Ce début de guerre est le théâtre de diverses stratégies. Chacun essaie d’anticiper les actions du camp adverse pour le piéger. La connaissance du territoire est cruciale mais ne suffit pas. Par exemple, une coutume est détournée par Tokiyuki et son groupe pour attaquer l’ennemi.
D’ailleurs, cette bataille marque la revanche de Shōkan sur Tokiyuki. Les deux combattants ont évolué notamment Shōkan qui a trouvé la paix intérieure grâce au héros depuis leur rencontre. Même si le combat est assez rapide, les dernières cases concluent parfaitement leur duel mettant l’accent sur l’humanité regagnée de Shōkan.
Cette fois, les jeunes insaisissables jouent un rôle d’assistant. Leur chef Tokiyuki, Yorishige et son fils sont sur le devant de la scène. Ce développement contribue à la découverte du mentor du protagoniste sous un autre angle et de son fils. Il est tout de même dommage de voir les compagnons du héros autant en retrait dans cette première campagne militaire.
En dépit de cette situation pesante, l’humour est toujours présent. Il permet à l’histoire de ne pas tomber dans un récit purement sérieux, faisant sourire et relâcher la pression. Évidemment la situation est loin d’être simple (les têtes coupées en témoignent) mais le comique apporte de la légèreté sans être lourd, et n’enlève rien aux propos. Le mangaka parvient à maintenir un équilibre.
Et pour suivre le déroulement des évènements, l’auteur a intégré des schémas pour montrer les emplacements des différentes armées accompagnés par des commentaires. Le lecteur n’est donc pas perdu.
Les dessins de Yusei Matsui toujours aussi travaillés, sont particulièrement impactants dans les scènes de combats, notamment dans les planches où de nombreux guerriers sont représentés en armure et parfois à cheval. Le découpage et les lignes de vitesse (parfois trop encombrantes) sont aussi très efficaces pour rendre les affrontements dynamiques et plaisants.
Face à Sadamune et ses hommes, Yorishige fait preuve d’une technique remarquable. Son art martial est loin de renforcer sa force mais accentue son pouvoir de persuasion (la place de la foi et de la religion dans la guerre). Ses gestes gracieux, sa prestance et ses paroles sublimés par les dessins en font une vrai présence divine digne du dieu de la guerre qu’il incarne.
Cette première campagne propose plusieurs retournements de situation amusants et surprenants. Très riche en action (parfois trop rapide), ce volume met sur le devant de la scène de nombreux éléments des guerres de l’époque comme les équipements militaires et les pratiques rappelant qu’il s’agit d’une bataille entre samouraïs.
(par Malgorzata Natanek)
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