Romans Graphiques

« Goat Mountain », une nouvelle adaptation BD très réussie de David Vann

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 avril 2022                      Lien  
David Vann, écrivain contemporain américain vivant en Nouvelle-Zélande, est connu pour ses thrillers qui brûlent les tripes, teintés d’une âpre détermination contre le goût de la guerre et son lobby attaché : le commerce des armes. Il n’a pas son pareil pour décrire des hommes revenus en pleine nature, face à leur instinct primitif, dominés par la testostérone, conduits par la nécessité de tuer, pour manger, certes, mais aussi pour ne pas être tué. Une espèce d’instinct ancestral.

C’est le cas de ce trio, un grand-père, un père, et un jeune garçon encore mineur, accompagnés de leur meilleur ami pour une chasse au cerf, un moment initiatique pour le jeune homme qui vient y tuer son premier cervidé dans un terrain de chasse quasiment vierge qu’ils considèrent comme leur royaume. Mais au bout du fusil, par accident, un homme meurt…

Que faire ? Incriminer le fils ? Il est mineur. Le moment est écrasant, pour l’enfant qui découvre à la fois la culpabilité et la possibilité d’une impunité, cela dépend des témoins de son acte et plus généralement, des adultes...

« Goat Mountain », une nouvelle adaptation BD très réussie de David Vann

En clair, le gamin a foutu sa vie en l’air avec son acte inconséquent ; mais aussi celle de son père, de son grand-père et du copain qui aimerait bien se défiler au plus tôt. Ambiance lourde, échanges âpres, rugueux, furieux, violents entre pères et fils, d’une animalité sans filtre.

Graphiquement, Georges Van Linthout s’inscrit dans la tradition réaliste de l’École belge, celle d’un Hermann par exemple, en dépit d’un trait plus sketchy. Mais il est très solide et son côté quelquefois esquissé, charbonneux, vient souligner la confusion dans les sentiments et dans les esprits.

Le texte est excellemment écrit. Il faut dire qu’O. Carol est la fille du dessinateur et qu’elle est anglophone, diplômée de littérature américaine et amérindienne de l’Université de l’Illinois. Si pour elle, c’est sa première bande dessinée, ce n’est pas le cas de David Vann, dont le best-seller Sukkwan Island avait été adapté par Ugo Bienvenu chez Denoël Graphic et était déjà excellent.

Voici un album que nous recommandons, sans l’ombre d’un doute.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN : 9782491467234

Goat Mountain – d’après le roman de David Vann – Par O. Carol et Georges Van Linthout – Ed. Philéas

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- L’interview de David Vann à propos de "Sukkwan Island"

Philéas ✏️ Georges Van Linthout à partir de 13 ans Policier, Thriller Belgique
 
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2 Messages :
  • Van Linthout, c’est clairement l’école Walthéry et non l’école Hermann..! Et en effet, c’est tout le talent de Van Linthout d’adopter quand même ce style francobelge pour servir un récit âpre et violent comme Goat Mountain

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    • Répondu par Van Linthout Georges le 9 mai 2022 à  08:01 :

      Un peu rapide comme attribution d’école. J’ai travaillé sur trois albums de Natacha, mais je ne suis pas de l’école Walthéry pour autant, je m’adapte. J’ai débuté au Lombard avec la série Lou smog, qui était assez typiquement "journal Tintin", ensuite, la série Falkenberg qui était tout sauf de l’école Marcinelle, mes romans graphiques divers n’ont rien à voir avec cette école "Walthéry". Dans ce roman, on peut m’attribuer un style franco/belge que je nommerais plutôt Belgo/français (rendons à César...) Mais pour moi ça ne veut pas dire grand-chose. C’est en effet plus proche de Hermann que de Walthéry, mais ce n’est pas du Hermann. Est-ce qu’on ne pourrait pas simplement dire que c’est du Van Linthout ? ;-). J’ai de multiples inspirations qui vont de Milton Caniff à l’école Belge sans pour autant m’arrêter à un style. On ne vient jamais de nulle part. Quand je réalise un Brian Bones, je suis typiquement école Belge, quand je réalise mes romans graphiques c’est totalement autre chose. Où commence et où s’arrête l’école belge ? Si s’appliquer à dessiner des personnages qui ressemblent à des personnages, des décors qui ressemblent à des décors, c’est de l’école belge, alors j’en suis... Ou j’essaie d’en être. En tout cas, merci pour m’attribuer du talent, ça fait toujours plaisir.

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