Nos dossiers Les grandes expositions Exposition André Franquin

Qui est toujours en haut de l’affiche ? André Franquin !

Par Laurent Boileau le 9 novembre 2005                      Lien  
Marsu Productions poursuit son travail de réédition des œuvres de Franquin et propose ce mois-ci deux nouveaux ouvrages: l'intégralité des célèbres signatures "animées" de Franquin et la reprise de toutes les apparitions de Gaston Lagaffe (le premier tome concerne les années 1957-1958). Des ouvrages qui s'adressent à un public restreint de collectionneurs au vu du tirage et du prix.

Les signatures de Franquin

C’est en 1970, le 3 décembre exactement, que la première des signatures-gags d’André Franquin apparaît au bas de la planche 644 de Gaston (numéro 1703 du Journal de Spirou). Signée "Franqrrrheuh", elle joue "simplement" sur l’onomatopée, une spécialité de l’auteur. À partir de la planche 667 (Spirou n° 1726 du 13 mai 1971), l’exigeante gymnastique de la signature animée sera de mise (sauf à 14 reprises) pour chaque gag de Gaston jusqu’à la planche 909 (Spirou n° 2776 du 25 juin 1991). Franquin signe ses planches en dehors du cadre, en bas à droite. Il s’agit d’une signature comme au bas d’une lettre écrite à un ami. De planche en planche, sa signature évolue en fonction de l’humeur, et prend des formes multiples sans jamais devenir méconnaissable. À chaque fois, c’est une astuce en rapport avec le contenu de la planche, "un cadeau joyeux pour faire d’abord plaisir au lecteur" (Signé Franquin, édition Dupuis).
Franquin cherchait constamment à en donner plus au lecteur. Il cherchait constamment à créer des gags dans le gag et à multiplier les détails, pour augmenter le caractère comique de ses planches, proposant ainsi de multiples relectures au lecteur...

Qui est toujours en haut de l'affiche ? André Franquin !

Poursuivant l’exploration de l’oeuvre de Franquin, la collection "À l’italienne" (qui rend hommage au format des premiers albums de Gaston) se complète avec ce recueil de 96 pages rassemblant l’intégralité des fameuses signatures parues au bas des planches de Gaston. (Tirage de 4.000 exemplaires numérotés). N’oublions pas pour autant le livre de Patrick Pinchart, qui comporte les commentaires du maître "himself" sur 52 de ses signatures.

Gaston 1957-1958


Inaugurée avec Les Idées noires, la collection "Version originale" a pour vocation d’offrir au lecteur des albums avec une reproduction des planches dans un format proche de l’original lui-même. Marsu productions a décidé de se lancer dans un travail titanesque : reprendre TOUT le matériel graphique et rédactionnel en relation avec Gaston Lagaffe paru dans Spirou (ou ailleurs). Impossible en effet de résumer Gaston aux seules planches parues en album.

Dès son apparition en 1957, le personnage de Gaston prend une place très importante dans les pages du journal de Spirou. Héros sans emploi, il lui était facile de se balader de pages en pages au gré des humeurs ou des envies de Franquin. Afin d’appuyer la montée en puissance du personnage, Yvan Delporte, le rédacteur en chef, rédigeait des textes qui renforçaient le lien particulier entre Gaston et les lecteurs. L’ensemble de ces textes qui, à leur manière, ont aussi participé à nourrir l’imaginaire de Franquin, sont publiés dans cet album (et notamment les fameux "En direct de la Rédaction" signés par Fantasio mais... rédigés par Delporte). Le lecteur y retrouvera également des planches, les illustrations, les animations de rubriques rédactionnelles, les animations en couverture du journal et les publicités.


Cette restitution respecte scrupuleusement l’ordre chronologique, ce qui n’est pas le cas de l’édition grand public dans laquelle il manque beaucoup de choses et dont certains dessins et gags se retrouvent hors de leur chronologie (cf. albums 18 et 19). Une véritable découverte pour tous ceux (et ils sont nombreux) qui n’ont jamais lu les Spirou des années 50-60-70. Dommage que le prix et le tirage (99 euros et 2000 exemplaires) restreignent l’accès à ce formidable et boulimique travail d’André Franquin. Cet ouvrage replonge également le lecteur dans l’univers de l’hebdomadaire de Marcinelle et permet de mesurer l’apport considérable de Franquin au journal Spirou. Pour l’anecdote, soulignons la présence de Jean de Mesmaeker, connu sous le pseudonyme de Jidéhem sur la couverture. L’histoire a malheureusement eu tendance à l’oublier, ce que n’a jamais fait Franquin.

"J’ai fait les gags tout seul, avec Jidéhem aux décors (...). Et le style Jidéhem marquait déjà fort la série. Je faisais un crayonné assez poussé, et très poussé pour le personnage, et il encrait presque toute la planche. Il a même encré le personnage, ce qui fait que, dans les premiers Gaston, on voit un personnage assez "jidéhémesque", c’est-à-dire assez raide...
(...), je m’en suis rendu compte relativement vite, je l’ai repris en main pour le réarrondir. Mais dans mon esprit c’était une série destinée à être entièrement reprise par Jidéhem. Je souhaitais le roder là-dedans afin de lui passer le relais dans un délai assez bref. Mais j’ai senti qu’il s’y trouvait à l’aise pour tout sauf pour le personnage qui ne collait pas avec son style naturel de dessin.
"
Franquin (Et Franquin créa Lagaffe).

Il était donc juste que cette intégrale rappelle le travail de Jidéhem.

L’exposition à la Cité des Sciences à Paris et le succès des derniers ouvrages (Les Idées Noires Version Originale est déjà épuisé) confortent l’éditeur monégasque dans sa volonté d’exploiter au maximum l’oeuvre d’André Franquin. Devant la quantité et la qualité du "patrimoine", il aurait tort de s’en priver.

(par Laurent Boileau)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Illustrations © Marsu by Franquin

 
Participez à la discussion
4 Messages :
CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Laurent Boileau  
A LIRE AUSSI  
Nos dossiersLes grandes expositionsExposition André Franquin  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD