Après avoir battu les trois chasseurs de vampires, Araragi pensait enfin recevoir sa récompense et redevenir humain, mais évidemment la réalité n’est pas aussi simple. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été prévenu par quasiment tous ceux qu’il a rencontrés ces derniers temps, à savoir que les vampires vivent dans un univers mental bien différent du nôtre.
En effet, comme toujours Oh ! Great se joue autant du lecteur que le récit écrit par NisiOisiN, nous faisant douter à quelques moments, pour finalement arriver à la renaissance de Kiss-Shot qui culmine avec une jolie nuit dans un parc d’attraction. Evidemment notre héros, et peut-être également le lecteur, avait oublié la nature de Kiss-Shot et il y a un problème !
De nouveau, Tsubasa intervient pour remettre sur les rails notre héros déprimé en lui proposant un plan, tout en acceptant ses demandes douteuses. Il n’y a qu’Araragi pour ne pas comprendre la réalité de la situation et à cause de cela, il réussit à mettre Tsubasa en colère, fait rarissime. Bref, dans les deux cas, que ce soit avec Kiss-Shot ou avec son amie, Araragi apparaît en décalage avec la réalité, ne saisissant pas parfaitement leur intention, alors qu’elles font ce qu’elles lui annoncent.
Sur la scène avec Tsubasa, qu’il développe sur de nombreuses pages, Oh ! Great s’en donne à cœur joie avec des têtes d’Araragi aussi affreuses qu’hilarantes et une Tsubasa au sex-appeal irrésistible. Il s’agit certainement d’un des tomes les plus grivois mais cette scène, mêlée aux analyses pointues de la jeune fille, la transforme en une véritable introspection, aussi maline que coquine.
De plus le contraste apparait saisissant, voire surprenant, entre d’un côté l’image habituelle de sainte presque inaccessible de Tsubasa aux yeux d’Araragi, et de l’autre l’innocence et la bonne camaraderie qu’il a développé avec Kiss-Shot, qui révèlent ici, et toutes les deux, un aspect mangeuse d’homme, mais pas dans le même sens.
L’habileté des auteurs à détourner les clichés et les situations codifiées pour les investir d’un regard perçant et burlesque demeure donc toujours aussi impressionnante. Mais surtout, ils s’amusent avec ces éléments sans jamais les dénigrer ou les condamner, conférant à l’œuvre une justesse de ton et une connivence malicieuse avec le lecteur. Un des titres majeurs du moment.
(par Guillaume Boutet)
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Bakemonogatari T. 13. Par Oh ! Great (dessin) et NisiOisiN (scénario). Traduction Yohan Leclerc. Pika Édition, collection "Shônen". Sortie le 2 mars 2022. 192 pages. 7,20 euros.
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