Chez Hachette Livre qui contrôle les Éditions Albert-René depuis leur rachat en 2008, on aime bien les chiffres. On vous dit que le nouvel Astérix tirera à cinq millions d’exemplaires dont deux pour la France et 1,3 millions pour l’Allemagne. On vous parle d’un Parc Astérix qui fait 2 millions de visiteurs par an (54 depuis sa création voici trente ans). Et des millions de téléspectateurs. On aime vous dire que c’est l’album de BD le plus vendu au monde, ce qui est faux : le western Tex, chez Bonelli, et One Piece, chez Shueisha, dépassent le chiffre annoncé de plus de 385 millions d’albums vendus sur la planète.
Mais ne chipotons pas : Astérix reste un phénomène et 5 millions d’albums à imprimer, c’est un vrai défi technique, réparti sur quatre imprimeries, « en Europe et en France chez Pollina, où sont également fabriquées toutes les réimpressions », nous précise Isabelle Magnac, présidente des éditions Albert-René. Quand au fonds, les ventes ont progressé de 25% cette année, nous dit-on chez Hachette. Énorme…
Et cela devrait encore progresser dans les prochains mois puisqu’un nouveau film live d’Astérix, L’Empire du milieu, tourné par Guillaume Canet devrait sortir bientôt. « Nous avons vu les images, nous dit Isabelle Magnac, elles sont sublimes. » Et puis il y a une mini-série de dessins animés réalisés par Alain Chabat pour Netflix. « Cela devrait étendre encore la notoriété d’Astérix dans le monde », conclut Céleste Surugue, le directeur général d’Albert-René.
Didier Conrad, le dessinateur actuel d’Astérix qui habite Austin, au Texas, USA, n’a pas pu faire le voyage jusqu’à nous car, souffrant, pris d’une forte fièvre (mais pas la Covid, son test est négatif), il n’a pas pu passer les frontières. Dommage car il aurait pu raconter son investissement dans cet album qui a pris plus de trois mois supplémentaires pour la réalisation. « C’était une performance, dit Céleste Surugue, car les décors ne sont plus le village d’Astérix mais un tout nouveau décor imaginaire emprunté à la Mongolie, au Kazakhstan. » « Il a bossé durement, renchérit Jean-Yves Ferri, c’est un album qui ressemble à un conte… ».
Réalisation : D. Pasamonik et A. Delion.
Alors où vont nos Gaulois cette fois-ci selon la règle devenue immuable d’une aventure sur deux se passant en dehors du village ? Chez les Sarmates ? Kesako ? Un peuple -mythique ; on peut donc inventer- situé quelque part entre la Mer noire et la Mer Caspienne, habitant des espèces d’isbas, tandis que le chamane du village loge dans une yourte. Et surtout, une tribu sauvage qui doit contrer les soldats de César venus capturer le griffon, leur animal totémique.
Un animal mythique dans les hauteurs enneigées aux confins du monde ? Le Yéti ? L’hommage à Hergé est présent au début de l’album. Dans l’expédition, un soldat de César, le centurion Dansonjus, un gladiateur spécialisé dans le combat avec les animaux, Jolicursus, et Terinconus, un géographe qui a les traits de Michel Houellebecq, le célèbre auteur de La Carte et le territoire. On n’en saura pas plus.
Puis on nous fait découvrir la couverture de l’album. Très réussie, Conrad est à son sommet. Elle a un côté western, ou plutôt « eastern » puisque nos héros pérégrinent vers l’Est. Un journaliste (Jérôme Lachasse de BFM TV) pose la question : « Il fait froid, ils portent mitaines et écharpes, mais ils sont encore à demi nus, comment font-ils ? » La potion magique reste la meilleure solution…
Il ne nous reste plus qu’à attendre quelques jours avant de découvrir l’album qui sort dans son format classique à 9,90 €, en 17 langues, et pour la France, une édition de luxe à 39 €.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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