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EXCLUSIF : l’hommage de François Boucq à Jean-Claude Mézières [PODCAST]

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 janvier 2022                      Lien  
François Boucq a deux actualités en février : « Un Général, des généraux » avec Nicolas Juncker (Le Lombard) et « Le Petit Pape 3,14 » chez Fluide Glacial. Mais, Grand Prix d’Angoulême comme Jean-Claude Mézières, il a interrompu sa tournée médiatique pour nous parler de son ami qu’il a rencontré pour la première fois alors qu’il avait 19 ans, grâce à Joseph Gillain, alias Jijé. Il nous parle aussi du destin lié de ces trois méga-stars de la bande dessinée franco-belge : Jijé, Jean Giraud / Moebius, et Jean-Claude Mézières. Un moment d’histoire.
EXCLUSIF : l'hommage de François Boucq à Jean-Claude Mézières [PODCAST]
"Jean-Claude Mézières a décidé de couper le cordon avec la terre" - Dessin de François Boucq

Inutile de rappeler l’émotion que la disparition de Jean-Claude Mézières a provoquée dans le monde de la BD. Les témoignages de son génie, de sa gentillesse, de sa sympathie pour les jeunes auteurs qui venaient le voir…

Il a participé à un grand nombre de salons de la BD, soutenu le métier avec constance : on se souvient des planches offertes pour soutenir le défunt Musée Jijé à Bruxelles. Toujours avec le sourire. On le voit sur les nombreux selfies qui sont publiés sur les réseaux sociaux depuis dimanche : il est là, heureux comme ses fans, jamais en train de prendre cet exercice comme une corvée. Il a été, toute sa carrière durant, un formidable ambassadeur du 9e Art.

Pierre Christin et Jean-Claude Mézières/
Photo : DR

Maintenant qu’il a tiré sa révérence, avec sa coutumière élégance, il nous reste à échanger entre nous sur les ouvrages de Mézières qui nous ont marqués. C’est ce que fait François Boucq dans cet entretien. Ces albums de Laureline et Valérian sont évidemment indissociables du travail de Pierre Christin. Ils ont marqué non seulement le 9e art, le métier, mais aussi nos vies.

Valérian et Laureline
© Dargaud

Et vous, amis lecteurs, quels sont les albums de Valérian qui vous ont marqués ?

Une interview de Didier Pasamonik - Montage : Thelma Susbielle - Une production ActuaBD.com

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Lire aussi sur ActuaB.com :
- Le grand Jean-Claude Mézières, le fabuleux dessinateur de "Valérian et Laureline", est mort (23.01.2022)

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Valérian et Laureline ✏️ François Boucq France
 
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9 Messages :
  • "Nez cassé" dont la superbe image d’introduction de la page 1 a été sabotée dans l’album, par rapport à la prépublication dans Métal Hurlant ! JC Mézières le savait-il ?... Car je crois que nous sommes nombreux à avoir été impressionné par cette belle image en plongée de "rochers entassés" !

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 26 janvier 2022 à  11:57 :

      Vous avez mal écouté. C’est Jijé qui, selon le témoignage de Boucq, qui critiquait ces rochers.

      Répondre à ce message

  • Une interview comme on aimerait en entendre plus souvent !
    (sans être liée à un décès..)
    Merci à actua bd !

    Répondre à ce message

    • Répondu par Philippe Wurm le 28 janvier 2022 à  12:42 :

      Très beau et très émouvant témoignage de François Boucq !
      Il nous fait revivre les échanges entre Mézières et Jijé et c’est magnifique !
      La modestie avec laquelle il évoque le métier de dessinateur, comme une compagnie de très grands artisans, est très touchante. L’insistance de Boucq sur les qualités narratives du dessin, ici misent en valeur par ses échanges avec Mézières, est essentielle.
      Merci pour cette superbe interview.

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  • Un maître de la narration
    27 janvier 2022 17:07, par Jean-Paul

    Bonjour,

    En préambule : je vous joins ici ce que j’ai posté sur ma page FB. Je vous laisse le soin de couper ce que vous trouvez hors de propos éventuellement _

    Merci pour cette interview !

    Pour moi, mes albums préférés sont Bienvenue sur Aflolol, avec cette particularité d’inventer tout un univers en accord avec un élément (ici l’océan).
    La cité des eaux mouvantes, une claque quand je l’ai lu.
    Et L’Empire des milles planètes.
    Sans oublier le génial Oiseaux des Maîtres ! avec un scénario en or.

    Un dessin qui sait allier nervosité, et humour. Et qui va à l’essentiel
    Et je dois dire que je ne l’ai jamais trouvé "un peu sadique" dans ses conseils, mais tout simplement juste, sans habillage, affirmé comme dit Boucq.
    Il me semble que les rencontres dont parle Bouq avaient plutôt lieu chez Druillet, ou bien chez les deux ?

    Mon témoignage :
    Jean-Claude a donc fait son dernier saut spatio-temporel😕
    Il y a des jours où l’on regrette d’avoir écouté France-Info.
    Jean-Claude Mézières nous quitte et il a été un dessinateur de BD important pour moi.
    Tout d’abord, comme beaucoup j’ai toujours aimé ses bd et sa façon de faire vivre ses personnages. À l’heure où les cahiers de la BD encensent Ugo Bienvenu, Mézières représentait un style de bd nerveux, au trait de pinceau rapide, sensuel et humoristique. À l’image de son "œil qui frise", quelque chose très éloigné d’un dessin froid et trop technique.
    À Paris, suivant les conseils Feng-Shui de mon amie Karine Mazeau, j’avais accroché sa photo avec celles d’autres auteurs devant ma table à dessin. Quelques temps plus tard un ami me proposait d’aller à la soirée d’ouverture du Salon du Livre. De loin, j’aperçois JCM, (de loin, grâce à cette photo que j’avais tous les jours sous les yeux, le Feng-Shui ça marche !) après quelques hésitations je vais le voir en lui demandant si je pouvais lui montrer mon travail. Il me demande tout d’abord si j’ai déjà publié, et accepte en me donnant l’adresse de son atelier dans le quartier des Gobelins.
    Dans cet atelier, je l’ai rencontré trois fois et ce fut des rencontres où en une heure trente j’apprenais autant qu’en quatre années aux d’arts appliqués et Beaux-Arts... Y trônait un décor du 5e élément. "L’option de Luc Besson va bientôt expirer", me dit-il, à l’époque le film (raté, tout comme l’adaptation Japonaise en animé) était encore un projet.
    J’aurais dû aller le voir bien plus tôt dans ma vie.
    Je lui montre mes planches, trop chargée en détail. Il me qualifie de "Philippe Druillet du réalisme". J’adore Druillet, mais là ce n’était pas un compliment. Du coup, il m’offre une gomme. Et à chaque fois que je l’ai recontacté, je me présentais comme "je suis le dessinateur à la gomme".
    Mais surtout, il critique la narration dans mes planches, les efforts que je demande au lecteur pour suivre l’histoire. Et il me montre aussi les corrections qu’il fait sur ces planches, malgré ses dizaine d’années de métier.
    Après ces entrevues, je m’empressais de noter toutes les remarques qu’il m’avait faites, tellement c’était riche de conseils que je ne voulais pas oublier.
    D’ailleurs, si vous faites de la bd, vous devez voir "l’aventure de la page 52", documentaire où il montre comment un dessinateur peut se planter en succombant au plaisir de faire du joli, en oubliant l’histoire. Quelle leçon d’humilité d’oser présenter un travail raté.
    https://www.capuseen.com/films/5607-l-histoire-de-la-page-52
    Mézières disait "si vous voulez des compliments, demandez à votre grand-mère, moi je ne suis pas là pour ça".
    Lors de mon deuxième rendez-vous, je lui montre toutes les planches croquis de mon projet, et il me dit "Ah oui, tu sais vraiment dessiner, j’avais un doute en voyant tes planches finalisées".
    Et Jean-Claude me dit que je dois faire une révolution dans mon dessin, beaucoup plus riche quand je me lâche.
    Au troisième rendez-vous, deux jours avant de présenter mon projet à Angoulême, il me montre des enchaînements qui ne fonctionne pas. C’est tellement évident que je ne peux pas aller voir les éditeurs ainsi et je corriger mes pages pendant deux jours et deux nuits.
    La moitié de ce que je dis à mes élèves en BD, vient de ces rencontres avec ce créateur d’univers.
    D’ailleurs, il faisait peu de croquis, peu d’illustrations en dehors des pages, même si des recueils existent, la seule chose qui l’intéressait c’était la page, et prendre le lecteur par la main de la première à la dernière case.
    Avec Christin ils ont offerts parmi les meilleurs scénarios de bd SF, Laureline n’étant d’ailleurs pas du tout le faire valoir de son compagnon Valérian, bien avant le féminisme forcé d’aujourd’hui.
    Laureline, prénom qu’ils ont inventé, et chaque année les deux auteurs recevaient des faire-parts d’une petite Laureline qui naissait ici ou là. J’avais envie d’appeler l’une de mes filles Valériane pour ma part...
    Aujourd’hui, je me sens un peu orphelin, en plus, synchronicité quand tu nous tiens, à Marmande, une expo Mézières devait se tenir lors du Festival, la BD est dans le pré. Et je comptais bien aller le voir. ...Avec ma gomme bien entendu.
    Perdu dans les méandres de mes commandes d’illustrations corporate, je n’ai toujours pas fait cette révolution dans mon dessin de bd. Et cette disparition m’incite à ne pas trop attendre afin de ne plus être un "dessinateur à la gomme", mais d’attendre une parcelle de la qualité des albums de Christin et Mézières.

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  • Il est regrettable en effet que lorsque des "spécialistes" de bande dessinée parlent de bande dessinée, il parle de tout, sauf de dessin.
    Cela dit, la remarque de Mézières sur les chapeaux de Jijé est tout à fait juste. Les proportions et les anatomies de ses personnages laissaient aussi parfois à désirer.
    Mais on constate la même chose chez Mézières avec ses têtes souvent trop grosses, ses anatomies incertaines (notamment les attaches tronc/jambes) et ses personnages figés.
    Curieusement, Giraud connaissaient les mêmes problèmes de hanches, dus à une méconnaissance (assumée) de la morphologie. J’avais d’ailleurs eu l’occasion d’en discuter avec Boucq. L’avantage, c’est que lorsqu’on dessine des cowboys, le ceinturon du holster peut dissimuler les défauts. :-)
    Chaque dessinateur a son petit truc pour cacher ses difficultés récurrentes. Et c’est bien normal.

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  • Merci à François Boucq et ActuaBD pour ce témoignage vibrant et émouvant,
    Oui, effectivement, il n’y a que très rarement des reportages laissant parler des auteurs de leur travaill et leur passion. Heureusement que certains documentalistes réalisent de superbes DVD...
    Mon meilleur album ? Sans doute un ex aesquo entre Metro Chatelet, pour les raisons déjà citées, et Les Spectres d’Inervloch, pour la beauté farouche de Laureline, belle cavalière, qui a donné son prénom a ma première fille née en 1999. Cela dit, elle était aussi magnifique dans L’empire des Mille planètes. Bonus aux "Terres truquées", avec le clin d’œil (volontaire ?) au début de "The Party" de Black Edwards, qui m’a aussi toujours fasciné.
    Longue vie au paradis des dessinateurs monsier Mézières, et bonjour à Joseph et Jean ! ;-)

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  • Quel plaisir d’écouter François Boucq parler de Jean Claude Mézières, de Jean Giraud et de Jijé. Il en parle avec tellement de plaisir. Quel enseignement. Merci pour ces précieux partages !

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