Briar, La Rebelle au bois dormant T. 1 - Par Christopher Cantwell & German Garcia - Ed. Urban Comics

À défaut d’un conteur encore en vie, Briar prend les commandes de la narration pour nous conter son histoire. Nous sommes loin du baiser magique et du happy-end escomptés. Hormis la belle endormie, la vie a suivi son cours dans le royaume de Chardoncel. La reine est morte de chagrin après la malédiction de sa fille, le roi s’est lancé dans des guerres interminables pour soulager sa peine et quand, enfin, le prince est arrivé, ce dernier a estimé qu’il pouvait très bien être marié sans avoir à réveiller la princesse.

On peut véritablement dire que « La Belle au bois dormant » aura eu toutes les adaptations possibles entre celle de Charles Perrault où elle est violée par le prince et mère inconsciente de jumeaux nés avant qu’elle ne se réveille ; la version de Disney beaucoup plus édulcorée, les films « Maléfique » ou encore la trilogie d’Anne Rice (connue pour son best-seller « Entretien avec un vampire ») qui a porté le conte jusqu’au rayon de romans pour public très avertis.

Christopher Cantwell & Germán García ont, quant à eux, opté pour une rébellion de la belle une fois réveillée au bout de cent longues années de sommeil. Le monde a radicalement changé. Son royaume est en ruine, plus personne ne connaît sa légende. Quant aux fées marraines, elles sont toutes sont mortes à l’exception de celle qui lui a jeté le sort fatal. Il est donc l’heure, pour Briar, de se venger avec l’aide de compagnons rencontrés au fils de son voyage : une guerrière du nord à la peau bleue et aux traits plutôt africains, un apprenti-sorcier androgyne et maigrelet et même un ancien héros de légende squelettique, au sens propre du terme, réveillés d’entre les morts pour aider Briar dans sa quête. Une belle brochette de héros inattendus face à des sorcières nihilistes, un chasseur de primes surpuissant et même des gnomes aussi féeriques que dans les souvenirs de la princesse…

Le ton employé par Christopher Cantwell est nouveau et plutôt sardonique. La langue est peu châtiée, prompte aux injures contemporaines susceptible de sans doute de rallier un public plus jeune. Ce qui surprend dans un contexte, certes post-apocalyptique, mais toujours médiéval comme il sied à un univers de Fantasy.

Le graphisme de Germán García est à l’unisson. Son trait fin et dynamique, voire pop s’accorde à la colorisation de Matheus Lopes dont les couleurs chatoyantes en début d’ouvrage s’enfoncent dans une succession de teintes qui varient selon les lieux et les adversaires à combattre. Un dessin très clairement destiné aux adolescents et jeunes adultes partageant la même tranche d’âge que les protagonistes principaux.