Il y a treize ans, la vie d’Anzu Murata, âgée d’une dizaine d’années, a basculé lorsque sa maison fut détruite par un incendie. Officiellement la cause ne fut jamais établie, mais sa mère s’accusa de l’accident en raison de ses troubles de santé et d’un potentiel oubli dans la cuisine. Elle divorça et éleva seules ses deux filles, tandis que leur père, médecin à la tête d’une clinique de quartier, refaisait sa vie.
De nos jours, alors qu’Anzu et sa jeune sœur mènent une vie compliquée en raison de l’hospitalisation de leur mère, ce passé refait surface au détour d’une publication sur les réseaux sociaux. Les deux sœurs y découvrent que l’ancienne amie de leur mère tient un compte de "Femme au foyer moderne", qui remporte un certain succès, mais surtout qu’elle s’est mariée à leur père il y a une dizaine d’années. Anzu se souvient alors de certains détails du jour de l’incendie...
Elle décide donc de s’infiltrer chez cette femme en tant qu’aide ménagère. La maîtresse de maison, Makiko Mitarai, femme entièrement tournée vers les apparences et à la poigne de fer, lui impose des règles particulièrement contraignantes. Notre héroïne va devoir jouer sur plusieurs tableaux pour trouver les preuves liées à sa culpabilité et percer les secrets de cette famille loin d’être parfaite.
Publié au Japon de 2017 à 2021, dans les pages du magazine Kiss (Princess Jellyfish, Perfect World, Tokyo Tarareba Girls) de Kôdansha, le manga de Moyashi Fujisawa se présente comme un thriller avec pour terrain d’affrontement une maison de notable. Bien que le début joue la carte de l’énigmatique, révélant les véritables enjeux au fur et à mesure, le mystère ne semble a priori pas si complexe que cela.
Bien évidemment les choses ne vont pas se passer comme prévu pour notre héroïne : les faux-semblants se révèlent plus profond qu’au premier abord et le quotidien de cette famille très atypique. Mais au-delà de la dimension d’intrigue à tiroirs, la mangaka excelle dans les jeux de regards, jouant des poses et des ruptures d’ambiance pour surprendre aussi bien le lecteur que l’héroïne.
Netflix ne s’y est pas trompé en adaptant Burn the House Down en série-live. Sortie cet été sur la plate-forme, Akata profite donc de cette actualité pour publier la version manga et originale. Une histoire riche en suspense et en rebondissements, jouant habilement des codes de la société japonaise et des réseaux sociaux, et en ficelant le tout à travers un fil thriller tout à fait réussi.
(par Guillaume Boutet)
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Burn the House Down T1 & T2. Par Moyashi Fujisawa. Traduction : Constant Voisin. Editions Akata. Sortie le 8 juin 2023 & le 24 août 2023. 180 pages. 6,99 euros.