Enchères : Daniel Maghen présente sa vacation de l’année

C’est maintenant un rituel. Chaque année, Daniel Maghen Enchères et Expertises organise sa grande vente de l’année. Celle avec Rosinski l’année dernière en pleine pandémie, avait marqué les esprits. Celle qui se déroulera demain 12 juin 2021 n’en est pas moins impressionnante. Comme pour la précédente vente elle est structurée en trois catalogues : un catalogue général et deux invités, Gibrat et Roger.

Jean-Pierre Gibrat

C’est la signature de Maghen : ces catalogues vont bien au-delà de la simple liste des œuvres assorties de leurs évaluations : présentation des auteurs invités, interviews détaillées et commentaires en contrepoint d’œuvres par d’autres auteurs : la recette est éprouvée depuis un petit temps, mais elle s’avère redoutable d’efficacité. Des petites monographies-collectors que les amateurs peuvent même s’acheter en librairie, à un prix hélas un peu cher, en raison du tirage limité : respectivement 25 et 30 €.

Les pièces présentées donnent le tournis. Pour Gibrat, sont mis en vente rien que moins que la couverture mythique du T.1 du Sursis, un album qui marqua un tournant dans la carrière de son auteur. De la dernière planche du Sursis T. 2 à la couverture de la cinquième époque de Mattéo en passant par des planches du Vol du Corbeau, la vente propose alternativement des pièces mythiques et de superbes et nouvelles compositions réalisées spécialement par l’auteur, là encore une pratique initiée par Daniel Maghen. On remarquera particulièrement la fine gestion des expressions des visages et le soin apporté au travail de la couleur. La confirmation d’un véritable peintre.

Roger

L’ouvrage dédié à Roger et en particulier à la série de Jazz Maynard créée avec Raule aurait pu souffrir de la comparaison avec Gibrat. Mais il n’en rien ! Là où Gibrat resplendit de couleurs, Roger rivalise en jeux de lumières, triomphant dans l’utilisation du noir et blanc, en splendides aplats, hachures inventives et subtils lavis. Les rehauts de gouache blanche terminent de souligner les contrastes imaginés par l’auteur, inspirés par la rythmique du jazz. Les agrandissements proposés par le catalogue de Maghen démontrent combien il est important de s’attarder aux nuances de l’original, chose peu perceptible dans les albums.

Agrandissement de la couverture du Journal Tintin réalisée par Vance avec son héros Bruce J. Hawker

Le catalogue général ne dépare pas la magnificence de ces deux talents. Sans surprise, Maghen débute avec un florilège d’originaux de Rosinski, suivis consécutivement par une planche de L’Homme qui valait 500.000$ de Giraud, un hommage de Blueberry par Ralph Meyer avec Undertaker, une illustration de ce dernier (rappelons que la précédente vacation disposait d’un catalogue qui lui était spécifiquement dédiée avec des résultats records), une couverture maritime pleine d’embruns réalisée par Vance, etc.

© Moulinsart - Hergé 2021.

L’inédit de Franquin

Les maîtres italiens nson au rendez-vous avec quatre œuvres de Milo Manara, dont une planche du Déclic T.2 et une autre d’El Gaucho, ainsi que trois autres réalisées par Hugo Pratt, toutes tirées d’intemporels albums de Corto Maltese.C’est un mini-musée que Maghen a rassemblé le temps d’une vente !

À chaque vente, nous essayons de présenter un trio de pièces incontournables qui la représentent au mieux. Mais rarement cet exercice ne nous a paru si compliqué. À exception des précités, on s’attend à nouveau à un montant élevé pour la rare couverture d’Hergé regroupant les principaux personnages de Tintin, pour le crayonné de la double page de l’anniversaire d’Astérix et Obélix -la dernière dessinée par le maître- qui tombe à pic pendant l’expo consacrée à Uderzo
ou encore l’illustration d’Ana Mirallès consacrée à Djinn, une artiste dont la cote a été patiemment construite par le galeriste parisien.

Enfin, nous ne pouvions pas passer outre une pièce rajoutée à la toute dernière minute, un dessin inconnu de Franquin réalisé dans les années 1970. Ce format totalement hors normes (un vertical couleur de plus d’un mètre de haut), présente les deux personnages fétiches de Franquin : Gaston et le Marsupilami, dans une composition au bestiaire caractéristique du ténor de l’École de Marcinelle.

Rendez-vous demain pour la vente, à partir de 14h30 (on peut la suivre en ligne), et dimanche sur ActuaBD pour le commentaire de ses résultats.