Jylland T. 3 : Colère froide - Par Bruno De Roover et Przemyslaw Klosin - Editions Anspach

Dans les tomes précédents, nous faisions la connaissance du Sten, un prince imbu de lui-même et avide de pouvoir, qui n’a pas hésité à faire assassiner son frère aîné et exiler sa mère pour monter sur le trône du Jylland. Une fois couronné, il se montre encore plus cruel qu’on aurait pu le craindre. Aucun meurtre, ni aucune exécution ne l’arrête, qu’il s’agisse de ses sujets ou de ses proches qui refuseraient de lui obéir au doigt et à l’œil.

Dans une débauche de violence, Sten le sanguinaire met également à sac ses pacifiques royaumes voisins qui se sont convertis au christianisme. Mais les opposants les plus dangereux sont ceux qui évoluent dans l’ombre, et pratiquent les mêmes méthodes que ce roi barbare : espionnage, complots et trahisons. Qui pourra dompter sa colère et terrasser son ennemi au moment où il ne s’y attendra pas ?

Déjà le troisième tome en moins d’un an, et on ne se lasse pas de cette saga viking à la saveur de Game of Thrones dont l’intérêt tient également dans ses personnages principaux : ce roi Sten qu’on déteste pour sa cruauté (même si une part de nous admire ses manœuvres machiavéliques), son opposant Gavnar qui essaye de libérer le Jylland de son joug, et la jeune reine enceinte de son époux. La vie de cette dernière ne tient en réalité qu’au cordon ombilical qui la relie à l’enfant qu’elle porte. En effet, Sten en a fait le serment : il lui tranchera la gorge dès qu’elle aura accouché de son héritier. Et tout l’album tient sur ce tragique décompte !

Bruno De Roover est l’auteur de cette magnifique tragédie. Il joue avec les fausses pistes pour surprendre ses personnages autant que ses lecteurs dans une intrigue qui comporte davantage de retournements de situation que dans les tomes précédents.

Au milieu de ces plans et complots de toutes sortes, le scénariste laisse également la place à des très belles planches muettes pour que Przemyslaw Klosin nous gratifie de magnifiques compositions. Un investissement graphique qui affecte malheureusement un peu le rythme du récit, qui aurait pu bénéficier de cette place pour développer avec un peu plus de clarté l’affrontement final !

Qu’importe, le dessin et les couleurs de Klosin gagnent en évocation à chaque tome, et l’on vient presque à regretter que le quatrième et dernier tome de cette saga ne sorte que dans six mois. Mais ne boudons pas notre plaisir, cette nouveauté donne l’occasion aux amateurs qui auraient loupé ce lancement en fanfare, de se rattraper en beauté.