Scarlett est promise au second prince Kyle du royaume Paristan qui la maltraite depuis l’enfance. La jeune fille se contient de le frapper pour sa famille. Mais le jour où le prince rompt les fiançailles et l’accuse (à tort) d’avoir harcelé sa nouvelle fiancée, Scarlett fait éclater sa colère à coups de poings. C’est l’occasion pour elle d’exprimer sa haine de la noblesse corrompue, ce qui n’est pas pour déplaire à Julius le prince héritier et frère de Kyle. Ses actions vont lui valoir des ennemis prêts à l’éliminer mais en seront-ils-réellement capables ?
Scarlett fait partie de ses héroïnes badass qu’il ne faut vraiment pas énerver, un peu comme Revy de Black Lagoon. Ses capacités ne s’arrêtent pas à sa force puisqu’elle maîtrise la magie et possède de nombreuses connaissances. Malgré sa force et sa passion pour frapper les gens (qui le méritent la plupart du temps), elle reste gracieuse et douce rappelant sur ce point Morgiana (Magi - The Labyrinth of Magic). Le décalage est accentué par le parralèle entre ses tenues élégantes (dont le dessin est soigné) et son caractère bien trempé. L’autrice casse donc la vision que l’on a de la princesse, en proposant une femme qui n’a pas peur de la violence et qui devient un symbole révolutionnaire pour le peuple.
La question de la femme dans la haute société est abordée à travers ses yeux. Que ce soit, son frère ou son père, Scarlett obéit à des hommes. Elle est une marchandise aux yeux de son père qui la voit comme un outil pour atteindre la famille royale. En effet, l’héroïne a beau subir les pires brimades de Kyle, son père refuse d’intervenir et va même lui dire d’arrêter d’être impolie avec le garçon.
Cette oeuvre critique aussi très ouvertement l’étiquette de l’aristocratie. Tout repose sur une mascarade que les aristocrates jouent pour bien se faire voir des autres, et plus particulièrement de la hiérarchie. Plus un aristocrate a un statut élevé, plus le reste de la noblesse s’incline devant lui en souriant. C’est notamment le cas du père de Scarlett précédemment évoqué et des invités au bal de Kyle qui l’applaudissent et le félicite alors même qu’il a traité la jeune femme comme une moins que rien.
Par ailleurs, un contraste est fait entre Scarlett et les autres jeunes filles issues de la haute société. Cette différence met l’accent sur ce qui est attendu d’une jeune fille de bonne famille à savoir : la soumission, une personnalité effacée et un beau sourire. Cette idée de ce qu’est une femme est remise en question, et est complètement brisée par le tempérament de Scarlett.
La rupture des fiançailles est l’élément qui déclenche une vague de répression envers les nobles douteux. Scarlett donne un coup de pied dans la fourmilière qui permet à l’histoire de se poursuivre avec des enquêtes et des complots assez classiques pour l’instant. Toutefois, la personnalité de Scarlett haute en couleur se démarque et la force du scénario repose sur cette énergie.
En revanche, les personnages secondaires sont plutôt clichés et font pâle figure aux côtés de Scarlett. Celui qui se démarque le plus est le personnage de Julius. Son physique faisant penser à celui du prince charmant et sa personnalité qu’il tente de cacher, font penser à Geordo Stuart de My Next Life as a Villainess : All Routes Lead to Doom !. Sous son faux sourire se cache une personne rusée et manipulatrice. Cependant loin d’être méchant, il adore taquiner l’héroïne et la pousse à montrer son vrai visage. Les situations entre lui et Scarlett sont amusantes puisqu’il arrive à lire en elle. Dans ce tome, il apparait comme un allié influent et semble réellement vouloir faire tomber la noblesse corrompue.
L’histoire nous propose une jeune femme attachante, qui sort de l’ordinaire et qui fait la force de ce titre au scénario plutôt classique. Mais derrière l’aspect divertissant de l’œuvre, par la nature des personnages, se cache un fond sérieux. C’est avant tout le récit d’une femme différente, qui cherche à s’émanciper. Un titre haut en couleur qui aborde le sujet de la place de la femme dans la noblesse et la question de lutte contre les abus de pouvoir, tout cela accompagné d’un ton humoristique.
(par Malgorzata Natanek)
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