Si vous avez raté nos précédents articles consacrés respectivement au lancement de ce nouveau magazine puis aux deuxième et troisième numéro de celui-ci (voir ci-dessous, en fin d ’article), sachez que Tintin c’est l’aventure est un mook né de la collaboration ente Géo et Moulinsart. Un concept qui peut sembler étrange, mais qui prend tout son sens dès que l’on ouvre le magazine : les aventures de Tintin sont le prétexte idéal pour des reportages aussi passionnants que dépaysants, Moulinsart dévoilant la documentation rassemblée par Hergé et des auteurs de bande dessinée invités livrant des récits inédits plus ou moins liés à la thématique abordée chaque trimestre.
Les numéros 4 et 5 ne dérogent pas à cette alchimie des plus réussies. Deux numéros d’un coup en kiosque ? Et oui, le confinement est passé par là, et le trimestriel des mois de mars, avril et mai est paru juste avant que les librairies ne ferment leurs portes. Résultat, l’éditeur a choisi de ressortir conjointement ce numéro 4 avec le suivant, le numéro 5 des mois de juin, juillet et août. Bon, vous n’en aurez pas deux pour le prix d’un (faut quand même pas rêver !), mais cela vous donnera l’occasion de feuilleter les deux numéros pour choisir celui qui conviendra le mieux, ou de doubler le plaisir.
Le rêve américain
L’un des grands attraits de Tintin c’est l’aventure réside dans le large public-cible. La revue n’est vraiment pas orientée que vers les ultra-connaisseurs d’Hergé. On peut juste avoir lu et apprécié les aventures jeune reporter pour y trouver tout son compte.
Dès les premières pages, nous sommes à nouveau séduits par la beauté des photos choisies alliées à la pertinence et la diversité des articles proposés, le tout toujours en lien avec des images tirés des albums de Tintin. On a beau connaître la formule, elle fonctionne toujours aussi bien, et elle ne cesse de nous étonner.
Ce numéro spécial US met bien entendu en avant la troisième aventure du héros : Tintin en Amérique. Un épais dossier est consacré à Hergé et sa démystification du rêve américain. L’article du rédacteur associé Daniel Couvreur consacré aux croquis du maître attire une fois de plus notre attention : illustration inédite en album destiné à un puzzle, dessin destiné à un roman paru en 1930, couverture du Petit Vingtième... Tous ces petits trésors rassemblés autour de cette thématiques de l’Amérique sont aussi passionnants à admirer qu’à en connaître l’origine. Le meilleur exemple ? Un croquis d’américains mort de rire pour un récit inédit qu’Hergé avait entamé en 1948... et qui resta à l’état de projet après une demi-planche.
Hergé n’est pas le seul à la fête, d’autres auteurs ont été invités dans ce numéro : Catel et Bocquet, bien connus de nos lecteurs pour leurs biographies de femmes célèbres et affirmées, s’approprie le fameux dépliant-BD avec une actrice rescapée du Titanic et qui a accepté de rejouer son rôle pour témoigner auprès du public. Deux interviews parachèvent ce tour d’horizon : la première de Johan de Moor pour parler de son père, Bob de Moor, l’un des plus fidèles collaborateurs d’Hergé ; et la seconde du non moins talentueux Max de Radiguès qui a récemment publié Seuls sont les indomptés chez Sarbacane.
Le numéro ne se limite non plus pas aux Amériques, car on y retrouve une interview de Nicolas Vannier, une étude sur les origines du personnage de Rackham le Rouge, un passionnant dossier consacré à l’archéologie, un trajet en brousse africaine et le carnet de voyage d’un couple de baroudeurs.
Enfin, un dernier article traite des traces de la Belgique qu’Hergé a semé dans tous ses albums. Pas toujours facile d’inventer un trottoir américain quand celui-ci de Bruxelles vous fait de l’œil.
Les mystères de la Chine
Le cinquième numéro nous entraîne aux antipodes du précédent, en Chine. Le Lotus bleu et la déterminante rencontre avec Tchang sont légitimement au centre du magazine. Nous n’allons pas reparcourir tous les articles ; ils présentent tous autant de beautés, d’intérêts et de variétés thématiques dans les quatre précédents numéros que nous avons déjà analysés.
Petit fait nouveau : le dépliant BD n’est cette fois pas un court récit ! Lorenzo Mattotti qui est l’invité de ce support hors normes a préféré proposer une superbe variation de peintures. Impressionnant.
Ce cinquième numéro comprend pourtant bien un vrai récit de bande dessinée, mais cette fois intercalé entre les autres articles. « Comme nous réalisons actuellement une série qui traite de la Chine, nous explique le couple d’auteurs invités Maryse et Jean-François Charles, Daniel Couvreur nous a proposé de réaliser une histoire dans ce cadre, et qui pourrait parler de la rencontre, en parallèle de l’amitié fortuite qui s’est tissée entre Tintin et Tchang. »
Non content de proposer d’étonnantes illustrations de la Chine, Jean-François & Maryse Charles livrent donc une superbe histoire entre un dessinateur et une jeune chinoise. Comme dans India Dreams, la romance se mêle au suspense, à l’aventure et à l’Histoire.
Cette Chine, ils l’ont visitée et cette rencontre, même s’ils l’ont imaginée, a des accents de vérité : « Que cela soit en rencontrant un ami de jeunesse que je n’avais vu depuis longtemps ou une personne à qui je suis présenté, j’ai été face à ces mêmes instants gênants : "- Que faites-vous dans la vie ? - Je suis dessinateur de bande dessinée." À ce moment, un sentiment presque de pitié apparaît sur le visage de mon interlocuteur : " - Oh… Et… vous parvenez à en vivre ? " Que voulez-vous répondre à cela ? Cela demande tant d’explications… ou aucune, qu’il vaut mieux privilégier la seconde option. C’est un peu ce que nous avons voulu glisser en représentant ce jeune artiste, épaulé par ses proches. »
Si Hergé et Tchang sont à l’honneur dans ce numéro, les rédacteurs n’oublient l’apport de Jacobs dans la version finale du récit, redessiné après-guerre. Daniel Couvreur et Didier Platteau dressent non seulement un portrait de l’auteur de Blake et Mortimer, mais republient également une planche signée à quatre mains par Hergé et Jacobs sous le pseudo d’Olav (publiée pour la première en 1979 dans Tom Colby de Paul Cuvelier chez Magic Strip en 1979) où l’on retrouve des éléments qui évoquent la version finale du Lotus bleu. Des éléments méconnus du grand public et qui trouvent ici un nouvel éclairage de choix.
Ajoutons des croquis méconnus ou inédits d’Hergé, les origines du décor de la fameuse couverture du Lotus bleu, les annotations dans les marges des dessins de la main de Hergé et d’autres trésors soigneusement rassemblés, qui nous permettent d’affirmer que Tintin c’est l’aventure est certainement une mine incontournable d’informations pour les amateurs d’Hergé, mais aussi sans aucun doute l’un des meilleurs mooks sur le neuvième art.
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
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le cinquième numéro consacré à la Chine sur BD Fugue, FNAC, Amazon.
Sur le même sujet, lire Moulinsart et GEO lancent un nouveau magazine : "Tintin, c’est l’aventure" et "Tintin, c’est l’Aventure"... des profondeurs aux sommets !.
Toutes les illustrations sont © Hergé - Moulinsart 2020..
Les images extraites de l’œuvre d’Hergé sont la propriété exclusive de Moulinsart SA.
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