En effet, malgré une programmation remarquable, l’édition 2009 du Rendez-vous avait connu une assistance réduite de 46% (pour cause, notamment, de grève et de jour férié). S’en sont suivi des problèmes financiers qui, au printemps 2010, ont poussé les organisateurs à mettre le projet dans la glacière de manière indéterminée.
Grâce au travail acharné d’un nouveau comité de relance et de partenaires régionaux, l’événement a finalement pu renaître sous sa forme actuelle.
D’international à québécois
Installé dans un espace plus petit, mais également plus chaleureux, le Rendez-vous de la bande dessinée de Gatineau a laissé tomber l’épithète « international » de son appellation officielle, nous proposant plutôt un événement centré sur la BD québécoise. Et si les éditions précédentes s’étaient distinguées par leurs invités européens de marque, le nouveau RVBDG peut désormais compter sur une industrie locale en pleine effervescence.
Sous la présidence d’honneur d’Iris, le festival a pu accueillir une quarantaine d’auteurs, dont les coups de cœur du public Zviane, Annie Groovie et Julien Paré-Soleil, mais également les incontournables Michel Falardeau, Jimmy Beaulieu, Philippe Girard, Thierry Labrosse, ou encore Djief. Le festival a également permis de mettre en valeur les nombreuses nouvelles structures d’édition et de diffusion (collectif Front Froid, éditions Pow Pow, La Mauvaise tête, Premières lignes, Neige-galerie, etc.), les auteurs indépendants, ainsi que les étudiants du programme d’études en bande dessinée de l’UQO.
Le Rendez-vous a également permis à l’auteur-illustrateur et artiste-peintre Christian Quesnel d’exposer les planches de son plus récent album Ludwig (Art global et Neige-galerie), un beau-livre à caractère « symphonique » ayant récemment donné lieu à des concerts à Gatineau, de même qu’au Sénat français.
Une première bédéthèque québécoise
Après avoir dévoilé une rare collection complète du Journal de Spirou en 2008, l’École multidisciplinaire de l’image de l’UQO (Université du Québec en Outaouais) a profité du RVBDG pour dévoiler sa nouvelle bédéthèque québécoise. Grâce au don substantiel du professeur Sylvain Lemay, la bédéthèque mettra au service du public une sélection de publications et documents d’archives, notamment des œuvres rares et/ou patrimoniales. Parmi les pièces de cette collection exclusive, notons la présence de journaux à tirage limité et de fanzines ayant échappé au dépôt légal.
Le RVBDG a également souligné l’importance historique de la revue Croc (1979-1995), alors que Michel Viau (BDQ, Répertoire des publications de bandes dessinées du Québec des origines à nos jours) et Jean-Dominic Leduc (Mém9ire) sont venus présenter Les Années Croc (Québec Amérique). L’anthologie regroupe les meilleurs moments de la revue qui a notamment permis aux séries Michel Risque, Red Ketchup et Jérôme Bigras de voir le jour, en plus diffuser les œuvres Serge Gaboury, Bado et Garnotte.
Un pari réussi
Si on peut déjà conclure que la relance du RVBDG était une réussite (les ventes semblent avoir dépassé les attentes des organisateurs), espérons que le public, les organisateurs et les bénévoles soient de retour l’an prochain, car les festivals québécois de la bande dessinée demeurent l’une des vitrines les plus importantes pour la création, la diffusion et la légitimation de la littérature séquentielle produite ici.
(par Marianne St-Jacques)
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