À ses débuts dans les années 2000, Mathieu Sapin s’était distingué avec son "super-anti-héros" Supermurgeman, puis il s’était fait une place comme auteur jeunesse, traçant sa voie dans le sillage de ses prestigieux confrères et consœur Joann Sfar, Emmanuel Guibert et Marguerite Abouet avec Sardine de l’espace puis Akissi.
Il se lança ensuite dans la veine de la BD de reportage avec Feuille de Chou : journal d’un tournage, making of de Gainsbourg, vie héroïque, premier long-métrage de Joann Sfar. S’ensuivirent Journal d’un Journal où il passe six mois dans les coulisses du quotidien Libération, puis Campagne présidentielle, où il suit les pas de François Hollande jusqu’à l’Élysée, un ouvrage qui s’emmanche avec Le Château, chronique de la vie du "président normal" dans le palais de la République, de 2013 à 2015. Enfin avec Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu, il raconte le quotidien du grand acteur, notamment dans ses tribulations en Russie. En 2018, Sapin réalise son premier long-métrage inspiré de son expérience de chroniqueur des gouvernants : Le Poulain, mettant en scène des communicants de la politique.
Or, voici que l’on annonce son nouveau projet : Comédie française. Une chronique politique encore ? Oui, mais mâtinée d’une touche "grand siècle" de la part de celui qui est devenu une sorte de Saint-Simon de la la bande dessinée. Prévu pour le 9 octobre 2020 chez Dargaud, ce livre mettra en parallèle la trajectoire de Jean Racine, auteur courtisan de Louis XIV et la sienne dans l’entourage du président Emmanuel Macron. On mesure l’ironie...
Art, Histoire, autodérision et politique, les ingrédients ne manquent pas pour mettre en scène ce règne jupitérien avec le talent qu’on connaît de Sapin pour faire saillir l’anecdote signifiante avec impertinence et drôlerie.
Le piquant est que l’annonce de cette parution vient d’être relayée sur Twitter par Gaspard Gantzer, l’ancien communicant de François Hollande devenu conseiller de Paris après avoir tenté d’en être le premier magistrat. Peut-être s’est-il reconnu en lisant les épreuves...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par Jaime Bonkowski de Passos)
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