Certains voyaient arriver Dan Clowes, dans le sillage de Chris Ware ; Catherine Meurisse, à force de la voir depuis quelques années passer son tour au dernier poteau. Eh non, ce sera la discrète et charmante Posy Simmonds que les bookmakers des bruits de couloir donnaient gagnante.
« Présente-t-on Posy Simmonds, la grande dessinatrice anglaise autrice de "Gemma Bovery", de "Tamara Drewe", déjà « Grand Boum » de Blois et bientôt, peut-être, Grand Prix à Angoulême ? » écrivions-nous en octobre dernier à propos de son exposition-rétrospective à la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Georges Pompidou-Beaubourg à Paris. Déjà « Grand Boum » du Festival de Blois en 2021, ce qui confirme la réputation de « faiseur de rois » de l’événement blésois, l’année 2023 semblait effectivement tracer une voie constellée de roses de l’autrice anglaise vers la distinction suprême de la bande dessinée francophone.
Il faut dire que Posy est la tête d’affiche du catalogue de Denoël Graphic, un éditeur qui a fêté ses 20 ans en 2023, très bien défendu par l’agence Sylvie Chabroux, pour qui cette édition du Festival d’Angoulême comporte une autre consécration puisqu’un autre album de Denoël Graphic, Le Ciel dans la tête de Antonio Altarriba, Sergio García Sánchez et Lola Moral, favori de la rédaction d’ActuaBD, a raflé le Grand Prix ACBD de la Critique 2024 et figure dans la sélection officielle du Festival cette année, avec en perspective un Fauve d’or ?
Et à propos d’affiche, une des expos-phares de cette édition du FIBD, l’exposition « Croquez ! » à la Cité de la Bande Dessinée et de l’Image est là encore précisément signée de sa main. Elle en croque, en effet.
La dessinatrice-star du Guardian de Londres, on l’a déjà dit, connaît bien la France. Pour elle, le Brexit fut un crève-cœur, tant l’accueil a son travail en France est sans commune mesure avec le peu de considération dont la BD fait l’objet dans son pays. Elle emmène avec elle un tradition du dessin anglais d’une élégante lignée et à l’esprit pétri d’understatement. C’est elle que l’on célèbre à Angoulême aujourd’hui.
En son absence, hélas, car elle est aujourd’hui coincée à Londres en raison d’une intervention médicale (rien de grave, rassurez-vous) qu’elle ne pouvait reporter, elle ne pourra venir saisir la statuette devant les photographes. Elle se rattrapera sans aucun doute l’année prochaine.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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