« Après sa marquante adaptation du "Joueur d’échecs" de Stefan Zweig en 2017, peut-on lire dans le communiqué du Musée de la Porte dorée, David Sala poursuit son cheminement vers la couleur et la lumière. Dans "Le Poids des Héros", il convoque sa propre enfance et ravive ses souvenirs de petit garçon pour livrer une foisonnante bande dessinée sur la mémoire, la transmission et l’oubli nécessaire. En rendant vie et hommage aux figures tutélaires de sa famille, il croise les regards et les époques et offre une œuvre longuement maturée, à la fois libre et libératoire, qui joint l’intime à l’universel en un grand choc graphique et narratif. »
Les Prix littéraires de la Porte dorée qui récompensent chaque année un ouvrage de littérature et pour la deuxième année une bande dessinée est une initiative du Musée national de l’histoire de l’immigration qui ouvre sur de nombreuses réflexions sur des sujets d’actualité : migrations, mondialisations, questions identitaires, escalade des nationalismes, climats de tensions... Son ambition ? « Ouvrir les regards au-delà des représentations ». Cela se concrétise par des expositions (Ciao Italia !, Persona grata, Lieux saints partagés, Paris-Londres. Music Migrations (1962-1989), etc.) et des publications. Le Prix de la BD est remis pour la deuxième année consécutive. Il prolonge une ouverture à la BD concrétisée par des expositions et des résidences d’artistes.
« Recevoir un prix est toujours agréable, a commenté hier David Sala en recevant ce prix, mais celui-ci est particulier. C’est un livre que je devais faire pour parler de mes grands-parents. Ce sont des gens qui ont lutté, qui ont espéré. Ils sont arrivés en France par la force des choses, poussé par l’Histoire. Ils n’ont pas été forcément bien accueillis, mais ils étaient très fiers d’être en France. Mon grand-père maternel n’a jamais pu retourner en Espagne parce qu’il était condamné à mort. Mon grand-père maternel voulait prouver qu’il pouvait s’intégrer malgré qu’il ait beaucoup souffert d’avoir été mal accueillis. La question de l’accueil des immigrés reste entière. Avec ce qui se passe en ce moment, où l’on voit certaines idées ressurgir du passé, je suis heureux qu’ils ne soient plus là pour voir ça ! »
Une note un peu pessimiste compensée par une autre bonne nouvelle : on apprend le même jour que David Sala a aussi reçu le Prix Imaginales d’Epinal. Récompenses justifiées !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.