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Olivier Sulpice (Groupe Bamboo) "Je ne cherche pas à devenir number one"

Par Laurent Melikian le 5 novembre 2016                      Lien  
Arrivé dans la profession en autoéditant ses premiers albums, Olivier Sulpice se comparait à un « Forest Gump de l’édition ». En moins de 20 ans, le patron de Bamboo est devenu leader dans le domaine de la bande dessinée d’humour. Une envergure suffisante pour créer sa propre diffusion et prendre aujourd’hui les rênes de Fluide Glacial, fameux magazine d’Umour et Bandessinée créé par Marcel Gotlib il y a plus de 40 ans.

Pourquoi prendre une participation dans Fluide Glacial ?

Pourquoi pas ? Bamboo va bien. Et même très bien. Avec les débuts de notre propre structure de diffusion, nous avons une volonté de croissance. Jusqu’à présent cette croissance s’est toujours opérée en interne. L’idée de reprendre Fluide Glacial qui pour moi est un monument que je lisais adolescent, a été lancée comme une boutade il y a quelques années. Cette idée est réapparue tout récemment et s’est concrétisée très vite. C’est une opération cohérente avec Bamboo qui me permet de publier différents types d’humour : adulte, tous publics, jeunesse, …
Mais je fais cela en toute modestie, je suis un passionné avant d’être un businessman.

Qu’en est-il du groupe Madrigall holding de tête du Groupe Gallimard. NDLR.) qui reste actionnaire de Fluide Glacial ?

Je dirige la société, tout en m’appuyant sur les conseils des spécialistes du groupe Madrigall. Mais le plus important travail se fera avec l’équipe de Fluide Glacial qui est entièrement préservée. Depuis deux, trois ans, cette équipe a fait un travail remarquable après la reprise de Flammarion par Madrigall. Un travail qui s’est effectué sous la direction de Thierry Capo que j’apprécie énormément mais qui malheureusement ne sera plus missionné par son employeur, Madrigall, pour travailler à Fluide Glacial.

Olivier Sulpice (Groupe Bamboo) "Je ne cherche pas à devenir number one"
Yan Lindingre et Olivier Sulpice au bouclage de Fluide Glacial N°487

Quelle orientation aujourd’hui pour Fluide Glacial ?

Je m’appuie sur Yan Lindingre, un rédacteur en chef qui a des idées pour le journal. Je veux lui donner les moyens de ses idées, je me considère comme un coach avec un regard extérieur. J’étais présent hier au bouclage de Fluide pour dire à l’équipe et aux auteurs que je suis l’unique responsable, je ne représente pas des actionnaires, j’assumerai les décisions. Les auteurs peuvent s’adresser à moi directement.

Comment avez-vous vécu cette première rencontre avec les auteurs de Fluide ?

Plutôt bien. Les auteurs étaient inquiets et je les comprends, en dix ans ils ont été beaucoup ballotés. Je souhaite leur apporter une stabilité. Ils sont essentiels, c’est par eux que le journal existe. Je pense les avoir rassurés, je les ai invités à me juger sur mes actes. Et par ailleurs de rencontrer des Goossens, Édika, Léandri,… que je lisais il y a des années fut un énorme plaisir. Ce sont de grands messieurs. J’ai aussi de l’admiration pour d’autres auteurs plus jeunes.

Certains craignent de voir Les Pompiers publiés dans Fluide …

Il n’en est bien sûr pas question. Entre Fluide et Bamboo, il y a des lignes éditoriales différentes. Pour moi, elles sont complémentaires. Quant à savoir ce qui est publié dans le journal, la décision appartient à Yan. Il est évident que je n’investis pas dans Fluide Glacial pour en faire un concurrent de Bamboo.

Olivier Sulpice en 2007

L’équipe va-t-elle s’installer dans les locaux parisiens de Bamboo à Montreuil ?

Fluide reste dans ses locaux près de la place de la République. Un bail a été signé et nous devons le respecter. Un déménagement n’est pas un sujet d’actualité, il y a bien d’autres choses passionnantes à mener.

Comment s’organise la diffusion Bamboo qui se mettra en place au début de l’année 2017 ?

C’est une nouvelle société, Bamboo diffusion dont Greg Neyret qui était notre directeur commercial est le Directeur Général. Il est appuyé par François-Xavier Gillot, directeur des ventes. Une équipe de huit commerciaux est chargée de nous représenter en librairie, grandes surfaces multimédia et hypermarchés. La distribution des albums Bamboo reste chez Hachette. Fluide Glacial sera diffusé par notre structure à partir de 2018 mais restera distribué par UD.

D’autres prises de participations ou rachat sont-ils envisageables à court terme pour Bamboo ?

Non. Je n’ai pas de plan stratégique. J’investis dans Fluide Glacial par enthousiasme. Je m’en fais un challenge personnel que je veux réussir du mieux possible en y consacrant un ou deux jours par semaine. Je ne cherche ni la croissance pour la croissance, ni à devenir le « number one ».

Propos recueillis par Laurent Melikian.

(par Laurent Melikian)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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16 Messages :
  • Marrant, sur la photo y’en a un qui fait franchement la gueule, on se demande pourquoi...

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  • Ça manque de Forest Gump dans la BD.Des "tetes"y’en a, mais apparemment les ailes de géant...
    Olivier Sulpice a les pieds sur terre, à l’aise, il va chercher le public là ou il est, tout simplement, naïvement ? , quand les autres, les "têtes", de l’art , attendent qu’il se prosterne,le public, qu’il accoure pour qu’on daigne prendre son argent ; le fin du fin consistant à lui faire le coup du mépris. En face la maison d’édition Bamboo va bien, très bien même, alors que partout on se plaint que c’est la crise, non ?
    Olivier Sulpice fait le boulot pour tout le monde, on lui en sait gré, d’autant que peu à peu l’esthétique de l’image s’ internationalise et que la visibilité du style franco-belge perd du terrain aux yeux du plus grand nombre.Par effet de rebond les autres en profiteront , souvent.
    On peut lui dire merci pour mille autres choses, bravo à lui, voila un succès qui fait plaisir.

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    • Répondu par Laurent Colonnier le 6 novembre 2016 à  15:48 :

      Belle mentalité ! Les gens veulent de la m... donnez-leur de la m..., Bamboo c’est les Hanouna de la BD.

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      • Répondu par La plume occulte le 6 novembre 2016 à  18:20 :

        On parlait plus haut de la propension des "têtes"de l’art à jouer la carte du mépris. Il ne fallait pas vous sentir obligé d’en faire l’illustration.

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        • Répondu le 7 novembre 2016 à  08:45 :

          Vous devez terriblement regretter le Réalisme socialiste soviétique, non ?

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      • Répondu par Sergio Salma le 6 novembre 2016 à  19:33 :

        Hello M. Colonnier. C’est marrant votre intransigeance et votre anti-langue de bois ; franchement , votre côté rentre-dedans est jouissif, cette tendance rien à foutre . Mais parfois c’est vraiment pas d’à-propos.

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        • Répondu par Laurent Colonnier le 8 novembre 2016 à  16:31 :

          J’avais répondu mais mon message n’a, semble-t-il, pas été validé par Actuabd. Dommage, je faisais part de mon expérience avec Bamboo et avec Fluide Glacial.

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      • Répondu par Zot ! le 6 novembre 2016 à  20:23 :

        allons, allons.... Bamboo a construit sa notoriété et sa richesse sur le succès de BD populaires, certes, mais efficaces. D’ailleurs beaucoup plus vendues en hyper-marchés qu’en librairies BD. On regrette parfois le coté élitiste de certains albums difficiles d’accès, alors on ne peut que se réjouir du succès commercial de séries populaires. Vous avez vu le dessin des Profs, qui peut dire que c’est de la m....? Hanouna vise au dessous de la ceinture, son émission débilitante s’adresse aux jeunes, j’ai essayé de la regarder, impossible pour moi...je ne fais pas partie du public concerné, et j’ai le choix avec mon bouquet TV. Comme n’importe quel amateur de BD qui entre en librairie !!

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        • Répondu le 7 novembre 2016 à  07:36 :

          " son émission débilitante s’adresse aux jeunes, j’ai essayé de la regarder, impossible pour moi...je ne fais pas partie du public concerné"

          Dois-je en déduire que, les jeunes seraient débiles mais pas leurs ainés ?

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          • Répondu par Zot ! le 7 novembre 2016 à  20:13 :

            Je n’ai pas dit ça, je constate juste qu’au delà de trente ans, je vois peu de fans d’Hanouna dans mon entourage. J’apprécie Coluche, Desproges, Bouvard, Collaro, Les ex-Nuls, Ruquier... Peut être un problème de génération. Mais je préfère lire une bonne BD ou écouter un bon CD plutôt que de regarder cette émission. Vous ne voulez quand même pas m’obliger à la regarder ? Intrigué par son audience, j’ai déjà essayé....

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            • Répondu le 8 novembre 2016 à  07:24 :

              "je constate juste qu’au delà de trente ans, je vois peu de fans d’Hanouna dans mon entourage."
              Votre entourage ne compte pas des milliers de personnes non plus. Il y a probablement des gens de plus de 30 à le regarder. Je n’ai malheureusement aucune statistique à vous fournir pour le confirmer ou l’infirmer. Personnellement, j’ai essayé de voir, je n’ai pas tenu 10 secondes. Peut-être 3 au maximum. Mais Bouvard, Collaro, les ex-Nuls et Ruquier m’insupportent tout autant. Mais d’autres ont parfaitement le droit de les apprécier et d’apprécier Hanouna. Quant à Bamboo, c’est effectivement de la BD populaire pour supermarchés. Ça existe. Ni à encenser, ni à blâmer. Si des gens trouvent leur bonheur avec ces albums, tant mieux pour eux, pour Olivier Sulpice et ses auteurs.

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      • Répondu par Patrick le 27 décembre 2022 à  10:45 :

        Grand Angle c’est Bamboo aussi il me semble...

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    • Répondu par La plume occulte le 7 novembre 2016 à  15:14 :

      Quand on fait la remarque que le brillant Forest Gump de l’édition Olivier Sulpice va chercher le public là où il se trouve, on parle bien sûr de sa manière de proposer, avec une certaine réussite, ses livres au public potentiel là où il a le plus de chances de les voir.Pas du contenu de ces livres dont l’estimation des qualités, sans les a priori réducteurs et positionnant débiles, symptomatiques des têtes de l’art, n’est finalement qu ’une simple affaire de goût.

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  • Souvenirs
    7 novembre 2016 11:16, par laurent van beughen

    J’ai eu la chance de passer une journée avec Olivier Sulpice alors que Bamboo n’était qu’une petite maison d’édition (qui faisait aussi de la com’ à l’époque). C’était juste avant "Les profs". J’ai rencontré une personne passionnante, passionnée de bandes dessinées et nous avons bien discuté et déconné aussi ! Généreusement, Il m’a invité chez lui et j’ai rencontré sa charmante épouse et découvert qu’il était un heureux papa depuis peu.
    Quand nous nous sommes séparés, je lui ai demandé comment il faisait financièrement pour que Bamboo existe ? C’était Simple, il avait hypothéqué sa maison. Il m’avait scotché !
    Depuis ce jour, je lui tire mon chapeau devant sa réussite et lui souhaite une bonne, heureuse et longue continuation.
    ps : Dans le petit local de Bamboo il y avait aussi (et uniquement !) une deuxième personne vissée à sa table à dessin avec qui on avait bien rigolé, c’était Jenfèvre. Je m’en serais voulu de l’oublier !

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    • Répondu par Zot ! le 7 novembre 2016 à  20:08 :

      Vous avez raison de le souligner, Olivier Sulpice a pris des risques personnels, et il a bravé bien des critiques lapidaires, même si moins outrancières que le commentaire de LC. On a là un amoureux de la BD avec du flair ! Quelqu’un qui ne court pas après la collecte de Prix honorifiques ou des auteurs prestigieux , mais qui produit des albums qui se vendent à un peu plus(en fait beaucoup plus !!) que trois mille exemplaires. Que lui reproche t’on au juste ? Il ne fait pas d’albums pour les sympathisants du FN, ni contre les Blondes, ni du scato-porno. Juste principalement des albums de gags socioprofessionnels qui cartonnent en hypermarchés chez les Profs ou d’autres métiers ou hobbys. On peut lui reprocher à la limite un manque d’idées originales, car il s’est en fait engouffré dans le créneau ouvert par Cauvin et Bercovici (Les femmes en blanc). On peut aussi ne pas être fan de sa production (c’est mon cas !), mais laissez le vivre ! Et n’oubliez pas qu’à coté des albums Gros Nez, il publie la collection Grand Angle, parfois plus intéressante à lire que des albums Glénat, Lombard, Dupuis, Dargaud, etc.

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      • Répondu le 7 novembre 2016 à  23:45 :

        Non, Oncle François n’est pas mort, il signe Zot maintenant.

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