Boucq imagine que pour équilibrer le jeu des influences et des pouvoirs, le conclave a décidé de choisir leur plus petit dominateur commun, le plus petit et le plus innocent des prélats comme pape.
Et effectivement, Pie 3,14 (la blague date d’avant la Deuxième Guerre mondiale) a la taille d’un enfant de huit ans, et pas seulement : il en a l’âge mental aussi. Alors cela donne un côté un peu frais à la pompe vaticane.
On est aussi dans le discours anticlérical « pépère ». Pas pervers, qu’on se rassure. Pas non plus en « de combat » laïcard à la Riss, à la Charb ou à la Willem dans Charlie Hebdo. C’est de l’humour potache à la Franquin qui réclame de façon bonhomme la liberté de conscience -et notamment celle de ne pas croire- et qui se permet de se moquer des rites comme des autres tabous de la société.
C’est en cela que Le Petit Pape Pie 3,14 est une farce plaisante, une de ces blagues grivoises que l’on se dit dans les mariages et qui font sourire, s’ils ne sont pas trop pisse-vinaigre, même les curés.
Le graphisme de François Boucq est, comme à l’ordinaire, virtuose. On aime ce dessinateur qui ne craint pas de prendre le risque de se compromettre à cet « humour coussin-péteur » sans prétention autre que de faire sourire. Ça change de ces auteurs pétris d’esprit de sérieux que l’on croise parfois dans certains grands festivals de BD populaires.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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