Ces deux premiers tomes parus le 10 avril dernier mettent en image les vies de Saint Pierre dans Saint Pierre, une menace pour l’Empire romain et Léon Ier dans Léon le Grand, Défier Attila. Les tomes suivants seront consacrés aux papes : Urbain II, Clément V, Alexandre VI, Pie VII, Pie XII et enfin Jean-Paul II.
Cette nouvelle collection, recommandée par le magazine Historia, est dirigée par Hervé Langlois. Il y fait intervenir le journaliste et écrivain français Bernard Lecomte en tant que consultant historique. Ce dernier est l’auteur notamment des ouvrages Jean-Paul II chez Gallimard en 2003, Benoit XVI, le dernier pape européen chez Perrin en 2006 ou encore Les Papes qui ont changé l’Histoire chez Gründ en 2014. Le journaliste clôture chacun des albums par de brefs dossiers documentaires qui viennent compléter la lecture.
Comme à l’habitude chez Glénat, promoteur du concept des séries multi-auteurs, plusieurs scénaristes, dessinateurs et coloristes sont convoqués. Pour ce premier tome sur Saint Pierre, ce sont les Français Pat Perna et Marc Jailloux qui sont à l’œuvre. Pat Perna est un scénariste qui s’est déjà frotté à des scénarios historiques avec sa série Forçat en deux tomes, paru aux éditons Les Arènes ou encore dans sa biographie remarquable de Darnand, bourreau français dont le dernier tome paraîtra aux éditions Rue de Sèvres le 28 août prochain. Quant à Marc Jailloux, ancien assistant de Jacques Martin, nous le connaissons pour son excellent travail sur la série Alix, dont il est le dessinateur référent.
Dans ce premier numéro de la série, les auteurs mettent en scène Pierre, agonisant, crucifié, à l’époque du massacre des chrétiens qui suivit le grand incendie de Rome de 64. L’Empereur se trouve alors être Néron. Il serait à l’origine de l’incendie de Rome et aurait fait accuser les chrétiens, alors considéré comme une secte. Historiquement parlant, la responsabilité de Néron dans ces évènements est remise en cause. Un point semble toutefois faire consensus : l’instabilité mentale de l’Empereur à ce stade de sa vie. Le lecteur découvre ainsi l’histoire de Pierre, nom que lui donna le Christ, à travers les souvenirs qui lui reviennent alors qu’il attend la mort. Pierre y interroge sa propre foi.
Le second volume de la collection, consacré à Léon Ier, a été confié à la scénariste France Richemond (Les Reines de sang – Jeanne, la mâle reine chez Delcourt), et au dessinateur Stefano Carloni (Ils ont fait l’Histoire – Clémenceau chez Glénat/Fayard.) Ces deux auteurs n’en sont pas non plus à leur coup d’essai en termes de bande dessinée historique.
C’est cette fois la vie de Léon qui est couchée sur planches, de ses débuts remarqués dans les ordres, notamment grâce aux âpres négociations qu’il mena avec Attila, jusqu’à la mort du pontife, en passant par son accession au siège de Pierre en 440. Un pape unanimement salué par ses contemporains pour sa gestion de l’Église chrétienne occidentale, alors troublée par des différents d’ordre dogmatiques, alors que l’Empire romain vacille face à ce que l’on désigne communément par « les grandes invasions ».
En dépit d’un dessin réaliste crédible pour chacun des tomes, on reprochera à cette série son manque de sens critique dans l’approche historique de ses personnages. Surtout si on la confronte à d’autres ouvrages, plus distanciés, traitant de la même période, comme "La Véritable Histoire vraie"d’ Attila. Exit les notes de bas de page faisant référence à des débats historiques en cours, les auteurs prennent résolument parti et nous content l’Histoire tel qu’ils la conçoivent, quelque peu hagiographique.
Ainsi, à travers le personnage de Léon, les auteurs soutiennent la thèse d’une Église supplantant le pouvoir politique romain au Ve siècle ap. J.-C., soit peu de temps avant sa chute, en 476. Les difficultés politiques, économiques et sociales s’accumulent et les empereurs d’alors ne trouvent pas les solutions adéquates. En ces périodes de trouble, l’Église romaine tenta de maintenir la cohésion de l’Empire par la foi. Le dessin, que l’on qualifiait de réaliste un peu plus haut, vient renforcer l’apparente véracité que souhaitent transmettre les auteurs. Or, cette thèse, sans être fausse, est en réalité à nuancer et est encore discutée par les historiens de nos jours.
En résumé, si la série "Un Pape dans l’Histoire" pêche d’un point de vue didactique, elle peut toutefois emporter la conviction si on l’aborde du point de vue du dogme religieux, notamment grâce à des dialogues justes et élégants. C’est ce qui s’appelle ne pas se tromper de cible...
(par Thomas FIGUERES)
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Un Pape dans l’Histoire, T. 1 : Saint Pierre, Une Menace pour l’Empire romain, par Pat Perna et Marc Jailloux. Éditeur : Glénat/Le Cerf. Sortie : 10 avril 2019. Prix : 14,95 euros.
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Un Pape dans l’Histoire, T. 2 : Léon le Grand, Défier Attila, par France Richemond et Stefano Carloni. Éditeur : Glénat/Le Cerf. Sortie : 10 avril 2019. Prix : 14,95 euros.
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Illustrations : DR : Glénat/Le Cerf
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