : "J’aime que le lecteur se laisse aller"

Par Nicolas Anspach le 26 mars 2007                      Lien  
Avec {Parfum d’Absolu}, {{Thierry Bouüaert}} clôt le premier cycle de l’une des séries les plus personnelles du catalogue Bamboo. Il nous raconte la vie d’une jeune femme à la dérive. L’auteur a pris le parti que son héroïne s’adresse elle-même au lecteur avec l'aide des textes narratifs, ce qui met le lecteur dans la posiiton du confident.

Le premier cycle du Style Catherine se termine avec ce troisième album… Votre héroïne règle des comptes avec son passé.

Je n’utiliserais pas ce terme-là. Elle tourne plutôt la page, et espère pouvoir construire un embryon de famille. Dans Parfum d’Absolu, elle élève le fils de sa sœur. En apprenant incidemment le décès de sa mère en lisant l’annonce nécrologique parue quelque temps auparavant, dans un vieux journal, elle comprend que son père adresse un message à ses filles. Celui-ci a envie de les revoir. Catherine prend le risque de retrouver son père pour lequel elle a toujours eu de l’affection. La relation entre ces deux personnes a toujours été une succession d’affection et de malentendus.

Thierry Bouüaert : "J'aime que le lecteur se laisse aller"On sent que la mère de Catherine était dominante et rigide. Mais vous laissez aux lecteurs plutôt des impressions que des faits. Pourquoi ?

Il était plus intéressant de faire appel au passif du lecteur. Cela va lui permettre d’identifier de manière inconsciente certains éléments de cet album selon son vécu ou celui de l’un de ses proches. Surligner des choses aussi difficile que celles abordées dans ce troisième tome, c’était tomber dans la caricature ou dans le simplisme. Cela ne m’intéressait pas !

Vous risquez de provoquer l’incompréhension s’il ne saisit pas le message …

C’était un risque à courir ! Je ne prends pas le lecteur pour un ignorant ou un obscurantiste. J’aime penser que le lecteur du Style Catherine est capable de se laisser aller. A partir du moment où il prend le parti d’être le confident de Catherine, il se laisse guider par le personnage…

Pourquoi avez-vous choisi de transformer les textes narratifs en bribes de lettres adressées aux lecteurs ?

Quand une personne commence à se confier à vous, c’est quelque part le début de parcours initiatique vers l’intimité de ce proche. J’essaie de faire la même chose avec le Style Catherine, et laisser le choix au lecteur de décrocher ou de continuer à lire la série ! Le lecteur doit ressentir à travers ces textes que Catherine a besoin de lui, comme quelqu’un qui se confierai à un tiers et qui lui lance des signaux pour éviter de le saouler avec ses problèmes.

Extrait du T3 du Style Catherine

Raconter la vie et l’intimité d’une femme, est-ce facile pour un homme ?

Chaque homme a sa part de féminité qu’il choisi d’écouter ou pas ! Moi, j’en tiens compte. Je suis à l’écoute de cette partie de ma personne. Cela m’aide pour cet album. Et puis, j’ai discuté avec de nombreuses femmes pour garder le ton juste. C’est fondamental et absolument nécessaire d’être dans le vrai, sinon à quoi cela sert de traiter de tels sujets ? Cette recherche de la véracité est devenue un vrai plaisir …

La couverture du dernier album reflète la quiétude, le bien-être…

Oui. A travers ce dessin, je voulais montrer que Catherine est à un tournant de sa vie. Elle va enfin faire table rase du passé et démarrer une autre vie en laissant un fardeau qui était difficile à porter. On ne peut pas oublier un tel passé. Certains y arrivent, d’autres pas. Mais Catherine peut aujourd’hui espérer démarrer de nouveaux projets dans sa vie, et se sentir en accord avec la nature.

Votre site internet présente un certain nombre de peintures. Est-ce que ce travail a-t-il une influence sur vos bandes dessinées ?

J’avais arrêté la BD quelques temps dans les années ’90. Je me suis exclusivement consacré à des travaux pour le secteur de la communication et à la peinture. Cela m’a permis de libérer mon trait, qui était maladroit et un peu scolaire. Et puis, cela m’a appris à ne pas être trop stressé lorsque je suis devant une page blanche …

Extrait du T3 du Style Catherine

Vous faites beaucoup d’effet de matière. Comment travaillez-vous ?

Après avoir terminé le crayonné de ma page, je place un lavis pour marquer les ombres, les lumières, les masses des décors et des personnages. Ensuite, j’encre mon trait au pinceau, et je projette de l’encre de chine dans les coins de la case pour centrer le regard du lecteur. Ce sont des choix, des points d’appui, que je donne graphiquement pour mettre en évidence certains éléments de la case. Enfin, je reviens avec de la gouache blanche pour donner des coups de lumières ou pour noyer la case dans un brouillard afin de lui donner un aspect mélancolique…

Quels sont vos projets ?

Je vais travailler sur des nouvelles et les adapter en BD. Cela me permettra d’apprendre et comprendre ce mode d’écriture …

Encore un mot ?

J’aimerais revenir sur le destin de Catherine dans les prochaines années. Par moment, elle me manque déjà. Je ne la perds pas de vue …

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire une interview de Thierry Bouüaert réalisée en mars 2005

Lire la chronique du T1 du Style Catherine

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Images (c) Thierry Bouüaert & Bamboo

Photo de l’auteur : (c) Nicolas Anspach - Reproduction Interdite sans autorisation préalable.

 
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