KLEOS T. 1 - Par Eacersall, Latapy et Causse - Editions Grand Angle / Bamboo

Un récit initiatique baigné des lumières et des couleurs méditerranéennes.

À la différence de ceux qu’ils nomment les "barbares", les habitants de la Grèce antique vivent en petites communautés en partageant les mêmes langues et modes de vie.

Imprégné de L’Iliade et de L’Odyssée d’Homère, dont il connaît chaque vers, le jeune Philoklès rêve d’exploits et d’aventures. Lorsque des pirates attaquent son île, ce pauvre pêcheur décide d’aller à leur poursuite, pour se venger, espérant aussi se forger un destin prestigieux. Cette quête initiatique va lui offrir l’opportunité de nombreuses rencontres, autant d’expériences du combat, de la violence mais aussi des corps et de l’amour ! Comme d’autres héros mythologiques, il devra affronter aussi bien les éléments que des créatures merveilleuses ou surhumaines pour échapper à la mort et poursuivre son périple.

De mésaventures en rencontres fortuites, le jeune homme va vivre une espèce d’initiation qui prendra différentes formes, au cœur de décors méditerranéens lumineux.

Bien qu’inspirée du texte d’Homère, l’épopée du jeune Philoklès se distingue d’une simple adaptation de l’Odyssée. Si elle s’en approche par la thématique, l’esprit, les décors (notamment à travers de magnifiques lumières, ou encore le charisme des personnages), le récit s’identifie peu à peu à une mise en abyme jouant avec un mythe fondateur. En reprenant ce qui est au coeur de l’oeuvre du poète antique, les auteurs en soulignent le caractère moderne et universel. En cherchant, à tout prix, à devenir un héros, Philoklès se rendra vite compte que cela ne sera ni simple, ni facile. Ce sera vraisemblablement aussi un moyen pour lui de découvrir qui il est vraiment au-delà des apparences et des intentions.

Une mise en page souple, aérée et lumineuse.

Cette réécriture oscillant entre modernité et classicisme se lit avec plaisir grâce à la qualité du découpage et une mise en page offrant une belle place aux images réalisées par Amélie Causse. Après la très réussie adaptation du roman d’Olivia Ruiz, La Commode aux mille tiroirs (chez le même éditeur sur un scénario de Véronique Grisseaux), la dessinatrice restitue avec talent les ambiances très solaires de cette histoire, notamment par une déclinaison subtile d’ocres, de jaunes et autres bruns chatoyants. Loin d’une adaptation scolaire et trop sage, le récit co-scénarisé par Mark Eacersall et Serge Latapy revisite la quête millénaire de la gloire et d’une vie aventureuse à l’aide d’une narration captivante et bien maîtrisée.

Un art du découpage totalement maîtrisé.

Venu du monde de l’audiovisuel et du spectacle, Mark Eacersall s’est fait connaître avec un premier roman graphique en 2020, GoSt 111, récompensé par le Fauve Polar SNCF à Angoulême. Egalement chez Glénat, il a publié, avec Sylvain Vallée, Tananarive en septembre 2021.

Cette première partie de celui qui rêvait de gloire, techniquement parfaite, chaleureuse et attrayante rend un bel hommage aux textes mythologiques fondateurs tout en leur donnant un bon coup de jeune !

La bonne surprise de ce début d’année.