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Bilan de la Japan Expo 2022 : moins de monde, moins de Japonais mais plus d’activités.

Par Kelian NGUYEN le 18 juillet 2022                      Lien  
Si les traditionnels concours de Cosplay, les Prix Daruma, les stands de figurines et les files interminables de fans attendant leurs dédicaces étaient bien présents, le retour de la Japan Expo, après trois ans de crise sanitaire, ne nous est néanmoins pas apparu comme une victoire pleine et parfaite, même si nous y avons passé de bons moments.

Ce qui marque tout de suite en découvrant l’édition 2022 de la Japan Expo, outre la joie incommensurable de pouvoir retrouver cette grande fête populaire, c’est l’absence de foule, même si le Parc des expositions de Villepinte ne manquait pas de visiteurs. Mais nous avons le souvenir d’éditions précédentes où il était quasiment impossible de se déplacer dans les allées. Est-ce l’effet des mètres carrés supplémentaires, une meilleure gestion des flux, la peur du Covid ou de la chaleur, un retard sur les habitudes ? Difficile à départager. À noter aussi que le festival a eu lieu une semaine plus tard que les éditions précédentes, en plein week-end de quatre jours, en débutant le 14 juillet, jour de fête nationale, qui plus est jour de l’étape de l’Alpe d’Huez sur le Tour de France 2022.

Bilan de la Japan Expo 2022 : moins de monde, moins de Japonais mais plus d'activités.

En ce week-end qui s’annonçait caniculaire, en tout cas, il a fait bon se balader dans les allées du troisième plus gros salon de France. Louons l’organisation pour sa gestion de la température ainsi que celle des affluences avec le passage au tout numérique. Il n’y a pas eu d’effet "Stade de France", M. Darmanin peut souffler.

Regrettons tout de même l’offre de repas présente sur le salon. Les boutiques étaient toutes très chères pour une qualité moyenne des mets proposés. Les marchands n’étaient, surtout, pas assez nombreux pour pouvoir encaisser le rush des 200 000 bouches à nourrir entre midi et deux.

Côté ambiance, la foule était bouillante et impatiente de retrouver enfin la fête qu’est la Japan. En dépit de la pandémie, les costumes et les pancartes Free hugs étaient de retour. Les files d’attente se sont amassées. De grandes affluences ont été remarquées sur les stands Glénat, Webtoon ou One Piece RED. Les sacs remplis de goodies exclusifs et de montagnes de livres se sont entrechoqués durant les quatre jours.

La foule était évidemment aux rendez-vous des différents concours de Cosplay.

Elle s’est aussi amassée -fait pas si courant- pour la remise des Prix Daruma, équivalent des fauves d’or du festival d’Angoulême. Ces prix, remis de concert par un jury de professionnels et par les votes du public, déterminent les tendances manga et animés de l’année. La hype de la culture pop asiatique se joue aux Daruma et dans les costumes de la Japan.

Le palmarès est le suivant :

- Daruma d’or Manga : Spy x Family, de Tatsuya Endō (Kurokawa)
- Daruma du meilleur scénario : Chainsaw Man, de Tatsuki Fujimoto (Kazé), - Daruma du meilleur dessin : Chainsaw Man, de Tatsuki Fujimoto (Kazé)
- Daruma du meilleur manga d’action : Chainsaw Man, de Tatsuki Fujimoto (Kazé)
- Daruma du meilleur animé d’action : Demon Slayer : Kimetsu no Yaiba - Le Quartier des plaisirs, de Haruo Sotozaki (ufotable)
- Daruma de la meilleure création originale : SK8 the Infinity, de Hiroko Utsumi (bones)
- Daruma de la meilleure fabrication : Fullmetal Alchemist Perfect Édition, de Hiromu Arakawa (Kurokawa)
- Daruma de la meilleure bande originale : Demon Slayer : Kimetsu no Yaiba - Le quartier des plaisirs, de Haruo Sotozaki (ufotable)
- Daruma du meilleur one-shot : Death Note Short Stories, de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata (Kana)
- Daruma du meilleur long-métrage d’animation : Demon Slayer -Kimetsu no Yaiba : Le Train de l’Infini, de Haruo Sotozaki (ufotable)
- Daruma du meilleur manga tranche de vie : Blue Period, de Yamaguchi Tsubasa (Pika)
- Daruma du meilleur animé tranche de vie : Komi cherche ses mots, d’Ayumu Watanabe et Kazuki Kawagoe (OLM)
- Daruma du meilleur manga à suspense : Time Shadows, de Tanaka Yasuki (Kana)
- Daruma du meilleur animé à suspense : Moriarty the Patriot, de Kazuya Nomura (Production I.G.)
- Daruma du meilleur Opening : Jujutsu Kaisen : Vivid Vice, de Who-ya Extended (MAPPA)
- Daruma du meilleur Ending : L’Attaque des Titans - Saison Finale : Shock (MAPPA)
- Daruma du meilleur anime de romance : Fruits Basket - Final Season, d’Akitarū Daichi (TMS ENTERTAINMENT)
- Daruma du meilleur manga de romance : The Quintessential Quintuplets, de Haruba Negi (Pika)
- Daruma du meilleur French Touch : Jizo, de Mr. Tan et Mato (Glénat)
- Daruma du meilleur nouveau manga : Les Carnets de l’Apothicaire, d’Itsuki Nanao et Nekokurage (Ki-oon)
- Daruma du patrimoine : Slam Dunk, de Takehiko Inoue (Kana)
- Daruma de la meilleure réalisation : Demon Slayer : Le Train de l’infini / Le Quartier des Plaisirs, de Haruo Sotozaki (ufotable)
- Daruma du meilleur animé : Demon Slayer : Le Train de l’infini / Le Quartier des Plaisirs, de Haruo Sotozaki (ufotable).

Des nominations et des récompenses jugées décevantes par notre spécialiste Malgorzata Natanek qui regrette de ne voir que des grands noms récompensés plus par popularité que par mérite dans certaines catégories.

Cette édition 2022 de la Japan Expo est aussi marquée par l’absence de grands auteurs japonais. Ce qui laisse évidemment de la place à la production européenne et surtout française, Cocorico ! Mais ce qui laisse aussi les fans un peu sur leur faim.

Pour se consoler, la plupart ont pu griller leurs économies dans les dédales des stands marchands. Mais comme le souligne notre collaborateur Sacha Puaux, les plus beaux et intéressants étaient souvent ceux des indépendants.

Point positif : l’augmentation des activités et goodies... gratuits ! « Ils font toujours du bien au moral et surtout au porte-monnaie en ces temps d’inflation » analyse notre collaborateur Gabriel France.

Toujours dans le domaine des déceptions, la partie Amazing, l’événement célébrant la pop culture non-japonaise. Les exposants ne faisaient pas foule. Esseulée en fond de convention, peu animée et surtout avec de grands espaces vides, la zone avait beaucoup de mal à vivre, enclavée entre les grands éditeurs et les cosplayeurs, d’autant que bon nombre d’acteurs non-japonais ont préféré se fondre dans l’événement nippon.

C’est d’ailleurs le point le plus saillant de ce bilan : la difficulté pour Japan Expo de séparer ces exposants de ceux du pays du Soleil Levant. Nous l’avons déjà mentionné : les têtes d’affiche japonaises étaient manquantes cette année. L’ensemble du salon a dû s’adapter.

Outre la présence de la zone Amazing, l’arrivée en force des webtoons décentra un peu la Japan du manga-roi. À commencer par les deux sponsors principaux du festival qui n’ont pas mégoté pour faire connaître leur présence : Piccoma a inondé les allées d’éventails floqués de leur logo jaune et Naver a fait très grosse impression avec son immense stand Webtoon. Tous deux sont les plus gros éditeurs de webtoons coréens et ils s’implantent à marche forcée en France. La Japan Expo ne peut plus se permettre de célébrer uniquement la culture japonaise, elle est contrainte à s’ouvrir à une pop culture mondialisée. Quadrature du cercle...

(par Kelian NGUYEN)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Photos : Kelian Nguyen
Videos et montage : Kim Nguyen

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4 Messages :
  • je croyais qu’on parlait de culture, mais je constate qu’on parle bien d’un projet industriel de masse avec tous les termes liés au capitalisme le plus agressif et vain. Je me réjouis de la contre performance de la Japan expo dont vous faites écho, je plaide pour moins de mangas en librairies et plus de protectionnisme pour les productions de nos artistes.

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    • Répondu le 20 juillet 2022 à  07:27 :

      Si vous avez étudié l’économie, vous savez que les politiques protectionnistes font partie de ce que vous appelez le « capitalisme le plus agressif ». Les pays les plus libéraux sur le plan économique sont souvent les premiers à promouvoir des politiques protectionnistes, cf récemment l’Amérique de Trump. Mais n’est-ce pas vous qui écriviez en substance l’autre jour « ce que nous font les mangas est horrible, nous devons faire pareil » ?

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    • Répondu par patrick le 26 juillet 2022 à  15:42 :

      bonjour
      je ne comprends où vous voulez en venir..
      "nos artistes", c’est à dire ? Les français d’abord ?
      Vous ne voyez vraiment dans les mangas qu’un "projet industriel de masse" ? ?
      Il me semble que Naruto est tout autant culturel qu’Astérix ou Spider-man tout en faisant évidemment partie de l’industrie du livre...

      Répondre à ce message

  • Pourquoi est-on obligé de se farcir les commentaires xénophobes de Aaatchi sur tous les sujets relatifs au Japon, au manga etc ? Il n’y a donc plus de modération sur Actuabd ?

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