Romans Graphiques

Aurelia Aurita, Prix Wolinski-Le Point 2022

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 18 novembre 2022                      Lien  
On n’avait pas encore eu le temps de chroniquer « La Vie gourmande » d’Aurelia Aurita (Casterman) sur ActuaBD.com. Fichue fin d’année où les nouveautés tombent comme à Gravelotte ! Et pourtant, c’est l’un des romans graphiques importants de cette fin d’année. Le Prix Wolinski-Le Point créé en 2015, Christophe Ono-Dit-Biot, comme nous, ne voit pas passer le temps, vient nous rattraper et donner un éclairage bienvenu sur cet album. De quoi parle-t-il ? D’une vie dont on goûte toutes les saveurs avec gourmandise, en dépit d’événements, comme la mort ou comme un cancer du sein, qui tentent de vous empêcher de la croquer à pleines dents.
Aurelia Aurita, Prix Wolinski-Le Point 2022

Pourquoi on n’est pas surpris ? Le Prix Wolinski-Le Point, parrainé d’abord par Georges Wolinski, puis par sa femme Maryse, puis par sa fille Natacha, nous habitue, année après année, à ses choix singuliers. L’année dernière, c’était Simon Spruyt avec son Tambour de la Moskova (Le Lombard). Lors de la proclamation de la lauréate, Natacha Wolinski nous révéla que c’est son père qui faisait la cuisine à la maison et que bon nombre de ses souvenirs familiaux sont liés aux saveurs de la cuisine paternelle.

Aurelia Aurita
Photo : Isabelle Francosia / Casterman

Ce n’est pas autre chose qui est raconté dans le roman graphique autobiographique d’Aurelia Aurita. Il s’ouvre sur une veillée mortuaire. La grand-mère de l’artiste est morte, en bonne santé, dans son sommeil, à l’âge de 80 ans. Elle avait quitté le pays des « Khmers rouges » pour venir habiter en France. Le lendemain, elle devait recevoir sa famille et, fine cuisinière, elle avait préparé une sorte de pot au feu cambodgien. Ce sera le repas de ce jour terrible. Une sorte d’héritage spirituel…

Parallèlement, dans le contexte d’un ouvrage conçu avec Benoit Peeters qui est un peu le « mentor » d’Aurelia Aurita dans le petit monde de la bande dessinée, Comme un chef (Casterman), qui sont un peu les « souvenirs culinaires » du scénariste des Cités obscures, elle se retrouve les jours suivants dans le restaurant du grand chef parisien Pierre Gagnaire, à déjeuner avec Benoit Peeters, fin gourmet comme on sait, mais surtout à dessiner côté cuisine où elle décrit les pratiques et les personnes qui œuvrent en coulisse. Elle reste debout, dans son coin, pendant des heures, alors qu’elle est sous traitement pour son cancer du sein dont elle parle sans entrave. C’est cela, Aurelia Aurita : un œil d’une parfaite acuité, un art inouï de narrer les petits faits de la vie, en même temps qu’un ton de vérité que l’on peut confondre avec de l’impudeur.

La Vie gourmande d’Aurelia Aurita (Casterman)

Il fallait voir, mercredi, la ferveur avec laquelle Natacha Wolinski parlait de cet album qu’elle a défendu face à un jury de personnalités de la BD (Florence Cestac, Catherine Meurisse, Jul, Ugo Bienvenu…) et de journalistes, de sa voix qui compte double. Elle a permis l’élection d’un album très personnel marqué par l’intelligence (narrative notamment), la remarquable qualité d’écriture, qui s’avère être aussi une nouvelle Physiologie du goût.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782203212398

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