Le jour où Nio et sa sœur sont sauvés d’un kidnapping par Toshizô Hijikata et Sôji Okita tout bascule. Frustré par son impuissance à aider son prochain et désireux de changer le monde, le jeune Nio rejoint le groupe de ces samouraïs surnommés les Miburo et devient le troisième loup.
Après avoir travaillé sur des mangas de sport, Tsuyoshi Yasuda propose cette fois une histoire de sabre. Grâce à son expérience, il démontre dans ses planches une maîtrise du mouvement et du dessin du corps.
Très vite l’intrigue met en avant une réflexion du héros autour de la justice, le fil conducteur du titre. Le combat mené n’est pas celui du bien contre le mal mais celui entre des formes de justices différentes. Certains sont prêts à tuer et voler pour rendre justice ou survivre. Le récit aborde donc la construction de la vision du garçon encore très jeune. Les situations auxquelles se confronte le héros soulignent la complexité du sens de la justice.
C’est d’ailleurs un protagoniste qui fait preuve de courage et d’empathie pour les autres. Sa sensibilité et sa gentillesse en font une personne touchante. Au premier abord, il semble ne pas avoir sa place dans la bande avec sa faible maitrise du sabre mais il apporte un vent de fraîcheur et d’espoir pour les générations à venir. Extérieur à ce monde sanglant et conscient de ce qui l’entoure, il est le seul à pointer du doigt l’inacceptable. Ce n’est pas tout. Il fait également preuve de perspicacité, un atout majeur qui sert à discerner les intentions des autres.
De plus, tout ce développement se fait sur fond historique. En effet, les péripéties de Nio se déroulent à Kyôto en 1863. Ce contexte permet d’introduire le Shinsengumi [1] avec ses membres très célèbres comme Nagakura Shinpachi, ou encore Hijikata Toshizō. Des figures historiques devenues assez communes dans ce genre d’œuvre. Ici ils apparaissent comme un groupe tantôt étrange et chaleureux, tantôt redoutable et violent.
Finalement dans Blue Wolves, nous suivons des samouraïs légendaires dont l’ajout du personnage de Nio contribue à rendre la narration différente des mangas qui traitent l’histoire du Shinsengumi vue et revue. Effectivement, le garçon (très bien écrit) apporte un questionnement humain pertinent dans le quotidien sanglant de ces guerriers. En lisant les tomes, le lecteur est ainsi confronté à l’opposition constante d’idéaux.
(par Malgorzata Natanek)
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[1] Le Shinsengumi était un groupe de samouraïs de la fin du shogunat Tokugawa.