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Riad Sattouf : « Malgré mon ego surdimensionné, jamais je n’aurais pensé devenir Grand Prix d’Angoulême. » - [PODCAST]

Par Kelian NGUYEN Romain GARNIER le 28 janvier 2023                      Lien  
Lui qui avait été élu garçon le plus moche de sa classe au collège, le voilà propulsé au firmament de la BD mondiale. La ville d’Angoulême le fait entrer au Panthéon des Grands Hommes et Grandes Femmes de la BD. Lui qui s’était insurgé contre la liste de présélection en 2016, outré de ne voir aucune artiste sélectionnée sur les 30 noms retenus, est enfin couronné par la plus haute distinction qu’un auteur puisse espérer. Retours sur une cérémonie inattendue, celle des cinquante ans.

18h. La presse a le visage des mauvais jours. La cérémonie d’ouverture est devenue particulièrement sélective. L’accès au théâtre, en présence de la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, est impossible pour ceux qui n’avaient pas l’invitation. Une présence d’État inévitable pour les 50 ans d’un événement où les femmes et hommes politiques se précipitent toujours davantage en période de grand raout électoral. Après le salon de l’agriculture, le salon de la bande dessinée. Des rendez-vous populaires incontournables.

L’attente du gratin

18h-18h15. Un DJ sur scène aide à patienter. Pour cet anniversaire aux couleurs du manga, la bande dessinée japonaise est plus que jamais honorée. Reconnue pour son talent, l’ensemble de la délégation japonaise s’installe dans les tous premiers rangs de l’assemblée.

Riad Sattouf : « Malgré mon ego surdimensionné, jamais je n'aurais pensé devenir Grand Prix d'Angoulême. » - [PODCAST]
© Didier Pasamonik (L’Agence BD)

18h15-18H30. La salle se remplit façon fuite d’eau, inévitable et par à-coups. Le filtrage est efficace. Les photographes s’impatientent au bas des escaliers, prenant ça et là des clichés dans l’espoir de capter le détail qui embellira leur article. Patrick Mardikian, président de la cité de la bande dessinée, fils du co-fondateur du festival, Jean Mardikian, déambule et salue. Il est chez lui. Francis Groux, dernier des fondateurs de l’événement encore vivant, prend des photos. Il semble ému, comme s’il s’agissait de son premier festival. A nos côtés, Li Lung Chieh (Ichtyophobia), célèbre auteur taïwanais s’occupe. Il capture un pokémon sur son portable. Soudain, les journalistes s’agglutinent au bas des gradins. La ministre s’est installée. Riad Sattouf en profite. En toute discrétion, venu des coulisses, il s’asseoit.

Francis Groux, co-fondateur du festival d’Angoulême
© Didier Pasamonik (L’Agence BD)

La cérémonie de Franck Bondoux

18h30. La cérémonie s’ouvre sur un show de breakdance. Deux équipes s’affrontent dans une battle. Inattendu. En fond, sur un gigantesque écran, des jambes sont dessinées. Le reste du corps suit. On est dans l’évocation, le trait léger. Le tout prend des couleurs, du violet au bleu marine. L’ensemble est réalisé numériquement, en direct. Un sac pikachu, aux abords des danseurs, est pris en photographie par Li Lung Chieh. Tout le monde ne regarde pas la même chose.

La battle conclue, une vidéo promotionnelle des J.O. de Paris 2024 surgit à l’écran. Histoire de Paris et sport s’entremêlent. Applaudissements. Franck Bondoux, délégué général du festival, monte sur scène. Ce début de cérémonie lui doit beaucoup, lui qui connaît personnellement le sponsoring sportif.

© Didier Pasamonik (L’Agence BD)

Selon lui, le festival a de l’avenir, comme le prouverait ce spectacle d’entrée, grâce à sa capacité à innover. L’heure est au bilan. La bande dessinée a gagné ses lettres de noblesse, la présence de la ministre en atteste, tout autant que les entrées amplement commentées dans les académies. Le festival d’Angoulême est plus que jamais le miroir de la société et de ses débats. Il est là pour fédérer et non pour diviser. Il organise la médiation pour que l’invective laisse place au dialogue. L’affaire Vivès est dans tous les esprits.

Franck Bondoux, délégué général du FIBD
© Didier Pasamonik (L’Agence BD)

La remise du Grand Prix : un show sattoufien

Se succèdent sur scène Francis Groux, ainsi que les trois directeurs artistiques du festival : Sonia Déchamps, Fausto Fasulo et June Misserey. Enfin, arrive Julie Doucet. Elle annonce le Grand Prix, sans ménager quelque suspense que ce soit : Riad Sattouf.

Ce dernier annonce avoir écrit un discours sur son portable alors qu’il était dans le train pour Angoulême. Comme à son habitude, Riad Sattouf déroule un discours humoristique, plein d’auto-dérision. Il rappelle son parcours. Élu le garçon le plus moche de sa classe en 6ème, il est désormais Grand Prix. Dans un laïus intéressant, il cite les nombreux auteurs qui ont participé à la formation de son imaginaire artistique. Des anciens et des modernes. D’Hergé à Corben, de Bourgeon à Doucet, de Moebius à Takahashi. La liste est longue.

"Le Grand Prix, c’est ce qu’il manquait tout en haut de la pyramide de mon ego" (Riad Sattouf à côté de Julie Doucet, Grand Prix 2022)
© Didier Pasamonik (L’Agence BD)

Michaël Sanlaville clôt la cérémonie au dessin. Sur un solo de trompette doux et presque nostalgique, les traits d’une jeune fille se font jour. Elle a entre ses mains un papillon. Poétique. Le tout prend les couleurs de l’Ukraine.

Le Grand Prix : Riad Sattouf succède à Julie Doucet

Après deux Fauves d’or, après le César du meilleur premier film, ce conteur de talent, « à l’égo surdimensionné » ne se voyait pas Grand Prix. Pas Grand Prix ? Pourtant une case dans le dernier album de L’Arabe du futur laisse entendre le contraire.

Chez ActuaBD, évidemment nous avons voulu le piéger, et comme nous sommes beaux joueurs, nous nous sommes fait piéger.

Du tac au tac, le tout jeune lauréat nous répond plein de malice : « Il y a écrit lauréat. Donc je me rêvais Fauve d’or pas Grand Prix. Ahah ! Je vous ai bien eu ActuaBD ! » L’arroseur arrosé en quelque sorte...

Farceur, Riad Sattouf l’est tout autant que dans ses livres, découvrez le dans ses quelques mots qu’il nous a livré à chaud en sortant de la cérémonie. Encore bravo à cet auteur de BD qui a fait lire de la bande dessinée à ceux qui n’en lisaient pas. Sa grand-mère aurait aimé le lire et aurait été tellement fière de celui qu’elle percevait comme un génie...

(par Kelian NGUYEN)

(par Romain GARNIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782370734242

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Allary ✏️ Riad Sattouf tout public France Angoulême 2023 🏆 Grand Prix du FIBD d’Angoulême
 
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