Isabella Bird, femme exploratrice T. 8 - Par Taiga Sassa - Ki-oon

Sous des airs enjoués, Isabella Bird va assister à un mariage ayant un arrière-goût de tristesse : le père de la mariée, bien que vivant et en bonne santé, n’assistera pas à la cérémonie ! Il s’agit du tenancier de l’auberge dans laquelle notre intrépide exploratrice réside, où elle va découvrir une bien étrange, mais romantique coutume qui peut tourner au drame à tout instant.

"Le vol d’épouse" est une tradition qui veut que si deux amoureux, dont le mariage est interdit, désirent malgré tout forcer le destin : ceux-ci doivent s’enfuir pour rejoindre la demeure du prétendant sans être rattrapés par les membres de la famille de la jeune fille. S’ils y parviennent, plus rien ne peut empêcher leur union. S’ils échouent, ils devront renoncer l’un à l’autre pour toujours… Or, la fille de l’aubergiste, une fois rattrapée par sa famille, a tenté de se suicider, forçant ainsi son mariage contre l’avis de son père.

Néanmoins, malgré l’absence de ce dernier et le sentiment de déshonneur planant dans l’air, la cérémonie a lieu dans la plus pure tradition. La future vie de femme mariée commence par le "Kanatsuke" pour la belle fiancée : le noircissement de ses dents, signe de beauté pour les épouses ; celui-ci est suivi de festivités alcoolisées pour fêter leur union.

Encore une fois, Taiga Sassa dépeint avec brio les us et coutumes du Japon entre la fin du 19e et début du 20e siècle, entre joie et tristesse, allégresse et affliction, chemin sans encombre et parcours du combattant. Rien n’est laissé au hasard : que ce soit les tenues cérémonielles ou les décors qui permettent au lecteur de s’immerger totalement dans l’ambiance de l’époque et de partager le sentiment qu’a pu ressentir l’héroïne anglaise en découvrant pour la première fois ces évènements marquants.

À tour de rôle, l’auteur jongle donc entre l’émerveillement de pouvoir assister à un mariage et le désenchantement de savoir qu’un père aimant ne s’y rendra pas par pure tradition. De même pour la joie véhiculée dans la ville pendant une fête annuelle alors qu’un peu plus tôt, le peuple souffrait des ravages d’une pluie battante et diluvienne. Intempérie qu’Isabella Bird expérimentera à nouveau en chemin, après avoir quitté Akita quand la pluie reviendra de plus belle. Forçant ainsi les navigateurs ayant accepté de la conduire à bon port malgré le fleuve sorti de son lit, à combattre les éléments pour ne pas chavirer.

Une aventure, rappelons-le, bien réelle, puisqu’elle suit les pas d’une grande dame des siècles passés qui aura permis à l’occident de découvrir ce mystérieux pays qu’était le Japon. Cela, à travers le regard déterminé d’une femme particulièrement émancipée pour cette époque.

©Taiga Sassa / Ki-oon