Martin n’a pas de chance. Son docteur le confond avec un homonyme en lui annonçant qu’il n’a plus que trois mois à vivre. Complètement chamboulé, notre infortuné cache à sa femme ce qu’il pense être une affreuse nouvelle, et l’entraîne dans un "dernier voyage", à la rencontre des baleines canadiennes, tel un dernier souhait avant le couperet.
Mais la malchance s’acharne sur Martin. À peine arrivé à l’aéroport, voilà qu’il se cogne au parfait abruti, le genre de personne qui occupe trop d’espace et de temps de parole, surtout lorsqu’on sait qu’il ne nous en reste que si peu. Mais voilà que cet importun s’incruste ! Partout où se rendent Martin et son épouse, l’olibrius rapplique aussitôt. Même lorsqu’on veut terminer sa vie dignement, il y a toujours cet idiot qui vient tout gâcher !
Un patient informé par erreur de sa fin prochaine, voilà une entame qui ne brille pas vraiment par son originalité... Et pourtant, quelques pages plus tard, lors que le docteur qui doit rattraper son erreur se voit chevaucher un piano comme Münchhausen son boulet, on se dit que le récit va nous réserver bien des surprises. Tout le reste des 84 pages est du même acabit : à la fois classiques, comme des héros qui ressemblent en tous points au commun des mortels, et de l’autre avec des successions de mini-rebondissements dont on ne sait qu’en penser.
Une partie de la poésie du récit passe bien entendu par le trait et les couleurs de François Ravard. Le dessinateur parvient à conjuguer l’atmosphère des meilleurs films de Francis Veber, en mettant en scène un ersatz de François Pignon, un héros avec qui l’accroche est immédiate, mais qui joue décidément de malchance.
Cette seconde association avec Pascal Rabaté reste d’une redoutable efficacité : la ligne directrice du récit est d’une éblouissante limpidité, mais après l’avoir dévoré, tant on se demande où les auteurs veulent souligner, on ne cesse d’y revenir, se rendant compte des leçons de vie prodiguées : sur la chance et le destin, l’envie de profiter de la vie et de respecter les autres. Et l’espoir, envers et contre tout ! Bref, on sourit, on s’émeut, on réfléchit et au final, on applaudit ce théâtre des gens simples, mais si authentiques.
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
![Serge Monfort : « En lisant, l'enfant devient le chien, comme il deviendrait chevalier dans une BD médiévale ! » [INTERVIEW]](local/cache-gd2/07/a53eabf15a5df16adbd03466676855.jpg?1713070409)
![L'exposition Bastien Vivès "Héritages" chez Huberty & Breyne relance la polémique [INTERVIEW]](local/cache-gd2/dd/9e82a51e23a0dbcb834c83eeab4a63.jpg?1713070422)
