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Munuera & Morvan : "Spirou n°48 sera une bonne surprise pour tous les fans !"

Par Laurent Boileau le 3 juin 2005                      Lien  
Entre "série-mère" et albums "hors-série", Spirou revient plus que jamais sous les feux des projecteurs. Les repreneurs "officiels", Jean-David Morvan et Jose-Luis Munuera, nous dévoilent l'histoire de l'album n°48 de Spirou & Fantasio qui paraîtra cet automne. Ils en profitent également pour tirer quelques enseignements de leur premier album S&F.

Avec le recul, pas de regrets d’être partis dans l’aventure "Spirou et Fantasio" ?

Munuera : Tu plaisantes, toi ?? C’est un cadeau fabuleux auquel je ne pouvais pas rêver !! Certes, c’est pas sans souffrance et sans problèmes qu’on fait la chose... mais on s’en fout de tout ça quand on fait vivre les aventures de SPIROU ET FANTASIO !!

Morvan : Reprendre un personnage comme Spirou, c’est hyper formateur. Avec une telle série et la pression qu’il y a autour, on rentre dans un autre genre de bande dessinée et c’est très enrichissant. Il faut trouver le juste milieu entre la création et l’album de commande, entre la tradition et l’innovation.

Quelles sont pour vous les qualités et les défauts de l’album "Paris-sous-seine" ?

Morvan : la principale qualité, c’est l’énergie que l’on trouve dans cet album. Par contre sur le plan du scénario, son défaut, c’est qu’il est trop elliptique. Il n’est pas assez « grand public » dans sa narration. C’est « le » raté de l’album.

Munuera : La première qualité pour moi, c’est qu’il existe, ce qui n’était pas donné... ça a représenté un effort énorme pour moi, dessinateur, qui ne maîtrisait pas encore cet univers... et qui fut confronté à toutes sortes de pression. Avec le recul, c’est un album qui a plutôt bien marché, et même s’il n’est pas à la hauteur de notre expectative, je n’ai pas de regrets. Le plus grand défaut que je lui trouve, à part une certaine indéfinition graphique et l’évident manque de précision à traiter les personnages, c’est qu’on n’a pas bien calculé l’espace par rapport à l’aventure qu’on voulait raconter. Il nous a manqué quelques pages pour tout bien raconter. Mais on espère pouvoir corriger ça bientôt et donc rajouter quelques planches à Paris-sous-Seine.

Morvan : Le tome 48 et les suivants contiendront 54 pages. C’est un bon format pour avoir de l’action, des décors et développer la psychologie des personnages. Et si on a, avec Jose, un trou dans notre emploi du temps, on essayera de mettre le #47 à pagination égale, en le rebossant avec la même méthode gagnante que celle mise en place désormais.

Munuera & Morvan : "Spirou n°48 sera une bonne surprise pour tous les fans !"

Avez-vous maintenant bien en main tous les personnages ?

Munuera : Maintenant, je crois pouvoir dire que cela marche super bien et que j’ai les personnages en main... à vous de dire ! La vérité c’est que je me suis beaucoup décontracté, et ça se voit dans les planches.

Vous nous dévoilez un peu l’histoire de l’album #48 ?

Munuera : C’est une sorte de suite directe de "Spirou et les héritiers". On retrouvera Zantafio et le fantacoptère, entre autres héritages de nos prédécesseurs. C’est un livre 100% aventure, avec des longues séquences de poursuite, pleines d’humour, qui amèneront nos héros à un long voyage. Nous irons au Guaracha, un pays limitrophe à la Palombie.

Morvan : Comme son nom l’indique (l’homme qui ne voulait pas mourir), l’album parlera d’immortalité. Ce qui me semble normal pour des personnages qui restent éternellement jeunes !

Quelles seront les différences graphiques et narratives entre le n°47 et le n°48 ?

Munuera : D’abord, graphiquement, il est beaucoup plus mon truc. Tout se met en place assez naturellement maintenant. le tome 48 présente donc une notable évolution. Niveau scénario, c’est pareil. Je crois qu’il sera une bonne surprise pour tous les fans.

Morvan : Dans Paris-sous-seine , nous avions un montage alterné qui a, semble-t-il, troublé un peu les lecteurs. Dans ce nouvel album, la narration restera linéaire.

Les scénarios des albums suivants sont-ils déjà établis ?

Morvan : Pour le tome 49, nos deux héros repartiront au Japon, où ils s’étaient déjà rendus sous l’ère Fournier (il est temps de lui rendre hommage pour le super boulot effectué). L’album n°50, lui, se déroulera au château de Champignac avec une grande réunion de “famille”. Il permettra aux nouveaux lecteurs de replacer tous les personnages dans leur contexte, et de savoir qui est qui. Une sorte de who’s who en cases, doublé d’un suspens trompe la mort, à la « Agatha Christie ». Le lecteur ira de surprise en surprise...

(par Laurent Boileau)

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Illustrations © Dupuis-Morvan-Munuera

 
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2 Messages :
  • Ancien et vieux lecteur (37 ans !) de Spirou et Fantasio, je suis en plein déboussolement de la tournure prise. Habitué des desssins de Franquin, puis Fournier, Cauvin et Janry, la rupture est trop profonde pour ne pas considérer qu’il s’agit d’un nouveau personnage de Bande Dessinée qui a capté le même nom d’un autre héros de BD. Spirou est donc mort (c’est dur, mais la réalité est là).

    Je ne retrouve plus l’atmosphère, la personnalité, le charme qui faisait que Spirou était Spirou.

    Je vois le signe d’une autre époque dans laquelle je baigne pourtant. L’action est à un point de saturation comme l’est notre société qui vit en "flux tendu". Le graphisme en pâtit avec un je-ne -sais-quoi de symétrie du graphisme qu’on voit dans certaines BD actuelles, plus tourmentées, plus froides, moins rondes, plus anguleuses.

    Je comprends bien que la vie évolue mais, justement, dans ce monde de rapidité, d’efficacité optimale, les albums plus tranquilles et apaisants des anciens Spirou apportaient un hâvre de paix, un moment de détente. Là, je retrouve le reflet de notre temps, alors qu’un temps calme serait le bienvenu.

    Voilà mes réflexions après avoir acheté "paris sous seine" et regardé dans une librairie "L’homme qui ne voulait pas mourir", mais en ressortant les mains vides...

    J’espère que de nouveaux lecteurs soutiendront la nouvelle entreprise de Spirou et Fantasio revue par les nouveaux repreneurs.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Jérôme Ligeti le 3 octobre 2005 à  09:53 :

      C’est la raison pour laquelle, je pense, les éditeurs ont entrepris des Spirou à l’ancienne, réalisés par Yann et Tarrin, Frank Le Gall et peut-être aussi Yoann.

      Je suis également un lecteur assidu de Spirou, pour ne pas dire un fan, j’avais été charmé par l’entreprise de modernisation de "Machine qui rêve", un récit noir, adulte, très intéressant, qui faisait évoluer le mythe de Spirou dans le bon sens.

      Là, l’entreprise de Morvan et Munuera me fait penser à des captures d’écran de dessins animés qui seraient assemblés côte à côte. De nombreuses cases sont sans décor. Quand les décors existent, ils sont surchargés (la maison de l’oncle). Quand aux personnages, ils sont... étrangement simplifiés, et animés de façon trop brutale.

      Un exemple : la scène de combat entre Fantasio et un sbire de Zantafio, qui est vraiment trop "rapide" : la séquentialité est trop "hachée", trop elliptique, les moments choisis sont curieux et ne permettent pas de faire le lien entre les cases (sans compter qu’il y a une tentative de montage en parallèle avec Spirou au téléphone dans le même temps).

      Les défauts du précédent album (que j’avais attendu avec impatience et lu sans a prioiri) sont, selon moi, ici amplifiés. Scénario indigent, qui me semble trop proche des (excellents) La Frousse aux Trousses et La Vallée des Bannis (de Tome et Janry), dessin trop "moderniste", "jeuniste" et finalement non-fonctionnel : apreté du trait pour les personnages, décors trop riches ou carrément absent, ellipses trop brutales, séquentialité mise à mal, cadrages multiples et épuisants... Bref, une immense déception.

      J’attends la reprise de Tarrin et Yann avec une grande impatience, au vu de ma déception, toute personnelle, de ce nouvel album. Mais ce n’est que mon opinion, bien sûr...

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