La première vie de Julie Delporte a été hétérosexuelle. Elle y vit des traumatismes sexuels qui, aux yeux de la société, sont banals. Pour l’autrice, ce n’était pas une vie mais une survie. Il était difficile de poser des limites. Dès l’enfance, certains événements marquent le ressenti de son corps, tels que le choix des vêtements, les intrusions de thermomètres, les manipulations de médecins.
Lorsqu’elle se pose des questions sur sa sexualité, elle dénonce les clichés qui lui collent à la peau. Ne pas avoir envie de sexe ? C’est prude. Pour plaire au garçon ? Il faut être féminine.
Après un travail de déconstruction et grâce à diverses inspirations féminines, elle commence sa deuxième vie à 35 ans. Elle choisit de devenir lesbienne. C’est une libération, une nouvelle vision de son corps. Elle apporte une réflexion sur le désir pour faire un pas vers l’émancipation.
Les dessins n’illustrent pas tels quels le texte dur et réaliste. Les fleurs et les formes végétales remplies de détails ponctuent avec poésie et douceur le propos. Un coquillage, une feuille, tant de petites choses si riches qui, si on prend le temps de les observer, remplissent la vie de beauté. L’humain est traité avec autant de minutie que la nature.
Ces images aux crayons de couleur apportent des respirations dans le parcours de cette réflexion éprouvante. Elles montrent que, malgré les blessures, la vie continue. Certaines images portent l’imagination du lecteur : est-ce l’intérieur d’un caillou, le dessus d’une souche d’arbre ou un lien avec les textes ?
Tantôt abstraite, tantôt représentative, la diversité des images apporte une dynamique de lecture autant que le récit.
C’est une œuvre qui donne matière à penser sur le vivant.
(par Aurélie MONTEIX)
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