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Jamie Delano présente Hellblazer T.1 - Par Jamie Delano & Rick Veitch - John Ridgway & Tom Mandrake & Collectif - Urban Comics

Par Marc Vandermeer le 2 juin 2020                      Lien  
Les éditions Urban Comics republient les origines de John Constantine mises en scène par Jamie Delano, une œuvre cultissime. Un "must have" pour tous les inconditionnels de la saga, présentant le héros d'un monde apocalyptique hors du commun.

Créé par l’illustre Alan Moore en 1985, le personnage de John Constantine qui a d’abord vu le jour lors d’un épisode de la saga Swamp Thing, se voit confier le rôle principal d’Hellblazer, devenu l’une des références en matière d’occultisme horrifique.

Durant plus de deux décennies, de nombreux artistes se sont prêtés au jeu de son animation, prenant le relais à tour de rôle, pour aboutir à la constitution d’une série mettant en vedette un anti-héros, adepte de magie noire, parcourant avec autant d’aisance le monde des vivants que celui des morts. La crème de la crème des scénaristes les plus médiatisés ont marqué de leur sceau cette saga trépidante : Warren Ellis, Garth Ennis, Brian Azzarello ... Chacun à sa sauce personnelle de manière calibrée et audacieuse.

Cette première brique de plus de 420 pages concoctée de main de maître par Jamie Delano constitue une pièce incontournable de l’univers d’Hellblazer, précédemment publié aux éditions Panini en 2010, reprenant les 13 premiers épisodes de la saga mensuelle ainsi que les épisodes 76 & 77 de Swamp Thing.

Jamie Delano dépeint un John Constantine littéralement aspiré dans un trou labyrinthique, qui résiste désespérément, aspiré par les forces qu’il combat, qui subit énormément et commet d’impardonnables erreurs. L’auteur joue d’ailleurs du registre de la fragilité de son personnage, à bout de souffle, un martyr face aux monstres de l’au-delà.

Sur la base d’un tel anti-héros, faisant évoluer son histoire, Jamie Delano mettra le lecteur à plus d’une reprise mal à l’aise devant l’implication directe de Constantine comme responsable du décès de nombreux innocents. À cela s’ajoute l’atmosphère d’une société décadente et extrémiste où le sexe, la violence et les drogues servent sont les seuls échappements.

Désinvolte, imbu de sa personne, la clope au bec en permanence, John Constantine enquête là où personne ne souhaite s’aventurer, dans les derniers réduits de l’âme, parvenant à tromper les humains les plus arrogants tout comme les démons malicieux. Qu’importe l’énergie vitale ou démoniaque de ses ennemis ... le spécialiste de l’occultisme, véritable trompe-la-mort, défie, combat et persiste, devenant du coup la "cible potentielle" à abattre, ou le meilleur allié à se faire.//

Les chapitres de fin de récit sur Swamp Thing révèlent également le génie de Delano : il s’agit du crossover dans lequel La Créature du marais, mariée à une humaine, utilise Constantine à ses fins personnelles dans l’unique but de donner naissance à un enfant de la fusion d’un être naturel et surnaturel. Magistral !

Jamie Delano présente Hellblazer T.1 - Par Jamie Delano & Rick Veitch - John Ridgway & Tom Mandrake & Collectif - Urban Comics
©John Ridgway / Urban Comics

À l’instar de Watchmen d’Alan Moore ou de Transmetropoliltan de Warren Ellis, chaque titre d’Hellblazer demeure une valeur sûre en matière de Comics subversif. Un contexte surnaturel, à l’essence macabre, dépourvu de toute morale. C’est bien simple, une fois le lecteur happé dans ce tourbillon infernal, la marche arrière n’est pas permise. L’Apocalypse décrite dans les livres saints ou dans les meilleurs scénarios traitant de l’adversité du bien et du mal trouvent en Hellblazer leur parangon.

La partie graphique, quant à elle, évolue vaille que vaille, alignant une kyrielle d’artistes dans un registre essentiellement vintage. Un trait qui d’entrée de jeu, reconnaissons-le, peut rebuter plus d’un lecteur par son apprêt "publicitaire" des années quatre vingt, ses couleurs flashy et surtout cette ambiance crépusculairee émanent de chaque planche. Mais ce sentiment d’inconfort visuel porte en lui une force salvatrice qui réconforte le lecteur qui passe du rôle de spectateur circonspect à celui d’acteur totalement immergé dans ce récit trépidant. Car dans cette "barbarie visuelle", le texte, littéraire voire poétique, prend l’ascendant, donnant lieu à une narration inédite, exotique, surprenante.

C’est d’abord le dessinateur John Ridgway qui participe au titre collectif Commando de la Seconde Guerre mondiale qui s’étale sur plusieurs chapitres. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il traite avec vérité la fange et la saleté du champ de bataille où les protagonistes évoluent avec l’impression de se battre pour une civilisation en perdition. Au cœur de cette tourmente, Constantine, ange déchu défiant morts et vivants. Certaines planches centrées sur un effet psychédélique sont totalement hypnotiques et évoquent imperceptiblement le film fantastique "L’Antre de la folie" réalisé par John Carpenter.

Dans les chapitres concernant Swamp Thing, le dessin de Tom Mandrake à qui on doit l’original Sidekick aux éditions Delcourt où il met en scène également un anti-héros peu banal, de caractérise par son encrage épais, créant une sensation de claustrophobie austère et menaçante.

©John Ridgway / Urban Comics

(par Marc Vandermeer)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791026815907

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