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Laurel : « Je dois me freiner pour ne pas publier trop de notes de blog ».

Par Xavier Mouton-Dubosc Thomas Berthelon le 12 novembre 2008                      Lien  
L'auteur du blog "Un crayon dans le cœur" nous livre le Tome 3 de la saga adolescente "Le Journal de Carmilla", en collaboration avec Lorris Murail. Rencontre.

Le journal de Carmilla était un premier album pour vous et pour votre scénariste. Comment les choses se sont-elles passées ?

En fait, j’avais un blog, la directrice de collection de Vents d’Ouest Valérie Aubin le lisait, et elle connaissait le travail de Lorris Murail, qui est en fait écrivain pour enfants : il a écrit des trucs super connus, comme Golem. Comme elle aimait bien ce qu’il faisait, elle a pensé que nous pouvions créer un projet ensemble et que cela collerait. Elle me l’a donc présenté. Il avait déjà créé le personnage, je l’ai mis en dessin, cela lui a plu, et nous avons travaillé ensemble. Cela marche plutôt pas mal, le tome 1 a été réimprimé, c’est cool. Le Tome 2 se vend bien... Je croise les doigts pour l’instant (rires).

Le rythme des planches oscille entre deux extrêmes. Nous avons d’un côté les dialogues drôles, avec des petites piques un peu acides dans les échanges, et d’un autre côté le narratif, ce journal intime sur une illustration unique, avec du texte dans un coin. Est-ce une volonté de dérouter le lecteur ?

Il faudrait demander cela à Lorris Murail. Comme c’est un écrivain, il écrit facilement beaucoup de texte. L’avis des lecteurs est partagé. Certains aiment bien, d’autres sont un peu déçus. Du coup, nous en avons un peu moins mis dans le Tome 3. En tout cas, je trouvais le concept assez intéressant à dessiner.

Vous allez nous dire "encore une question à poser au scénariste", mais c’est plus drôle de le demander à la fille, la dessinatrice étant passée par tous les états du personnage principal. La petite sœur est plus intelligente que la grande Carmilla : est-ce parce que l’adolescence, c’est l’âge bête ?

Ben, je ne peux pas dire, je n’ai pas de sœur (rires). Et mon frère n’était pas plus intelligent (rires). Mais l’auteur a quatre filles qui ont à peu près mon âge, je pense qu’il s’est inspiré d’elles.

Laurel : « Je dois me freiner pour ne pas publier trop de notes de blog ».
Le Journal de Carmilla T3
© Laurel/Vents d’Ouest

Par rapport à la série Les nombrils, l’humour est beaucoup moins vachard. Avez-vous bien vécu votre adolescence, vous reconnaissez-vous plus dans Le journal de Carmilla que vous dessinez, ou dans Les nombrils ?

Dans aucun des deux (rires). Durant mon adolescence, j’étais toujours toute seule dans la cour, je ne parlais à personne, je lisais des bouquins dans mon coin et je regardais des films. Je n’avais tout simplement pas de copine. Par contre, Les nombrils, c’est génial !

Intervenez-vous parfois dans le scénario ?

Non. Je peux intervenir en plaçant des petits gags visuels, comme le chat. Je mets aussi beaucoup de clins d’œil à des gens que je connais, des blogueurs, des dessinateurs, à qui je donne ensuite des planches, c’est cool (rires).

Les réactions que vous avez parfois sur votre blog peuvent-elles motiver votre scénariste ?

Je ne suis pas sûre qu’il lise le blog...

Vous dessinez des filles assez rondelettes, par opposition aux mecs plus filiformes, au visage plutôt ovale. D’où vient ce choix graphique ?

Je trouve que les filles sont plus jolies quand elles sont un peu rondes, et j’aime bien les garçons grands et maigres, alors inconsciemment, je pense que je dessine ce que j’aime (rires).

Thomas, tu te fais draguer, pose une autre question...

(rire général).

Vous avez un trait épais et très nerveux. Et vous utilisez des ambiances assez monochromatiques sur votre blog. Curieusement, Le journal de Carmilla est très coloré. Était-ce une volonté de votre part de vous éloigner du blog ?

Non, parce qu’en fait, chaque fois que j’ai présenté des planches (pour Spirou, par exemple), c’était plutôt dans le style de Carmilla, avec des couleurs plutôt jolies. Le blog, c’est plutôt pour me lâcher. Je pense que c’est plutôt le blog qui m’a permis de m’éloigner de ce que je faisais d’habitude.

D’un côté, vous dessinez pour travailler, de l’autre, vous dessinez pour vous amuser. Le blog reste une bouffée d’oxygène, nécessaire, par le fait que maintenant vous êtes professionnelle ?

Oui, je suis vraiment accro au blog. Ce n’est pas pour continuer d’avoir des visites que je poste, car même si personne ne me lisait, je posterais quand même. D’ailleurs je dois me freiner pour ne pas publier trop de notes, j’adore ça, c’est vraiment mon truc (rires)... c’est une récréation, en fait.

Note du 2 novembre du blog de Laurel
© Laurel

Hum, une récréation. Dans ce cas, voici une question qui va beaucoup intéresser Jacques Glénat sur la productivité de ses auteurs : combien de temps passez-vous sur une note, et combien de temps pour lire vos flux RSS ?

Trop !!! (rire général). Nous nous sommes imposé des règles avec mon copain, comme une soirée sur deux sans ordinateur. Sinon, c’est trop prenant, c’est comme une drogue. Je lis environ 80 blogs, peut-être même une centaine. Je les lis tout le temps. Et dessiner pour le blog me prend un temps fou aussi. Bon, en même temps, je dessine rapidement, donc les planches du Journal de Carmilla sont vite produites.

À l’instar de Boulet, vous avez appris à dessiner plus vite grâce au blog ?

Je ne pourrais pas répondre, car j’ai débuté dans les deux en même temps. J’ai même commencé par le blog. Mais j’ai toujours dessiné rapidement, je n’ai pas le choix de toute façon, je m’adapte (rires).

Vous parliez de vos journées sur deux sans ordinateur, vous avez du rattraper votre retard avec les 24h de la BD [1] lors du Festival d’Angoulême. Avez-vous aimé cette expérience, la retenteriez-vous l’année prochaine ?

Je recommencerai avec plaisir, c’était vraiment chouette ! De toute façon, je travaille plus facilement la nuit, j’y ai passé une nuit blanche. C’était intéressant, comme mon copain participait aussi, nous nous motivions l’un l’autre.

Ah !

Quoi ? (rires)

Flag, seulement deux pages pendant tout ce temps !

(rires)

Pour en revenir au Journal de Carmilla, les sœurs décident d’élever le tout petit frère pour en faire un garçon, un vrai mec. Cela un petit côté : "Il y en a marre de la génération Dolto" ?

Ben, encore une fois, je ne suis pas le scénariste, je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête.

Le projet Carambole [2] avec Cha et Melaka chez Spirou est-elle une aventure que vous retenteriez pour un album ou un blog collectif, ou est-ce une page que vous voulez tourner pour vous concentrer sur des collaborations plus classiques scénariste-dessinateur ?

Ben moi, j’aimerais bien. À la base, Spirou nous avait dit : "Le projet dure un an, après on arrête". Déjà, nous avons réussi à tirer sur plus d’un an. Mais cela restait un projet pour la presse, d’ailleurs, je ne suis pas sûre que cela marcherait en album, sinon, ce serait avec plaisir.

Laurel, merci beaucoup. Et contrairement à ce que tu crois, oui, les garçons lisent aussi Le journal de Carmilla, et il n’y a pas de quoi en rougir.

Ben, c’est cool (rires).

(par Xavier Mouton-Dubosc)

(par Thomas Berthelon)

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En médaillon : Laurel. Photo © Thomas Berthelon

Cette interview a été diffusée dans l’émission radio "Supplément week-end" du samedi 18 octobre 2008.

[1Marathon imposé où les dessinateurs doivent produire 24 pages autour d’un thème.

[2Expliqué ici par Melaka

 
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