François et Gus sont deux jeunes garçons qui n’ont plus que quelques jours à passer au lycée. La fin juin arrive, avec ses traditionnelles épreuves du bac. Cette perspective ne les enthousiasme guère. Ils connaissent déjà bien leurs cours et la « semaine de révision » est surtout synonyme d’ennui. Sans véritable pression, ils cherchent un peu de distraction.
Un phénomène étonnant survient justement chaque soir en ville. Ce qu’ils appellent une « horde de clochards » déferle dans les rues, tapant sur les voitures, hurlant comme des damnées, renversant les poubelles et disparaissant comme une volée de moineaux quand arrive la police. François et Gus sont vivement intrigués et aimeraient découvrir ce que cache ce mystère.
Un soir, ils décident de suivre la horde. Mais celle-ci s’enfonce dans la forêt qui jouxte la ville et les deux garçons n’osent pas s’engager dans la nuit. En revanche, le lendemain, ils franchissent le pas - ou plutôt le grillage - qui les séparent de cet espace inconnu et vaguement menaçant. Que trouveront-ils dans ce qui semble être un véritable no man’s land ? Y retrouveront-ils la trace de la horde et en apprendront-ils davantage sur celle-ci ?
Les surprises seront de taille, allant au-delà de l’imagination des deux lycéens. Surtout, elles les pousseront dans leurs retranchements, les obligeant à apprendre la survie en milieu hostile, ou du moins non « civilisé », à se remettre en cause et à faire des choix engageant leur futur proche comme leur avenir tout entier. Une rencontre primordiale, diverses mises en danger, une amitié solide mise à rude épreuve : voilà qui pimente drôlement une « semaine de révision » !
Lucas Scholtes est un auteur encore jeune. À peine plus âgé que ses personnages. Mais il maîtrise déjà fort bien la bande dessinée. Son récit, rondement mené, ménage suffisamment de surprises et de suspens pour maintenir l’attention soutenue de bout en bout. Les séquences s’enchaînent de façon fluide, s’appuyant sur des dialogues simples mais réalistes.
Son dessin, au trait extrêmement fin, aux angles aigus, est d’une grande vivacité, ayant assimilé le meilleur du manga, sans excès. Les compositions varient du plus sobre et efficace au plus libre et complexe dans des séquences oniriques qui renforcent la densité psychologique des personnages. Variant les rythmes et les plans, s’attachant à représenter le mouvement par des vibrations, le dessinateur ose.
Solstice raconte avant tout une aventure étonnante survenant dans un quotidien banal. François et Gus sont deux garçons bien dans leur baskets, plutôt bons élèves, sans ambition précise mais pas particulièrement angoissés par l’avenir. Leur envie de changement résulte surtout d’une lassitude face aux derniers jours de lycée. Mais c’est un bouleversement de taille qui les attend.
Leur séjour dans la forêt les pousse à remettre en cause leur mode de vie. Et l’aventure se transforme en un récit initiatique questionnant autant la place de l’homme dans la nature que l’importance des choix dans la vie d’un individu. Symbolique du passage à l’âge adulte, le séjour dans la forêt en vient à remplacer le bac, avec beaucoup plus de force, comme étape pour clore l’enfance et ouvrir vers une vie incertaine où la conscience d’être au monde est vive.
(par Frédéric HOJLO)
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Solstice - Par Lucas Scholtes - L’employé du Moi - 17 x 24 cm - 128 pages couleurs - couverture souple avec rabats - parution le 16 avril 2021 - 16 €.
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