BD d’Asie

Manga Shônen, Shôjo, Seinen... Un petit lexique.

Par Anh Hoà Truong le 15 août 2004                      Lien  
Petit retour sur des termes en floraison sur les étagères des librairies, mais dont la signification peut encore sembler mystérieuse pour le lecteur de BD lambda...

L’actuelle recrudescence des titres manga sur le marché européen témoigne en parallèle de l’immense diversité de styles que peut aborder le neuvième art nippon. Au Japon, le manga sous toutes ces formes (prépublication, série en volumes, vignettes dans les journaux...) se destine potentiellement aussi bien au marmot tout juste en âge de lire, qu’à l’employé de bureau affairé qui s’aménage quelques minutes de détente le temps d’un trajet de métro, en passant par la ménagère en quête de nouvelles recettes de cuisine. A chaque public correspond un style de manga. Les trois catégories les plus populaires ressortent cependant du lot : les styles Shônen, Shôjo et Seinen, et ce sont à travers ces trois dénominations que l’on catalogue la quasi-totalité (le Hentai ou manga à caractère érotique reste une catégorie à part) de la production manga en France.

Commençons par l’aîné qui reste actuellement le genre le plus lu :

Manga Shônen, Shôjo, Seinen... Un petit lexique.  Le Shônen Manga.

C’est après la seconde guerre mondiale que le manga acquiert ces premières lettres de noblesse (bien entendu la bd japonaise existait déjà avant les années 50, mais ne se présentait pas encore sous la forme que nous connaissons désormais) et son public de prédilection reste alors les enfants et en particulier les « shônen », les jeunes garçons en japonais. Tezuka Osamu tire les rênes de cette révolution culturelle, et dominera le genre des décennies durant avec des titres cultes comme Astroboy ou Le roi Léo. A la mort du « père du manga moderne », la relève est déjà formée par des années de lectures de BD et les Akira Toriyama, les Tsukasa Hojo, les Rumiko Takahashi, et les Mitsuru Adachi savent encore aujourd’hui à qui il doivent la flamme du dessin ainsi que leurs best-sellers : Dragon Ball Z, City Hunter, Ranma ½, Niji Iro Tohgarashi...

A l’aube du XXIème siècle, les jeunes lecteurs s’évadent au gré des aventures de Naruto, de Shaman King, de HunterxHunter, One piece etc. Donner un genre précis à cette catégorie de manga (et c’est également valable pour les deux autres d’ailleurs) est ardu, car sous ce sigle on peut aussi bien trouver des mangas d’action où l’épopée martiale côtoie l’amitié virile (Saint Seiya par exemple), que des mangas d’humour (Kimengumi), que des comédies sentimentales (Vidéo Girl Ai), des mangas policiers (Detective Conan) ou des mangas de sports (Captain Tsubasa).

-  Le Shôjo Manga

C’est Tezuka encore une fois qui posera les bases du manga pour « shôjo » (jeune fille en japonais), avec Prince Saphir en 1953. L’évolution de ces mangas en tant que genre à part entière se fera progressivement au fil des années et des codes narratifs et graphiques viendront les caractériser : des récits romantiques teintés de poésie et de lyrisme, illustrés par un trait rond, des personnages aux silhouettes filiformes et aux grands yeux expressifs, et des héroïnes qui sont aussi bien romantiques et fragiles (Candy), françaises et travesties (Lady Oscar, la rose de Versailles), japonaise et super héroïne (Sailor Moon), collégienne et aventurière malgré elle (Fushigi Yugi), princesse héritière et guerrière (Basara)...

-  Le Seinen Manga

Le genre prend forme réellement à la fin des années 60 et se destine aux lecteurs ayant grandi au gré des pages du Shônen manga, lecteurs qui sont dorénavant des « seinen », des jeunes adultes au-delà de 17 ans. Le seinen peut reprendre le manga d’aventure, d’action, de sports ou de romance du shonen mais il l’écrit sous une plume beaucoup plus adulte et élaborée. D’ailleurs certains auteurs issus du Shonen reprennent certaines de leurs séries et offrent des suites plus mûres à destination de leur public désormais adulte : par exemple Tsukasa Hojo avec Angel Heart ou Tetsuo Hara avec Soten No Ken, fist of the blue sky.

A l’instar du lectorat nippon, les fans français de la génération Albator ont aussi vieilli et vont trouver dans le Seinen Manga, la lecture qui leur correspond sans se détacher pour autant de l’univers si spécifique de la BD japonaise. Cela explique la très forte popularité actuelle des titres Seinen, titres qui tel un filon fraîchement découvert, sont désormais exploités par tout distributeur de mangas qui se respecte. On peut citer : Monster et 20th century boys (prix de la meilleure série à Angoulême 2004) de Naoki Urasawa, Akira de Katsuhiro Otomo, Gunnm last order de Yukito Kishiro, Ghost in the shell de Masamune Shirow, GTO de Tôru Fujisawa etc.

La classification que je vous propose est bien sûr simplifiée à l’extrême, et tous les mangas existants sont loin de rentrer aisément dans telle ou telle catégorie. Les catégories elles-mêmes sont délimitées par des frontières parfois aussi floues que la vision d’une taupe commune des jardins, et un manga peut aussi bien appartenir à un genre autant qu’à un autre.

Pour de plus amples et précises informations, je ne saurais trop vous conseiller de consulter le numéro 3 (Mai Juin 2004) du magazine « Le virus Manga » qui contient un dossier riche et intéressant abordant la catégorisation éditoriale que j’ai tenté d’aborder ici.

TRUONG Anh Hoà

(par Anh Hoà Truong)

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Code EAN :

En médaillon : les créations de Tezuka Osamu. (C) Tezuka Productions.

 
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