dBD 170 : Découvertes et révélations

Consacrer un album au sculpteur Brancusi relève-t-il de l’audace ? On ne pourra reprocher Arnaud Nebbache l’auteur de cet ouvrage et à son éditeur de céder à la facilité, aux récits d’autofiction, aux sujets mainstream, voire sexy. Il fallait oser s’attaquer à un sujet plutôt anecdotique : le refus des autorités américaines de laisser entrer le sculpteur et son œuvre L’Oiseau dans l’espace sur le teritoire des Etats-Unis sans acquitter la taxe exigée pour les marchandises d’importation, en lui déniant le statut d’œuvre d’art. L’artiste refusa cette qualification et fit un procès à l’administration. Cela donne un premier album Brancusi contre Etats-Unis (Dargaud) dont la découverte a manifestement séduit la rédaction de dBD qui consacre un long entretien à l’auteur et en fait la couverture de son numéro de février

Avec Yann Damezin, c’est à une autre découverte que nous convie le magazine : le jeune auteur de Majnoun et Leili, édité par la Boîte à bulles fait l’objet d’un portrait aussi élogieux qu’érudit et une présentation de son travail à la démarche originale.

Florian Pigé et Etienne Gerin redécouvrent pour nous les années 1970 et une Amérique vintage dans un exercice scénaristique et graphique qui va bien au delà de la nostalgie pour Babyboomers. L’itinéraire de leur anti-héros, star déchue du baseball reconverti dans le cinéma de bas étage avant de signer un curieux pacte faustien en vue de recouvrer sa vie passée, Speedball, paru chez Sarbacane a manifestement séduit les chroniqueurs .

Révélations encore, avec la terrible affaire du Mediator. Ce coupe-faim déguisé en médicament pour diabétique (ou l’inverse !) fut à l’origine d’un des plus grands scandales sanitaires de ces dernières années. Après le livre et le film (La Fille de Brest), Irène Frachon, et Eric Giacometti ont choisi de remettre le sujet sur la table dans un épais volume paru chez Delcourt. Une interview croisée dans ce numéro.

Il serait illusoire de réduire cette publication à une compilation de découvertes ! Les 50 ans du Festival d’Angoulême ou la reprise de Thorgal par Robin Recht ne sont pas à proprement parlé des « révélations », loin de là ! Néanmoins, l’axe retenu par la rédaction pour traiter ces deux sujets permet d’en élargir une vision qui privilégie souvent l’aspect anecdotique.

Herald Najar, Max de Radiguès et Pierre Maurel figurent également en bonne place de ce numéro. Pas forcément des révélations ? Mais qui s’en plaindrait ?

Terminons enfin par ce qui n’est hélas pas une révélation : la presse va mal ! Nos confrères de dBD ne sont hélas pas à l’abri de cette crise. Nous avons déjà eu l’occasion ici de vous alerter sur ces difficultés et l’importance de soutenir les dernières publications généralistes indépendantes, compléments utiles et nécessaires à votre information.